La Gambie suspendue au spectre de l’excision
C’est la question qui hante les femmes et tous ceux qui travaillent à l’émancipation des femmes africaines.
Interdites depuis 2015 par l’ancien président Yahyah Jammeh, les mutilations génitales féminines pourraient être de nouveau légalisées. Une crainte qui grandit depuis le 18 mars, date à laquelle l’Assemblée nationale a voté, avec une écrasante majorité, pour qu’un projet de loi en ce sens revienne devant les députés d’ici trois mois.
Pour Fatou Diagne Senghor, défenseure gambienne des droits de l’homme, il s'agit aujourd'hui d'un retour de bâton. Elle voit dans cette proposition de loi une réaction conservatrice.
À l’issue de l’examen du texte envoyé devant la Commission des droits de l’homme, les députés voteront. Si elle était adoptée, cette loi marquerait un recul considérable alors que les associations œuvrent depuis 2015 auprès des communautés et des chefs religieux pour changer les mentalités.
Pour légitimer sa proposition de loi destinée à préserver les principes religieux et les valeurs culturelles du pays, le député Almameh Gibba a déjà affirmé devant ses pairs que l’interdiction de l’excision en vigueur était une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion. Il est soutenu dans son projet par l’influent chef religieux musulman Abdoulie Fatty et par le Conseil suprême islamique de Gambie.
Dans ce contexte, la réaction des Églises membres du Conseil chrétien (dont fait partie l’Église évangélique luthérienne de Gambie) est fondée sur « une parole unifiée qui vise à protéger les droits des femmes tels qu'ils sont soutenus globalement, et non sur la perspective du fondamentalisme islamique ».
Les Églises du Conseil chrétien sont toutefois prudentes et elles prient ensemble pour qu'un dialogue interconfessionnel s'instaure avec les responsables musulmans conservateurs afin qu'ils reconsidèrent leurs positions et qu’ils acceptent de donner aux femmes les moyens de protéger les droits fondamentaux.
La Cevaa soutient bien entendu l’Église évangélique luthérienne de Gambie et les Églises sœurs du Conseil chrétien. Elle invite tous ses membres à s’unir à leurs prières.
« Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, en élevant des mains pures, sans colère ni mauvaises pensées. » 1 Timothée 2.8.
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The Gambia hangs on the spectre of female circumcision
Will Gambia be the first country in the world to reinstate the right to excise its girls?
This is the question that haunts women and all those working for the emancipation of African women.
Banned since 2015 by former president Yahyah Jammeh, female genital mutilation could be legalised once again. This is a fear that has been growing since 18 March, when the National Assembly voted overwhelmingly to bring a bill to this effect back before MPs within three months.
For Fatou Diagne Senghor, Gambian human rights defender, this is a backlash. She sees this bill as a conservative reaction.
Once the text has been sent to the Human Rights Commission, the MPs will vote on it. If adopted, this law would mark a considerable step backwards, whereas the associations have been working with communities and religious leaders since 2015 to change attitudes.
To legitimise his bill, which is designed to preserve the country's religious principles and cultural values, MP Almameh Gibba has already told his peers that the current ban on excision is a direct violation of citizens' right to practise their culture and religion. He has the support of the influential Muslim religious leader Abdoulie Fatty and the Supreme Islamic Council of the Gambia.
In this context, the reaction of the member churches of the Christian Council (of which the Evangelical Lutheran Church in The Gambia is a member) is based on ‘a unified voice that seeks to protect women's rights as supported globally, and not from the perspective of Islamic fundamentalism’.
The Christian Council churches are cautious, however, and are praying together for an interfaith dialogue with conservative Muslim leaders so that they will reconsider their positions and agree to empower women to protect fundamental rights.
Cevaa naturally supports the Evangelical Lutheran Church of the Gambia and the sister churches of the Christian Council. It invites all its members to join in their prayers.
‘Therefore I want men to pray in every place, lifting up pure hands, without anger or evil thoughts.’ 1 Timothy 2:8