Thomas Diouf, envoyé Cevaa au Maroc — Communauté d'Églises en mission

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Cevaa - Communauté d'églises en mission

Thomas Diouf, envoyé Cevaa au Maroc

Le pasteur Thomas Diouf est membre de l’ELS - Église Luthérienne du Sénégal. Il a également été Président, de 2014 à 2018 de cette Eglise dans un contexte religieux à 90% musulman, où l’Église souhaite apporter un témoignage fort de l’Évangile de Jésus-Christ. Il compte désormais parmi les envoyés Cevaa. C’est au sein de l’EEAM, l’Eglise Evangélique au Maroc qu’il a pris ses fonctions. Il a répondu à quelques-unes de nos questions, sur cette nouvelle aventure qui l’attend.

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Mon nom est Mamadou DIOUF baptisé Thomas. Ce surnom est devenu très vite mon sobriquet le plus connu car je doutais beaucoup de quitter l’Islam pour le Christianisme. Je suis l’un des quatre premiers baptisés de la Paroisse de Fatick, actuel siège de l’Eglise Luthérienne du Sénégal (ELS). Le Conseil de l’ELS m’a choisi en septembre 1986 pour m’envoyer à l’Institut de Théologie de Meïganga au Cameroun. Après ce cursus académique, l’ELS m’ordonna Pasteur le 1er décembre 1991. Je suis marié à Mame Coumba FAYE depuis le 13 février 1993. Le Seigneur nous a bénis avec une fille et quatre garçons dont deux parmi eux sont encore mineurs. Du poste de vigile du siège de l’ELS à Fatick en 1982, je gravis lentement les échelons et fus élu Président de cette association religieuse de mars 2014 à mai 2018.

Comment avez-vous connu la Cevaa ?
De 1994 à 1997, je suis parti avec une bourse de la Fédération Luthérienne Mondiale à la Faculté de Théologie Protestante de Yaoundé pour le cycle de licence et de Maîtrise en Théologie. C’est là que  j’ai rencontré des étudiants du Bénin, du Togo et du Gabon qui bénéficiaient des bourses CEVAA. C’est là que j’ai connu la CEVAA en étant Président des Etudiants de la Faculté. Parmi ces étudiants, j’ai eu l’honneur de rencontrer le Dr Kiki Célestin, actuel Secrétaire Général de la CEVAA. Dans son rôle de Président des étudiants, il me reçut gentiment comme novice à leurs activités.

 

 

 

Présentation de la famille du Pasteur DIOUF : Tout en haut et dans le sens des aiguilles d’une montre, Mme Mame Coumba Faye, Phoëbé Diouf, Théophile Diouf, Théodore Diouf, Théophane Diouf et Pierre Bachir Diouf - crédit : DR

 

Pour quelle(s) raison(s) avez-vous eu envie de rejoindre l’EEAM ?
Je fus discerné par le Conseil d’administration de l’Institut œcuménique de Théologie Al-Mowafaqa de Rabat depuis 2014. A partir de cette date jusqu’à nos jours, je siège toujours au Conseil d’administration (CA) dudit institut. Nous avons toujours partagé avec des Pasteurs responsables de l’EEAM des sujets relatifs à l’administration de nos deux Eglises Sœurs que sont l’EEAM et l’ELS. Quand j’ai terminé mon mandat de Président de l’ELS, je cherchais une Eglise en dehors du Sénégal pour faire une année sabbatique. Je suis alors tombé sur l’annonce de recherche d’un Pasteur de la Paroisse de Casablanca que je connaissais déjà. Cela a attiré mon attention et de fil à aiguille, je fus auditionné avec succès. Il y avait beaucoup de bonnes raisons pour rejoindre l’EEAM mais disons tout simplement que je sentais l’appel de Dieu en lisant cet article sur les sites DEFAP/CEVAA. J’aime le Maroc et j’aime l’EEAM, comme ouvrier inutile, je pouvais rêver d’être béni de collaborer avec les pasteurs de l’EEAM.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours …et vos attentes ?
J’ai atterri à l’EEAM depuis deux ans avec le soutien spirituel et financier du DEFAP (Service Protestant de Mission). L’Expérience est en train d’être renouvelée par la CEVAA qui m’a fait la grâce de m’envoyer sur un terrain déjà connu. Les rapports d’évaluations avaient fini de montrer que je pouvais continuer à partager et collaborer avec les éminents pasteurs de l’EEAM que je respecte beaucoup. J’ose dire que le Dieu qui nous appelés est fidèle. Collaborer avec amour dans son Eglise donne souvent un goût inachevé. Nous voulons toujours, avec nos collègues de Casablanca, continuer cette mission si importante pour la gloire de notre Dieu.
L’EEAM est une sorte de carrefour de toutes les Eglises Protestantes et a un système Presbytéro-Synodal. Elle a besoin d’une synergie de tous ses bergers appelés pour devenir une Eglise Missionnaire de « partout vers partout ». Nous attendons de l’EEAM qu’elle continue à être une église en devenir de plus en plus forte dans la proclamation de l’Evangile de Jésus Christ et sur tous les piliers qui fondent l’Eglise du Seigneur comme l’Enseignement, la diaconie et la communauté fraternelle.

Les Eglises au Maroc et au Sénégal partagent certains points communs, comme leurs positions minoritaires vis-à-vis de la pratique de l’Islam. Pourriez-vous nous en dire plus sur les contextes de ces deux Eglises ?
Les Eglises au Maroc et au Sénégal partagent certains points communs, comme leurs positions minoritaires vis-à-vis de l’Islam. C’est là une assertion vraie car le Sénégal est à 90% Musulman avec  seulement 5% de Chrétiens toutes dénominations confondues. Le Maroc est un pays Islamique du Magreb. Tout Citoyen Marocain adopte la religion d’Etat qui est l’Islam. L'islam s'est d'abord propagé en Afrique du Nord dans le cadre des conquêtes arabes. Depuis cette base, il s'est par la suite lentement diffusé vers le sud  du Sahara à partir du xe siècle, à la fois grâce aux conquêtes militaires et aux échanges commerciaux. 

 

Ce dernier pays, connu surtout pour son islam confrérique soufi, est depuis quelques décennies traversé par un renouveau religieux, avec une affirmation de plus en plus nette de mouvements d’obédience salafiste, voire wahhabite.

 

L’une des plus grandes Tariqa  ou confessions islamiques est la Tidjaniya  qui est partie du Maroc avec les Berbères pour atteindre le Sénégal. Prenons l’exemple du « rôle de la confrérie Tidjaniya dans la politique étrangère marocaine en direction de l’Afrique subsaharienne, et plus particulièrement du Sénégal. Ce dernier pays, connu surtout pour son islam confrérique soufi, est depuis quelques décennies traversé par un renouveau religieux, avec une affirmation de plus en plus nette de mouvements d’obédience salafiste, voire wahhabite.

Après un rappel de l’influence du facteur islamique dans les rapports arabo-africains en général, il importe de souligner la manière dont la Tidjaniya s’est imposée comme un acteur incontournable des rapports sénégalo-marocains, avec ses réseaux et relais locaux qui véhiculent un discours religieux se prêtant à diverses interprétations. Les rapports sénégalo-marocains contemporains nous permettront de saisir comment cette confrérie soufie s’impose en régulatrice d’une coopération bilatérale. » L’Islam Sénégalais et l’Islam Marocain sont très tolérants, ils permettent une cohabitation pacifique entre les différentes religions.

Comment ont réagi vos proches à l’annonce du départ ? Pensez-vous que c’est une chance pour les enfants ?
C’est là une bonne question. A l’annonce de mon départ, certains de mes proches n’étaient pas du tout contents. On peut facilement imaginer le vide qu’un pasteur qui a servi l’Eglise du Seigneur peut laisser. Mais nous rendons grâces à Dieu qui nous garde dans son service et son amour. En ce qui concerne les enfants, ce fut un grand challenge car la langue de base à l’école sénégalaise est le Français tandis qu’au Maroc c’est l’arabe. Les grands enfants sont obligés de rester au Sénégal à cause de l’écolage au Maroc qui semble être hors de notre portée financière.  Le petit Pierre qui me rejoindra avec sa mère à la fin de l’année scolaire sera un « grand commençant en Arabe » obligatoirement au Maroc. Cela demande beaucoup de sacrifices.

Et pour conclure, y a-t-il un verset biblique qui vous accompagne particulièrement en ce moment ?
Oui en ce moment ce verset de l’Evangile selon Matthieu 19 : 29 me parle beaucoup après deux ans de séparation avec ma famille : « Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle ».

 

Grand merci à l’ELS, l’EEAM et à la CEVAA sans vous oublier, vous qui mettez en valeur la mission de l’Envoyé-Cevaa au Maroc. Que Dieu nous bénisse tous à son service. Amen.

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