Les vœux en langues de la Cevaa
Il a rassemblé les vœux de la nouvelle année dans les différentes langues parlées dans la Communauté Cevaa, du Pacifique à l’Europe en passant par le continent africain et l’Amérique du Sud.
Roger, tu as participé à la stratégie Jeunesse de la Cevaa pendant presque 7 années. Quel est ton constat sur les rapports qu’entretient la Jeunesse avec les langues locales ?
Durant ces quasi 7 années comme Chargé de mission Jeunesse de la Cevaa, et même bien avant que je n'occupe cette fonction, j'ai constaté que les langues locales étaient fondamentales et quasi indispensables dans la communication, l'évangélisation et l'édification avec les jeunes et entre eux. Et je l'ai constaté surtout en Afrique, mon continent d'origine. Ce sentiment s'est renforcé lors de mes divers séjours en Europe, Amérique latine et dans le Pacifique.
Partout où l'on avait à travailler, on pouvait constater qu'il existe des Bibles et surtout beaucoup de chants populaires et des cantiques en langues locales.
Je me souviens, avec sourire, que dans notre groupe de travail sur l'élaboration de la nouvelle stratégie Jeunesse, notre réponse choc qui est ensuite devenue une expression de choix est “Ah cette réflexion est cultuelle et culturelle”. Nous constations à chaque fois qu'une idée exprimée en une langue pouvait avoir des définitions ou compréhensions diverses selon les lieux ou les cultures.
Il était aussi très important partout où on allait, de savoir dire “bonjour” et “merci” dans la langue du milieu. Cela raffermissait les relations avec nos interlocuteurs.
Tu es à l’origine de l’initiative des vœux de la Cevaa en langues, d’où t’est venue cette idée ?
Je me souviens que lorsque j'ai visité le Secrétariat de la Cevaa à Montpellier pour la première fois en janvier 2015, mon regard a été accroché par une large toile qui portait les salutations en plusieurs langues locales des pays où se trouvent les Eglises membres de la Communauté. Cela m'a marqué et dans chacune de mes missions je prêtais attention aux langues pour être plus proche des personnes que je rencontrais.
Aussi, j'ai tenu lors des Assemblées Générales de la Cevaa de 2014 et 2016 les classes de chants où je ne ratais aucune occasion d'insérer des morceaux en des langues diverses. J'avoue que j'ai toujours eu un faible ou une attention particulière pour les langues.
Je me suis donc dit que pour toujours renforcer les liens dans notre Communauté Cevaa, il fallait bien toucher le cœur des membres. Et je crois que parler à une personne dans sa langue maternelle la touche beaucoup.
Pour favoriser les relations multiculturelles, il me semble qu'il faut insister sur certains aspects de la communication interculturelle. Et la langue en fait partie.
Tous ces faits et aspects m'ont inspiré cette idée.
Je peux aussi dire que les langues et la communication multiculturelle sont des sujets auxquels je suis assez sensible ; j'en ai d'ailleurs fait le sujet d'un mémoire de Master 2 en management des médias à l'École supérieure de Journalisme de Lille avec le thème “Gérer une cible multiculturelle dans une stratégie de communication globale : cas des actions Jeunesse de la Cevaa”.
Par ailleurs, sur mon blog personnel (https://mawulolo.mondoblog.org) vous pouvez trouver plusieurs articles qui ont trait aux langues.
Un vœux à formuler pour cette année 2022 ?
En guise de vœux pour cette année 2022, je vous adresse d'abord ce petit mot en ma langue maternelle, l'Ewé. Elle est parlée au Togo, au Ghana et au Bénin. Je l'emprunte à un des linguistes de mon pays, Papa Kwasi Fiagan que j'admire beaucoup.
“Bu eŋu
Blibodede menye xexe sia me viwo ƒe domenyinu o.
Gake ne àte ŋui la, klè na xexea me abe dzinu ene, alo ɣletivi ene na wo dukɔ.
Ne esia mele wo ŋutete me o la, dze agbagba nàklè na wo dukɔ abe akaɖi ene.
Nɔvi, dzé na du, kɔfe suetɔ kekeake, si me nèle abe gomekaɖi, akaɖigbe, eye ne eglo godoo la abe fɔti alo akakati tetia ene.
Nake mabidzo nyo wu kpe”
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Sa traduction française donne
“Penses-y
La perfection n'est pas le partage des humains.
Néanmoins, si tu peux, illumine comme un astre pour le monde ou une étoile pour ton pays.
Au cas où tu n'as pas cette force, essaie d'éclairer ton peuple comme une lampe.
Frère (sœur), sois pour ton village une lanterne, un lampion ou tout au moins une torche.
Un mauvais bois de chauffage vaut mieux qu'une pierre”
Je vous souhaite, pour finir, une année 2022 de paix, de santé et de grâces abondantes en Christ. Soyons des artisans de paix et maintenons la flamme de la Cevaa allumée.