L’entité familiale au centre des réflexions
C’est heureux que Var Léonard Kaémo est revenu du séminaire Action Commune PAL, qui s’est déroulé du 11 au 17 février dernier dans la paroisse de ARUE, à Tahiti.
« Ce fut une joie et un privilège de participer à l’Action Commune PAL », nous confie-t-il. Un séminaire qui avait, selon lui, une vraie légitimité pour les Eglises présentes de la région Pacifique-Amérique Latine. « Les trois groupes, Kanak, Maohi, Rio de Plata traversent les mêmes enjeux actuels, c’est-à-dire des positions hésitantes de la famille face au changement des normes. Nous gérons la même tension entre fragilité (divorce, nouveau type de séparation…) et ancrage dans l’identité personnelle. Pourtant nos communautés se différencient aussi devant la question de l’héritage traditionnel. Les latino-américaines déplorent la disparition de cet héritage (contes, langues…), base de l’éducation des enfants. Les Kanaks, eux, tentent de s’accrocher aux liens fondamentaux identitaires mais restent conscients du changement imposé par la culture occidentale. Quant aux Maohïs, ils revendiquent l’ancrage de la famille dans le Fenua mais on constate aussi les changements qui les ont déplacés au fil des générations. »
Pasteur Var Léonard Kaémo, février 2017, DR
Durant ces six jours, le pasteur Var Léonard Kaemo a particulièrement apprécié les après-midis d’animation basés sur les fiches bibliques. « Ces moments sont précieux », nous explique-t-il. « Ils démontrent la pertinence toujours actuelle des textes bibliques. Face aux problèmes et aux défis qui se posent à la famille, les écritures offrent l’éclairage espéré et efficace sur nos réalités et proposent des possibilités inédites. Ce séminaire m’a beaucoup apporté d’un point de vue personnel, comme le besoin et la nécessité de mettre en pratique les techniques d’animation utilisées durant le séminaire et d’en créer de nouvelles, pour les expérimenter ensuite ».
La délégation EPKNC au séminaire Action Commune, février 2017, DR
« Les engendrements hors normes ou biologiques dans la généalogie de Jésus encouragent à lutter contre des tendances très moralistes de notre Eglise et dans notre milieu kanak, où la catégorisation des personnes influencées par des concepts de pur/impur, légitime/illégitime, digne/indigne empêche encore une vraie analyse des réalités actuelles. L’interpellation de Jésus « Ma mère et mes frères, ce sont… » abordant le thème de la « famille ouverte ou élargie » de Jésus me renvoie aux réalités actuelles kanako-calédoniennes, où l’on cherche à poser les bases d’une citoyenneté du pays. A la base de cet enseignement biblique, on peut interpeller le peuple d’origine à constituer, avec les femmes et les hommes qui y vivent, une communauté humaine affirmant son désir de vivre ensemble. »
Emu, le pasteur conclut notre entretien. « J’encourage la Cevaa à continuer d’organiser de telles rencontres. OLETI ATRAQAT ! ( ce qui signifie « Merci beaucoup ! ») »