Culte d’ouverture : union et harmonie
Avant sa prédication, Laurent Schlumberger, président de l’EPUdF a souhaité la bienvenue aux délégués de l’Assemblée générale en ces termes :
« Nous souhaitons la bienvenue à tous. Cette bienvenue est celle de Dieu. C’est Dieu lui-même qui nous accueille ici. Nous sommes ses enfants, nous sommes frères et sœurs. Et il est bon pour des frères et des sœurs de demeurer ensemble (Psaume 133).
2017 approche, une année riche s’annonce : le thème « Familles, Evangile et Cultures dans un monde en mutation » entre en résonnance avec les 500 ans de la Réforme.
Le cœur de l’Evangile, la Bonne Nouvelle qu’il faut annoncer, c’est la libre grâce de Dieu.
Pour illustrer cette libre grâce de Dieu, je vous invite à relire le chapitre 4 de la Genèse, une histoire bien connue de tous, celle d’Abel et de Caïn avec cette question : suis-je le gardien de mon frère ? »
De sa prédication, voici ce que l’on peut retenir :
Une décision arbitraire ?
« Dieu est-il injuste ? Pourquoi tourne-t-il son visage vers l’offrande d’Abel et pas vers celle de Caïn ? N’est-ce pas Dieu le véritable responsable de la mort d’Abel ?
Ce texte biblique contient des zones d’ombres et des « oublis » que nous ne pouvons-nous expliquer. Le texte biblique doit donc être lu sans tricherie, c’est pourquoi nous ne pouvons éluder ces zones d’ombre et ces oublis. Il faut cependant discerner la Bonne Nouvelle qui est dans ce récit, Bonne Nouvelle qui prendra son ampleur avec l’avènement de Jésus Christ. Oui, il y a un arbitraire de Dieu mais nous en sommes tous bénéficiaires. C’est en cela que nous pouvons devenir frères et sœurs les uns pour les autres.
Il faut écouter les silences du texte et le laisser nous conduire. Il ouvre des voies et laisse d’autres fermées. Il ne répond pas à toutes les questions car ce n’est pas vers celles-là qu’il veut nous conduire. Le texte traite d’une question précise à laquelle il veut répondre ; il s’agit en réalité d’un mythe ou une parabole qui se situe au-delà des limites du temps et de l’espace.
Il est exact de parler dans ce texte d’une décision arbitraire de Dieu mais pas d’une injustice, car celle-ci suppose des intentions et des calculs ; et de cela nous n’en savons rien. Nous constatons juste une décision arbitraire. La Bible est pleine de telles histoires arbitraires. Dieu a souvent cette attitude. Cet arbitraire nous heurte car il nous semble écrasant. Mais il faut reprendre le texte. L’arbitraire de Dieu s’oppose à un autre arbitraire, bien plus écrasant. Caïn est l’aîné et Abel le cadet. Caïn est désiré et accueilli tandis qu’Abel n’a aucune place dans le récit. Abel n’a pas de généalogie, alors que Caïn lui est situé par rapport à Dieu. Caïn est attaché à un lieu, une terre, il produit et cultive ; Il a de la valeur. Abel ne cultive rien, n’est attaché à rien, son nom même signifie vapeur, fumée. Cet arbitraire est total et définitif. Il place Abel et Caïn dans un réseau personnel, familial et religieux où l’un à tout et l’autre n’a rien. Cette position est définitive, car tout restera comme ça ; les noms ne changeront pas, l’ainé restera ainé… Abel n’est rien.
L’arbitraire de Dieu est lié, non aux personnes mais aux offrandes. Dieu fera même alliance avec Caïn, il lui mettra un signe pour le protéger de la mort. On voit bien que l’arbitraire de Dieu n’est pas écrasant et total, bien au contraire, il renverse les arbitraires. Il donne une place à celui qui n’était rien ; celui-ci il peut vivre devant Dieu.
Dieu prend le parti de la victime, il s’intéresse aux petits et accorde de la valeur à celui qui n’en avait pas. Cet arbitraire renverse les arbitraires précédents.
Un autre exemple de cet arbitraire renversant nous le rencontrons dans l’histoire de David et Goliath.
Nous sommes tous bénéficiaires de l’arbitraire de Dieu
Dieu ne sacralise pas les arbitraires de la société ou de la nature. Il les renverse.
Il ne traite pas chacun de manière aveugle mais la destinée de chacun devant lui est singulière. Chacun pour lui est particulier. Ce qui pourrit tout, c’est la comparaison envieuse entre nous, la rivalité. Cette tendance qui nous fait considérer comme un dû ce qui est donné à l’autre.
Il est vrai que j’ai parlé de l’arbitraire de Dieu. Arbitraire est cependant un terme trop réducteur. Comment appeler un arbitraire favorable ? N’est-ce pas ce que l’on nomme la Grâce ?
La Grâce de Dieu vient briser la rétribution automatique, les inégalités immuables…
Ce que nous avons apprenons de ce texte, c’est de ne pas craindre la grâce de Dieu ; elle n’est ni mesurée ni illimitée mais surabondante. Nous en sommes tous des bénéficiaires.
Ce n’est pas parce que nous en sommes pourvus que les autres ne le sont pas également. Nous ne pesons pas lourd, mais par sa grâce, nous pouvons vivre devant Dieu. Les déterminismes et les arbitraires sont renversés. Nous pouvons nous risquer alors à devenir vraiment frères. Nous pouvons suivre un autre chemin. Nous ne sommes pas condamnes à répéter le meurtre ou la fuite errante.
Nous pouvons nous découvrir frères et sœurs et en vivre
Caïn avait un frère mais il n’a jamais fait vivre cette relation ; Abel n’est pas devenu son frère. Il ne voulait pas être son frère. Il en va de même dans notre propre histoire.
Il nous faut passer de la rivalité à la fraternité, d’une situation où nous étions les uns contre les autres à une relation où nous sommes les uns par les autres.
C’est Dieu et Dieu seul qui donne à ma vie le souffle. Quand je suis faible comme Abel, Dieu me donne du poids. Quand je deviens victime, comme Caïn, Dieu me protège. Que Dieu nous aide à devenir frères et sœurs, car il nous connait chacun par notre nom.
A toi mon frère, à toi ma sœur, je peux dire ceci : tu n’es plus un rival, tu n’es plus un voisin méconnu, désormais tu es le signe de la grâce de dieu pour moi comme je le suis pour toi.
Amen »
Culte d'ouverture de l'Assemblée Générale de la Cevaa à Sète, octobre 2016, DR