Nouvelle-Calédonie : comment en est-on arrivé là ? — Communauté d'Églises en mission

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Nouvelle-Calédonie : comment en est-on arrivé là ?

Gilles Vidal, maître de conférences à l’Institut protestant de théologie à Montpellier, envoyé de la Cevaa en Nouvelle-Calédonie comme enseignant de 1988 à 1990 et de 2003 à 2007, revient sur les événements qui conduisent au blocage auquel nous assistons.

Voilà plusieurs jours que la Nouvelle-Calédonie revient à la une de l’actualité nationale, et une fois de plus, l’archipel est associé à la violence, aux barrages, aux morts injustes et à l’envoi de forces supplémentaires depuis la métropole pour rétablir l’ordre républicain. Pourtant, à regarder ce qui s’est passé depuis le dernier référendum de 2021, bien peu des trois principes républicains de liberté, d’égalité et de fraternité ont été mis en œuvre. Comment en est-on arrivé là ?

En juin 1988, retenons l’image d’une main tendue entre Jacques Lafleur, représentant le camp politique loyaliste, c’est-à-dire pour le maintien du territoire au sein de la République française et Jean-Marie Tjibaou, leader charismatique du camp indépendantiste sous les auspices et l’arbitrage d’un État qui, à l’époque, eut l’intelligence de viser la neutralité, après avoir dépêché sur place une « mission du dialogue ». Fin de plusieurs années d’affrontements meurtriers depuis 1984 pudiquement appelés « les événements », jusqu’à la prise d’otages et l’assaut tragique de la grotte d’Ouvéa en avril-mai 1988. Un an plus tard, le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et son bras droit Yeiwéné Yeiwéné ont payé de leur vie leur engagement pour la paix, mal compris par une minorité, on le sait. On sait moins que les Églises chrétiennes ont patiemment et avec pudeur, joué un rôle non négligeable dans la réconciliation, par d’émouvantes coutumes de pardon, des familles meurtries par ces drames.

Cette période fut celle d’un rééquilibrage salutaire : formation de 400 cadres kanaks sur dix ans, dès après le bac, accueillis au tout début en métropole par le Defap, dans une mission confiée par l’État, redécoupage des régions, développement économique au plus près des populations de « la brousse » et des « îles », sans oublier une redistribution progressive des terres à leurs premiers occupants et des profits du nickel. On se donnait vingt ans pour « construire le pays » (ce sera trente ultérieurement), consensus scellé dans l’Accord de Nouméa en 1998, un texte au préambule magnifique, reconnaissant le passé comme le temps de la colonisation, le présent comme le temps du partage et, par le rééquilibrage, culminant dans la formule quasi magique de « destin commun » : « L’avenir doit être le temps de l’identité dans un destin commun. »

On pensait en peuple calédonien, en citoyens d’un pays multiethnique. En dehors du régalien, l’autonomie dans l’éducation ou la santé par exemple était réelle et les majorités de l’assemblée territoriale et de l’exécutif ont connu une certaine alternance. Cependant, les camps traditionnellement opposés se morcellent chacun séparément en une multitude de partis, des figures historiques comme Rock Pidjot, Jacques Lafleur, Nidoïsh Naisseline disparaissent, dans un paysage politique de plus en plus difficilement lisible.

Les jeunes Kanaks revenant de métropole, souvent diplômés, trouvent peu d’emplois, les inégalités sociales se creusent, le taux des accidents de la route mortels liés à l’alcool ou le cannabis frise le record mondial, contrairement au cours du nickel dont l’exploitation coûte trop cher du fait du prix de l’énergie. Bref, le souffle des débuts n’y est plus, le grand récit du destin commun s’affadit tandis que certains élus des deux bords sont loin d’être exemplaires, aussi bien sur la route que dans leurs propos publics. La province Nord – qui s’est développée de manière spectaculaire, accueillant même une antenne de l’université et un centre pénitentiaire, ainsi que les îles Loyauté, moins favorisées économiquement, mais aussi le congrès et le gouvernement restent, à la faveur d’alliances avec de petits partis représentant surtout des Wallisiens et Futuniens, dirigées par les indépendantistes, tandis que la province Sud et la capitale Nouméa restent les plus riches, les plus peuplées, les plus blanches et dirigées par les loyalistes.

Déséquilibre flagrant, là où l’Accord cherchait à rééquilibrer, notamment grâce à une clause de restriction du corps électoral, négociée entre les partis locaux et avec l’État via une modification constitutionnelle.

Toucher à la composition du corps électoral consiste à remettre à vif des plaies que l’on avait commencé à cicatriser. C’est revenir à l’invisibilisation, à l’humiliation coloniale, à « silencer » un peuple entier pour employer ce bel anglicisme. Or, c’est la voie qui a été choisie par le Gouvernement en appuyant devant le parlement la demande de remise en cause de la composition du corps électoral faite par les loyalistes calédoniens (et encore, peut-être pas de tous), confirmant une trajectoire dangereuse faisant sortir l’État de son rôle d’arbitre, à l’écoute de toutes les parties, seule attitude possible et crédible au regard de l’histoire.

Cette sortie de route a été amorcée au lendemain du 2e référendum d’autodétermination de 2020 où 53,26 % de la population calédonienne se prononçaient contre l’indépendance, mais 46,74 % en sa faveur. Le camp indépendantiste, mais aussi des membres de la société civile et l’Église protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC) demandaient au président Macron un report du 3e et dernier référendum prévu par l’Accord de Nouméa après la présidentielle de 2022 afin d’atténuer l’effet couperet du scrutin et de ne pas le laisser se faire contaminer les enjeux nationaux. Au lieu de cela, sa date a été fixée le 12 décembre 2021 alors que le territoire faisait face au covid, avec de sérieux problèmes de transports et de nombreuses cérémonies de deuil mobilisant des Kanaks se trouvant difficilement en condition de pouvoir voter. Comment s’étonner par conséquent du boycott de ce scrutin par les partis indépendantistes qui, à ce moment-là, appelaient au dialogue, comme le fait en vain le Gouvernement aujourd’hui ?

La suite n’est qu’une série de fautes politiques dont on se demande si elles relèvent de l’incompétence ou de l’inconscience :

  • un référendum rejetant l’indépendance à 96,5 %, mais avec 56,1 % d’abstentions reconnues comme pleinement valides, et triomphalement célébré en 2023 par le président de la République à Nouméa devant « ses » seuls électeurs ; les indépendantistes ayant refusé de le rencontrer ;
  • la nomination en 2022 comme secrétaire d’État à la Citoyenneté de l’une des chefs de file loyaliste, Sonia Backès, dont les propos publics comme : « Moi, je n’ai colonisé personne », claquent comme une insulte à la mémoire de ceux qui ont lutté pour la paix depuis quarante ans et qui font honte y compris pour des personnes de son propre camp ;
  • la désignation en 2024 de Nicolas Metzdorf, député de la Nouvelle-Calédonie, loyaliste encore, comme rapporteur du projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral qui vient d’être adopté…

Bref, une succession de passages en force incompréhensibles et une partialité indéniable qui ridiculisent d’autant plus les plus récents « appels au dialogue » de l’exécutif national. Aujourd’hui, la réalité est brutale, elle se traduit en émeutes, en victimes innocentes, faute d’accès immédiats aux soins, en pénurie alimentaire, en climat d’angoisse que tout le monde croyait révolu. Tout cela parce qu’un gouvernement est resté sourd aux alertes provenant de tous horizons et a fait sortir l’État républicain de son rôle d’arbitre et de protecteur de l’ensemble de la Nation.

Certes, il ne faut pas être naïf sur les enjeux géopolitiques et économiques que constitue la présence française en Nouvelle-Calédonie, mais croire que les partis politiques, la société civile et même les Églises sur place y sont indifférents est encore, au mieux, une bévue, et au pire, un reste de condescendance coloniale. Considérons seulement le terrain religieux : la dernière assemblée des Églises du Pacifique, accueillie à Nouméa en novembre 2003 a clairement montré l’insertion de l’Église de Nouvelle-Calédonie (EPKNC), à majorité kanake, dans le grand ensemble des peuples océaniens appelant à décoloniser, démilitariser et décarboner leur espace de vie pour espérer en jouir encore un peu selon les canons de la culture et de la spiritualité qui leur sont propres. Le motif théologique mis en valeur par l’EPKNC lors de l’assemblée de la PCC à Nouméa en novembre 2023, le « Do kämo », homme reconnu devant Dieu et devant les hommes comme véritable ou authentique, parce qu’il est être de chair, fait de relations humaines et de relation à Dieu, était un moyen d’expression de l’Église pour dire la dignité d’un peuple qui n’exclut pas les autres, au contraire.

En Nouvelle-Calédonie aujourd’hui toute la population souffre. Parmi elle, de nombreux frères et sœurs protestants. La mission protestante, dans les années 1950, a soutenu l’engagement des Kanaks dans la vie politique par la création, avec la mission catholique, du parti autonomiste Union calédonienne. Puis l’Église évangélique issue de la mission, a pris position en 1979 en faveur de l’indépendance lors de son synode annuel. Elle a changé de nom, mais pas de ligne : une indépendance non violente, dans le respect de toutes les communautés ethniques, de toutes les sensibilités politiques. Elle s’est engagée à sa manière dans les années 2000 à travers le programme « Faire chemin ensemble » pour s’approprier spirituellement ce mot d’ordre de « destin commun ». Elle est, avec l’Église catholique et d’autres forces civiles comme le Conseil des sages ou le Sénat coutumier, une des composantes qui doit être prise en compte pour renouer un fil de discussion qui s’est rompu par aveuglement et surdité. Il n’est peut-être pas encore trop tard pour une médiation, une mission de dialogue réellement neutre et représentative de la société civile. Attention toutefois à ne pas donner à nouveau l’impression de schémas paternalistes ou colonialistes laissant induire que l’avenir se décide à 20 000 km des réalités du terrain. Il existe des ressources locales, des sages reconnus, et sans doute les réseaux internationaux, le Conseil œcuménique des Églises et son émanation régionale, la Conférence des Églises du Pacifique (PCC) ou la Cevaa pourraient se révéler être ici des intermédiaires précieux pour une paix durable.

Aujourd’hui, seul un État revenu à la neutralité, à l’écoute dans le dialogue, peut garantir de nouvelles orientations, de nouvelles échéances politiques, mais pas seulement. Seul un tel État peut, par sa puissance publique, entreprendre une politique efficace de réduction des inégalités sociales et d’élaboration de garanties économiques pour l’avenir du pays, indépendant ou non, sur le temps long, océanien, et non le temps électoral. L’occasion de retrouver son honneur national et le respect de toutes les composantes de la population calédonienne, mais aussi à l’international. En attendant ce tournant crucial, les Églises protestantes et catholiques se tiennent côte à côte dans un œcuménisme de crise et d’espoir : elles sont à l’écoute des dirigeants locaux, prient, veillent, consolent les familles de toutes les victimes, y compris celles des gendarmes tués sur le terrain. Elles restent le signe de l’espérance chrétienne, malgré tout, et comptent sur la prière et la solidarité de leurs frères et sœurs en métropole et dans les outre-mer.

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New Caledonia: how did it come to this?

Gilles Vidal, lecturer at the Protestant Institute of Theology in Montpellier, who was sent by Cevaa to New Caledonia as a teacher from 1988 to 1990 and from 2003 to 2007, looks back at the events that led to the stalemate we are now witnessing.

New Caledonia has been back in the headlines for several days now, and once again the archipelago is associated with violence, blockades, unjust deaths and the dispatch of additional forces from mainland France to re-establish republican order. And yet, if we look at what has happened since the last referendum in 2021, very few of the three republican principles of liberty, equality and fraternity have been put into practice. How did we get here?

In June 1988, Jacques Lafleur, representing the ‘loyalist’ political camp, i.e. those in favour of keeping the Territory within the French Republic, and Jean-Marie Tjibaou, the charismatic leader of the pro-independence camp, held out a hand under the auspices and with the arbitration of a State which, at the time, had the intelligence to aim for neutrality, after having dispatched a ‘mission of dialogue’ to the area. This marked the end of several years of deadly confrontations since 1984, modestly referred to as ‘the events’, until the tragic hostage-taking and assault on the Ouvéa cave in April-May 1988. One year later, on 4 May 1989, Jean-Marie Tjibaou and his right-hand man Yeiwene Yeiwene paid for their commitment to peace with their lives.  It is less well known that the Christian churches patiently and discreetly played a significant role in reconciling the families devastated by these tragedies, through moving customs of forgiveness.

This was a period of salutary rebalancing: training of 400 Kanak managers over 10 years, from the baccalaureate, initially hosted in mainland France by the DEFAP, in a mission entrusted by the State, redrawing of the regions, economic development as close as possible to the populations of the ‘bush’ and the ‘islands’, not forgetting a gradual redistribution of land to its original occupants and the profits from Nickel. We gave ourselves 20 years to ‘build the country’ (it would later be 30), a consensus sealed in the Nouméa Accord in 1998, a text with a magnificent preamble, recognising ‘the past’ as ‘the time of colonisation, the present as the time of sharing and, through rebalancing’, culminating in the almost magical formula of ‘common destiny’: ‘the future must be the time of identity in a common destiny’.

We were thinking in terms of the Caledonian people, as citizens of a multi-ethnic country. Apart from sovereignty, there was real autonomy in education and health, for example, and the majorities in the Territorial Assembly and the Executive alternated to some extent. However, the traditionally opposing camps are breaking up into a multitude of separate parties, and historic figures such as Rock Pidjot, Jacques Lafleur and Nidoïsh Naisseline are disappearing, leaving a political landscape that is increasingly difficult to read.

Young Kanak people returning from mainland France, many of them graduates, find few jobs, social inequalities are widening, the rate of fatal road accidents linked to alcohol or cannabis is close to a world record, while nickel prices are too high due to the high cost of energy. In short, the spirit of the early days is gone, the grand narrative of a shared destiny is fading, and some elected representatives on both sides of the political divide are far from exemplary, either on the road or in their public statements. The Northern Province - which has developed spectacularly, even hosting a branch of the university and a prison centre - and the Loyalty Islands, which are less favoured economically, but also the Congress and the government, remain, thanks to alliances with small parties representing mainly Wallisians and Futunians, led by the independentists, while the Southern Province and the capital Nouméa remain the richest, most populous, whitest and led by the loyalists.

A blatant imbalance, imbalance, where the Agreement sought to ‘rebalance’, in particular through a clause restricting the electoral body negotiated between the local parties and with the State via a constitutional amendment.

Tinkering with the composition of the electorate is tantamount to reopening wounds that had begun to heal. It is a return to invisibilisation, to colonial chapter humiliation, to ‘silencing’ an entire people, to use that fine Anglicism. This is the path that the government has chosen by supporting in parliament the request made by the New Caledonian loyalists (although perhaps not all of them) to call into question the composition of the electoral body, confirming a dangerous trajectory that would take the State out of its role as referee, listening to all the parties, the only possible and credible attitude in the light of history.

This decision was taken in the aftermath of the 2nd self-determination referendum in 2020, in which 53.26% of the Caledonian population voted against independence, but 46.74% in favour. The pro-independence camp, as well as members of civil society and the Kanaky Protestant Church of New Caledonia (EPKNC), asked President Macron to postpone the 3rd and final referendum scheduled under the Nouméa Accord until after the 2022 presidential election, in order to lessen the decisive effect of the vote and avoid it being contaminated by national issues. Instead, the date was set for 12 December 2021, at a time when the Territory was facing Covid, with serious transport problems and numerous mourning ceremonies involving Kanak people who were hardly in a position to vote. So why should we be surprised that the pro-independence parties boycotted the ballot when they were calling for dialogue, as the government is doing today, to no avail?

What followed was a series of political blunders that left us wondering whether they were the result of incompetence or recklessness:

- a referendum rejecting independence by 96.5% but with a 56.1% abstention rate recognised as fully valid, and triumphantly celebrated in 2023 by the President of the Republic in Nouméa before ‘his’ voters alone, the independentists having refused to meet him,

- the appointment in 2022 as Secretary of State for Citizenship of one of the Loyalist leaders, Sonia Backès, whose public comments such as ‘I have not colonised anyone’ are an insult to the memory of those who have fought for peace over the past 40 years and a disgrace even for those in her own camp,

- the appointment in 2024 of Nicolas Metzdorf, MP for New Caledonia, still a loyalist, as rapporteur for the constitutional bill modifying the electoral body which has just been adopted...

In short, a succession of incomprehensible power grabs and an undeniable bias that make the most recent ‘calls for dialogue’ from the national executive all the more ridiculous. Today's reality is brutal, taking the form of riots, innocent victims due to lack of immediate access to healthcare, food shortages and a climate of anxiety that everyone thought was over. All because a government turned a deaf ear to the warnings coming from all quarters and made the republican state abandon its role as arbiter and protector of the nation as a whole.

Of course, we mustn't be naïve about the geopolitical and economic stakes involved in the French presence in New Caledonia, but to believe that the political parties, civil society and even the local churches are indifferent is at best a blunder, at worst a remnant of colonial condescension. Let's just consider the religious field: the most recent assembly of the Pacific Churches, held in Nouméa in November 2003, clearly demonstrated the integration of the Church of New Caledonia (EPKNC), which has a Kanak majority, into the wider community of peoples Oceanians calling for the decolonisation, demilitarisation and decarbonisation of their living space in the hope of enjoying it a little longer according to the canons of their own culture and spirituality. The theological motif highlighted by the EPKNC at the PCC Assembly in Nouméa in November 2023, the ‘Do kämo’, man recognised before God and mankind as true or authentic, because he is a being of flesh made up of human relationships and a relationship with God, was a means of expression for the Church to express the dignity of a people that does not exclude others, on the contrary...

In New Caledonia today, the entire population is suffering. Among them are many Protestant brothers and sisters. In the 1950s, the Protestant mission supported the Kanak people's involvement in political life by creating, with the Catholic mission, the autonomist Union calédonienne party. The Evangelical Church, which grew out of the mission, took a position in favour of independence at its annual synod in 1979. It changed its name but not its line: non-violent independence, with respect for all ethnic communities and political sensitivities. It made its own commitment in the 2000s, through a programme called ‘Walking Together’, to spiritually embrace this slogan of ‘common destiny’. Along with the Catholic Church and other civil forces such as the Council of Elders and the Customary Senate, it is one of the components that must be taken into account to renew a thread of discussion that has been broken by blindness and deafness. Perhaps it is not yet too late for mediation, for a truly neutral ‘mission of dialogue’ representative of civil society.. However, we must be careful not to give the impression once again of paternalistic or colonialist schemes that suggest that the future is being decided 20,000 km away from the realities on the ground. There are local resources, recognised wise men and women, and without doubt international networks, the World Council of Churches and its regional emanation, the Pacific Conference of Churches (PCC) or Cevaa could prove to be valuable intermediaries here for a lasting peace.

Today, only a state that has returned to neutrality and listening through dialogue can guarantee new directions and new political deadlines, but not only that. Only such a State can, through its public power, undertake an effective policy of reducing social inequalities and developing economic guarantees for the future of the country, independent or not, over the long term, the time of the Oceania region, and not the electoral period. This is an opportunity to regain its national honour and the respect of all the components of the New Caledonian population, as well as internationally. While waiting for this crucial turning point, the Protestant and Catholic churches are standing side by side in an ecumenism of crisis and hope: they are listening to the local leaders, praying, watching over and consoling the families of all the victims, including those of the gendarmes killed on the ground. They remain a sign of Christian hope, despite everything, and count on the prayers and solidarity of their brothers and sisters in mainland France and overseas.

 

 

 

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