Lorène Spielewoy-Nehlig, déléguée "Jeunesse" de la Cevaa

Je m’appelle Lorène Spielewoy-Nehlig, j’ai 29 ans, et je fais partie de l’Union des Eglises Protestantes d’Alsace et de Lorraine. En 2013, je suis entrée à l’Université de Strasbourg pour étudier l’histoire de l’art. Après ma licence et des missions de quelques mois dans les musées de Strasbourg, j’ai eu besoin de prendre du recul. Je suis partie une année en Egypte en service civique avec le Défap et l’ACO (Action Chrétienne en Orient). J’y étais professeure de français, et également bénévole dans une maison chrétienne qui accueille des jeunes filles issues de la précarité.

À mon retour, j’ai fait une année en théologie afin d’obtenir un Diplôme Universitaire en Aumônerie. Actuellement, je suis de celles qui occupent ce qu’on appelle dans notre Eglise « un ministère particulier » intitulé dans mon cas « animatrice communautaire ». Je travaille au service de l’UEPAL aux EUL, une association de jeunesse protestante. J’organise au niveau local et régional de nombreux séjours et évènements pour les jeunes de 6 à 18 ans, et coordonne par ailleurs l’exposition interactive « Deviens un héros » de lutte contre le racisme et les discriminations. Elle est visible ici : https://pointkt.org/animations/deviens-un-heros/

Je suis également membre de la Dynamique Jeunesse de l’UEPAL, le Service Jeunesse de notre Eglise.

Lors d’une séance en plénière – Crédit : Cécile Richter

Tu as participé pour la première fois à une Assemblée Générale de la Cevaa. Quel est ton sentiment général sur ce temps de rencontre ?
Quelle expérience formidable ! C’était un défi, en tant que jeune maman, de laisser mon bébé de 10 mois pendant 8 jours, mais quelle richesse d’avoir pu rencontrer tous ces frères et toutes ces sœurs du monde entier. Je me suis rapidement sentie à l’aise avec les autres membres de la Communauté, que j’ai trouvé très ouverts et amicaux. Rapidement, un lien fraternel et sororal s’est créé et cela grâce aussi aux groupes de maison, cet espace de prière et d’échange autour d’un texte biblique que nous avions le matin.

Quel est le moment qui t’a le plus marquée ?
Mon moment préféré : le culte du premier jour, c’était grandiose. J’étais très impressionnée par l’ambiance, le nombre de fidèles présents, les chants, les danses. J’ai senti le lien entre toutes les communautés ; on était en Côte d’Ivoire tous et toutes ensemble et on a prié main dans la main ; j’ai trouvé ce moment très fort. J’ai aussi beaucoup aimé la soirée où nous étions entre femmes, même si j’aurais aimé que cette rencontre ait lieu plusieurs fois dans le séjour.

De gauche à droite : Jeanne NEBLE BABIN (EPUdF), Eyram WORDEKPOR (EPCG), Gueswendé BONKOUNGOU (EEAM), Gabriele BERTIN (CEVI) et Lorène SPIELEWOY-NEHLIG (UEPAL) - Crédit : Cécile Richter

En tant que déléguée "Jeunesse", as-tu le sentiment que votre voix a été écoutée ? 
J’ai eu le sentiment de pouvoir m’exprimer, et que ma parole comptait. J’ai senti, notamment dans les groupes de maison, qu’une réelle place était donnée à la parole des jeunes. Mais durant les plénières, j’ai aussi senti à plusieurs moments un décalage générationnel dans les prises de position. Cela était parfois inconfortable et pouvait générer un sentiment de découragement face à certains sujets qui me semblaient essentiels. 
Je trouve important qu’il y ait un système de quota, comme c’est le cas actuellement. En revanche, il manquait de nombreux représentants jeunes lors de l’AG. Avec 35 Eglises membres, 35 représentants jeunes auraient dû être présents, mais nous n’étions que 6. Il faudrait que la présence d’un jeune par Eglise soit obligatoire lors des Assemblées Générales. Et si un·e jeune n’est pas disponible, il ou elle devrait être représenté·e par un·e suppléant·e. Sans cela, nous avons beaucoup moins de poids dans le débat. 
Par ailleurs, il serait intéressant que, en amont de l’événement, une réunion de préparation entre délégué·e·s jeunes soit organisée en visioconférence pour discuter et rassembler nos idées, et ce afin d’organiser nos prises de paroles et mettre en valeur les forces de chacun·e pour réussir à faire entendre notre voix. 
Il serait intéressant également que l’on soit interpellé sur les projets Jeunesse de la Cevaa. Etant le public cible (ou proche du public cible), nous avons une position qui pourrait être intéressante et qui nous amènerait peut-être à porter avec le Responsable Jeunesse certaines actions au niveau local, avec d’autant plus de convictions. 
Nous avons aussi évoqué, avec les autres délégué·e·s jeunes, l’idée d’élire un ou une représentant·e des jeunes pour la Cevaa, qui serait porte-parole des jeunes des Eglises membres et des délégué·e·s. 

Lors de cette Assemblée Générale, j’ai pu voir à quel point faire partie de la Cevaa est une force pour chacune des Eglises présentes. J’ai trouvé important que nous nous rappelions que c’est ce que nous sommes avant tout : une Communauté.  Ce lien fort entre Eglises de différents pays nous invite à ouvrir nos réalités à d’autres réalités. C’est un espace de ressourcement et d’enrichissement autant spirituel qu’intellectuel. Nous rentrons avec toutes ces rencontres, ces discussions, ces idées de projets, et nous les amenons à nos communautés locales qui pourront bénéficier de ce bel exemple de vivre-ensemble. Cela ouvre de nombreux possibles et de belles amitiés. C’est aussi ce lien que nous créons entre nos communautés, et plus largement entre les hommes et les femmes, qui permettront à chacun et chacune d’habiter autrement la création !