Séminaire Jeunesse à Kigali : ensemble contre l’intolérance religieuse — Communauté d'Églises en mission

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Séminaire Jeunesse à Kigali : ensemble contre l’intolérance religieuse

Les participants lors du séminaire Jeunesse - Kigali 2022

Le Séminaire Jeunesse de la région Afrique Centrale s’est tenu à Kigali au Rwanda du 3 au 9 juillet 2022. Une vingtaine de jeunes, issus des Eglises membres de la région Afrique Centrale de la Cevaa, ont pris part à ce séminaire. Ils représentaient l’EPCRC (Eglise Protestante Christ-Roi de Centrafrique), l’EELC (Eglise Evangélique Luthérienne du Cameroun), l’UEBC (Union des Eglises Baptistes du Cameroun), l’EECo (Eglise Evangélique du Congo), l’EEG (Eglise Evangélique du Gabon), et l’Eglise d’accueil, l’EPRw (Eglise Presbytérienne au Rwanda). Ils se sont retrouvés autour du thème : « La Jeunesse et l’intolérance religieuse », d’après le texte de l’Evangile selon Matthieu 5, 9.
Le pasteur Omer Gb. DAGAN, Secrétaire Exécutif du Pôle Animations et Jeunesse, revient sur les moments forts du séminaire.

Jeunesse et intolérance religieuse : un thème d’actualité
L’intolérance religieuse est le refus pour une personne ou un groupe de personnes d'admettre l'existence d'idées, de croyances ou d'opinions différentes des siennes. Elle se manifeste par des tentatives pour imposer à d'autres des convictions religieuses particulières et, notamment, par un prosélytisme débordant.
Dans nos sociétés actuelles, la religion constitue une des principales sources de conflit sociétal, voire mondial. Elle fait souvent l’objet de divergence, de discorde, de discrimination, d’intolérance entre les hommes, quoiqu’elle doive, en principe, être un facteur d’union et d’amour réciproque.
Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont persécutées au nom de la foi, au nom de Dieu, au nom de la religion. Les différences théologiques, doctrinales et ecclésiologiques, ne sont pas toujours vécues dans un esprit de tolérance, mais avec des tensions récurrentes qui mettent aux prises la jeunesse. L’intolérance religieuse est donc au cœur des religions. Elle alimente de nombreux conflits contemporains. Elle ne s’observe pas seulement entre chrétiens et musulmans, mais entre les chrétiens eux-mêmes. La montée de l’intolérance, de la haine et des violences multiformes dans la société, interroge les Eglises.

Les objectifs du Séminaire étaient nombreux. Ils consistaient à former les jeunes à diverses thématiques relevant de la cohabitation pacifique entre les divers courants religieux ; à les encourager à reprendre à leur compte les causes de la paix, de la diversité religieuse et du respect mutuel, pour qu’ils contribuent à la lutte contre l’extrémisme et la violence, au lieu de les alimenter. Ce Séminaire a également permis aux participants de partager la vision de la Cevaa, déclinée dans sa Stratégie Jeunesse. En favorisant la rencontre, le partage de connaissances et d’expériences entre les responsables et animateurs Jeunesse, la Communauté se renforce. Enfin, un des objectifs de ce type de séminaire est sans conteste le renforcement des liens régionaux entre les jeunes, ici pour la région Afrique Centrale de la Cevaa. La Stratégie Jeunesse de la Cevaa a également pu être évaluée

Un programme ambitieux
Les participants ont pris part au culte d’ouverture, à la Paroisse Isano. Ce culte était présidé par la Vice-Présidente de l’Eglise Presbytérienne au Rwanda, la Pasteure Julie KANDEMA. La prédication a été faite par le Pasteur Omer Gb. DAGAN, Secrétaire Exécutif de la Cevaa.

 

Culte du dimanche 03 juillet 2022 au Temple Isano à Kigali – Crédit : DR

 

La pasteure Julie Kandema de l’EPRw, lors de la cérémonie d’ouverture – Crédit : DR

 

Démarrage et ouverture du Séminaire
Après l’introduction générale du thème du Séminaire, différents exposés ont été présentés : Connaissance et présentation de la Cevaa : Histoire, mission et défis (par Omer DAGAN) ; Religion, paix et non-violence (par Nora NOVIEKOU-AMEDZENU, formatrice venant de l’Eglise Evangélique Presbytérienne du Togo et coordonnatrice du projet WANEP/Togo) ; Nouvelle Stratégie Jeunesse de la Cevaa et Actions Jeunesse (par Omer DAGAN et Roger LASMOTHEY, formateur venant de l’Eglise Protestante du Sénégal, ancien Chargé de mission Jeunesse de la Cevaa) ; Réseaux sociaux, radicalisme et extrémisme violent (par Roger LASMOTHEY) ; Gérer pacifiquement nos différences théologiques et doctrinales (par Omer DAGAN), Evangélisation dans le respect de l’autre (par Olivier MUSYANANGA, professeur d’Histoire des religions à la Faculté de Théologie PIASS / EPRw).

Aperçu des présentations
L’intolérance religieuse
se manifeste au sein de nos Eglises en Afrique à plusieurs niveaux, sur les questions de pratique ecclésiale et de gouvernance. Aujourd’hui, l’usage et l’application des dons spirituels sont des sujets préoccupants qui divisent les chrétiens. Certains placent cette question au centre de leur vie d’Eglise, et en font une pierre de touche de l’orthodoxie.
Les façons de prier : Lors des rencontres et échanges de prières, les chrétiens s’affrontent sur les méthodes. Certains prônent qu’il faut passer le plus clair du temps à prier. On s’accuse mutuellement de n’être pas assez spirituel, puisque l’on semble négliger la prière. Beaucoup pensent que les émotions générées par la prière ne favorisent pas une pensée bien construite.

La gouvernance dans l’Eglise : Comment réagir face aux décisions des conseils paroissiaux ? Il n'est pas facile d'accepter les décisions de nos conseils d’Eglise. Parfois, nous réagissons de façon négative, avec violence, ou bien nous avons envie de bouder dans notre coin ou encore de changer d'Eglise !

Les réseaux sociaux sont très importants dans l’évangélisation, mais constituent un terrain dangereux, utilisé pour recruter et convertir les jeunes au radicalisme ou à des fins terroristes. Il convient donc, pour l’Eglise, de se donner les moyens de prévenir cette dérive qui menace la paix, en mettant en œuvre les dispositifs appropriés. Il faut informer, former, sensibiliser, tenir un langage de paix, avoir l’esprit critique, et surtout d’éviter de partager et de relayer des informations fausses ou non vérifiées.

L'évangélisation implique le respect de l’autre ; c’est le point de départ pour briser les barrières et coopérer. Pendant longtemps, notre compréhension de l’évangélisation a été d’aller convertir l’autre. Notre évangélisation doit être une proposition de vie, de transformation de l’Homme, et non une imposition. Avant de chercher à changer les autres, nous devons d'abord témoigner de la transformation intérieure qui a eu lieu en nous par la foi. L’évangélisation est vécue pour poser de petits gestes concrets, qui donnent l'espérance et provoquent des changements incroyables dans la société. Notre témoignage doit s'appuyer sur quatre valeurs éthiques : l'intégrité ou honnêteté ; le travail ; la maîtrise de soi ; le développement de l'esprit de survie.

 

Communication de Roger Lasmothey – Crédit : DR

 

Travaux en groupes et ateliers
Les participants ont travaillé en groupes ou ateliers sur l’étude de cas d’intolérance dans la Bible et dans l’Eglise. De la restitution des travaux de groupes, il se dégage un constat général :  l'intolérance religieuse se vit autant entre adeptes d’une même religion qu’entre adeptes de religions différentes. La religion est un outil au service de la paix sociale et de la réconciliation. Dans leur ensemble, toutes les religions prônent la paix, mais elles font souvent face à des conflits inter-religieux et intra-religieux. Certaines religions subissent des restrictions et des persécutions selon les pays et les contextes.
La non-violence vient renforcer la paix ; c'est donc un outil au service de la paix et un canal par lequel nous passons pour entretenir la paix. Nous devons nous appuyer sur les versets de Malachie 2, 10 ; Hébreux 12, 14 ; Marc 12, 30-31. Ces versets peuvent nous aider à faire passer des messages de paix dans la gestion des conflits inter- et intra-religieux, à rechercher davantage le dialogue, car la coexistence entre les religions est la clef du dialogue, et la non-violence en est le pont.
 

Pour lutter contre l’intolérance chez les jeunes, il nous faut :
•  Pratiquer l’écoute active, qui implique une attitude empathique et suppose, par exemple, la reformulation des propos.
•  Cultiver une bonne attitude de cœur :  la douceur (Gal 6, 1), l’humilité (Jacques 4, 10), le pardon (Ephésiens 4, 31-32) et la patience (Jacques 1, 19-20).

Le défi majeur est de veiller à ce que la certitude du salut par la foi ne développe pas des attitudes d’intolérance envers ceux qui pensent autrement. Il faut accepter la diversité et prôner le respect de l’autre.

 

Une session de travail en groupe – Crédit : DR

 

Rencontre ministérielle
Après quelques déplacements sur le terrain, notamment la visite au Mémorial du génocide, le Séminaire a trouvé sa conclusion par la visite des participants au Ministère de l’Administration Locale du Gouvernement Rwandais.
Le Ministre de l’Administration Locale, Monsieur Jean-Marie GATABAZI, a reçu avec joie la jeunesse de la région Afrique Centrale de la Cevaa. Ce fut l’occasion d’échanger avec les jeunes sur les transformations opérées ces dernières années au Rwanda, sur le processus de réconciliation, la paix, la vision du gouvernement et les questions de développement.
Les jeunes occupent une place de choix dans la vision du Chef de l’Etat. Ils ne doivent pas attendre demain pour s’engager, mais le faire dès aujourd’hui. Pour conclure, le Ministre a remercié la Cevaa, ses autorités et l’Eglise Presbytérienne au Rwanda pour l’organisation de ce Séminaire. Il a exprimé le souhait de revoir les jeunes dans son pays très prochainement.

 

Le Ministre avec les participants au Séminaire – Crédit : DR

 

Conclusion
Nous manifestons notre grande joie pour l'accueil, l'hospitalité et la bonne organisation dont a fait montre l’Eglise Presbytérienne au Rwanda. Les jeunes ont réaffirmé leur engagement à travailler pour la paix, le vivre-ensemble, le dialogue interreligieux, le partage d’expériences interculturelles, et pour une meilleure communication de la Cevaa à travers la nouvelle Stratégie Jeunesse.

Pour moi, c’est un séminaire réussi ; la qualité de l’accueil des autorités de l’Eglise est un point très positif ; l’ambiance a été réellement fraternelle. Les jeunes ont eu le temps d’apprendre à connaitre la Cevaa et à se connaître eux-mêmes, de mieux comprendre les défis de la société : sauvegarde de la paix, non-violence, bonne gouvernance, interculturalité, bon usage des réseaux sociaux… Merci à la Cevaa qui a permis un tel séminaire !

 

Soli Deo Gloria !

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