Rencontre avec…
Cynthia Agba
Quelles actions menez-vous sur le terrain ?
La population ivoirienne a tout d’abord besoin d’être informée sur son environnement et les déchets qu’elle produit quotidiennement. Dans cette optique nous faisons du « porte à porte » pour sensibiliser le public et lui faire prendre conscience des dangers liés à la mauvaise gestion des déchets. Nous organisons aussi concrètement, avec des femmes productrices d’attiéké, la récupération de leurs déchets de manioc pour les valoriser et assainir leur environnement.
Nous faisons enfin des formations auprès des coopératives. Nous les conseillons sur leur gestion, sur leur rapport à l’environnement, sur le recyclage de leurs déchets… Notre objectif : les rendre autonomes et par-dessus tout protéger l’environnement et la santé que Dieu nous a donnés.
Selon vous, quels sont les principaux freins aux changements des comportements ?
Ils sont légion. Nous nous trouvons confrontés à des connaissances lacunaires de la population sur le sujet environnemental. Lacunes dues au manque d’information ou à une mauvaise communication. Même si la préoccupation écologique est aujourd’hui plus forte, la connaissance des enjeux, de leurs causes et des solutions possibles est encore très parcellaire parmi le grand public. Il y a également des obstacles culturels, des messages paradoxaux. Les représentations sociales, idées, pensées, croyances, concepts, images sont en effet fondamentaux dans le passage à l’acte. Ces pensées et croyances rigidifient la position des hommes et les bloquent dans leur évolution. Un problème d’éducation environnementale empêche aussi de prendre soin de l’environnement et des lieux publics.
L’absence de répression ou même de sanctions face à un mauvais acte contre l’environnement joue également défavorablement. Les encouragements des bons comportements devraient être accompagnées de sanctions pour ceux qui enfreignent les règles. Ajoutons également le problème économique et politique et vous avez un panorama des principaux freins.
Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours personnel ? Et votre engagement actuel ?
Je suis enseignante chercheure à l’université Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo (UPGC), spécialiste en communication pour le développement option environnement. Dans le cadre de mes missions de consultance et de recherches, nous avons travaillé avec plusieurs institutions, notamment la mairie de Songon, en banlieue d’Abidjan, l’Agence nationale de l’environnement (l’ANDE), l’Agence nationale de la gestion des déchets (ANAGED), la chefferie du village d’Akouedo, au sujet de l’ancienne décharge, et le BNETD (Bureau national des études et du développement). Ensemble, nous avons travaillé aux questions liées à la valorisation des déchets de la commune de Songon. L’idée était de faire émerger et mener à bien des idées de projets verts traitant de leur gestion, du traitement jusqu’au sujet de la création d’emplois verts.
Comme membre du département de l’environnement de l’Église Méthodiste Unie Côte d’Ivoire (EMUCI), mon engagement actuel est aussi d’informer, éduquer et communiquer avec la population. Nous visons une évolution des comportements et une contribution à la lutte contre le changement climatique et la pollution. Ces objectifs ont mené à la création de l’ONG Recyclons nos déchets (RND) que je dirige depuis 2022.
Pour conclure : si nous devions vous souhaitez quelque chose, ce serait… ?
D’obtenir des partenariats avec des institutions et structures travaillant à la protection de l’environnement et du développement durable. Cela nous permettrait d’être de plus en plus efficaces auprès de la population : éducation, information, formation pour prendre soin de l’environnement et vivre heureux. Tout appui technique, matériel, financier, et même spirituel sera bienvenu pour réussir la mission à laquelle nous avons été appelés.