Le Seigneur nous libère de nos « confinements »
Tout au long de la Semaine sainte, l'Eglise a porté son regard sur les grands événements qui ont marqué la fin du séjour terrestre de Jésus. Nous avons pu revivre son entrée triomphale à Jérusalem, sa trahison, son arrestation, son procès, sa crucifixion, sa mort et son ensevelissement. Des récits qui nous ont donné la possibilité de côtoyer les hommes et les femmes contemporains de Jésus et témoins privilégiés de sa passion.
Tous les récits proposés par les évangélistes Matthieu, Marc, Luc et Jean nous interpellent sur des personnages incontournables dans lesquels nous pourrions nous mirer. Les douze disciples, Marie, mère de Jésus, Marie de Magdala, Jeanne, Ponce Pilate, Hérode, les soldats, le Sanhédrin, les Scribes, les deux malfaiteurs crucifiés avec le Christ. Chacun d’eux constitue en soi un paradigme décisif charriant de grandes leçons pour notre vie.
Dès le matin, la grande nouvelle avait parcouru Jérusalem et les bourgs alentours : Jésus est ressuscité ! Les disciples, eux aussi, en avaient été informés. Pierre, même, cet homme chez lequel se mêlent les sentiments de bravoure, de courage, mais aussi de lâcheté et de défiance, avait fini par s’en convaincre en se rendant, ce matin de dimanche, au tombeau, en compagnie d’un disciple anonyme. Oui, Jésus est ressuscité.
Mais, malgré cette nouvelle, les disciples sont au creux de la vague. Après trois années passées dans la compagnie et dans la communion du Christ, l’heure est venue de faire face au déferlement de la colère du monde. Les disciples nous paraissent déçus, découragés, déboussolés et désarçonnés. Jésus de Nazareth, en qui Simon Pierre avait vu le Christ, le fils du Dieu vivant, a été mis à mort.
Nous nous retrouvons bien un peu nous-mêmes dans ces disciples apeurés, déçus, éthérés, tétanisés, découragés, enfermés dans une maison ; des hommes qui n’ont plus ni le courage ni l’envie d’aller loin, qui ne voient plus la nécessité d’accomplir leur mission ? Des hommes et des femmes surpris par la furie mortifère d’une pandémie qui défie et se moque des progrès de la science.
De nos jours, que d’espérances mortes ! Que de vies assombries et enténébrées! Que d’âmes abattues ! Que d’hommes et de femmes liés par le désespoir et la désespérance ! Que d’hommes et de femmes apeurés, déçus, abusés dans leur dignité ! Que d’hommes et de femmes apeurés par le coronavirus !
Rappelons-nous pourtant de cette parole de Jésus à ses disciples. Une parole forte, une parole chargée de vie, une parole dynamique de ressuscitation de l’espérance : « La paix soit avec vous » (vv. 19b, 21 et 26b).
Une simple salutation, me direz-vous ! Mais le contexte dans lequel le Seigneur l’emploie est un contexte de crise, un contexte d’abattement, un contexte grave, un contexte de mort de la foi. Jésus a été mis à mort et enseveli, ce qui, naturellement, a occasionné le découragement de ses disciples. Et lorsqu’il leur apparaît, c’est après avoir subjugué et vaincu la mort.
« La paix soit avec vous », signifie : « Chers amis, ne vous en faites plus, car je viens de vaincre la mort et le séjour des morts ! » Ici, la mort symbolise parfaitement tout ce qui déshumanise l’homme et le prive de sa liberté ; tout ce qui l’empêche de vivre une parfaite communion avec Dieu et avec son prochain.
Cette parole signifie aussi que les forces du mal, dont la triste vocation consiste à terroriser l’homme, ont été ébranlées jusque dans leurs fondements ; que le Christ Jésus nous a rendus à la vie, en nous faisant grâce pour toutes nos offenses ; qu’il a effacé l’acte dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et qu’il l’a éliminé en le clouant à la croix ; qu’il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d’elles à la croix.
Mais cette parole n’implique pas qu’une relation unique, à savoir « la paix avec Dieu ». Elle se double tout au plus du regard à poser sur l’autre.
En subjuguant la mort, le Seigneur Jésus nous donne la preuve de sa victoire sur le diable et les forces du mal. Nous pouvons légitimement jouir de la paix qu’Il nous offre par sa mort et sa résurrection.