Wamo Haocas, un chemin missionnaire — Communauté d'Églises en mission

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Wamo Haocas, un chemin missionnaire

Wamo Haocas, décédé le 22 février dernier à Paris, à l'âge de 70 ans, était un des doyens de la communauté kanak en France. Fils de pasteur, devenu maître de conférence en langue drehu, langue de l'île de Lifou, à l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales), il aura été à la fois un grand linguiste et un pionnier en matière de défense et de promotion des langues océaniennes. Un culte a été organisé à sa mémoire le 28 février à la Pitié-Salpêtrière.
La fiche de l’EPKNC
Wamo Haocas, Écho de l'Océanie aujourd'hui, Théâtre du passage des étoiles, Paris © SARIMA

 

 « Samedi 28 février, un moment de recueillement et de prière s’est déroulé à l’Hôpital de la Salpêtrière, à Paris, en mémoire de Wamo Haocas, décédé le 22 février 2015 à l’âge de 70 ans, des suite d’une longue maladie. Nous étions nombreux à être venus exprimer, auprès de la famille, notre émotion et notre reconnaissance. Durant une cinquantaine d’années passées en France, Wamo Haocas a rencontré un grand nombre de personnes via ses engagements professionnels et personnels.

Originaire de Lifou, né sur la Grande Terre, dans la Vallée de la Ponérihouen où son père était pasteur, Wamo Haocas a « ajouté » à sa langue maternelle deux autres langues, l’aïje et le paicî, premières langues kanak dans lesquelles la Bible a été traduite grâce au travail des missionnaires de la SMEP et des pasteurs kanak. Wamo Haocas a d’ailleurs passé son enfance dans ce cadre, suivant son père dans ses différentes paroisses, et effectuant sa scolarité à l’école de Do Neva.

Cette période s’est avérée décisive dans le chemin qu’il a parcouru entre culture, religion et politique. Comme son père mais à sa manière, Wamo Haocas est devenu ministre de la parole à travers son poste de maître de conférences à la section de langues océaniennes de l’INALCO, de 1973 à 2012. Ministre de la parole car passionné par sa culture d’origine, il n’a cessé de partager celle-ci, la promouvoir autant dans les gestes coutumiers que dans ses cours, ses conférences ou les événements auxquels il a été associé. L’enthousiasme, la rigueur, la richesse et la qualité qu’il y mettait en faisaient un prédicateur passionnant, portant un message de reconnaissance et de communion entre les cultures. Il a su toucher et mobiliser des publics très différents durant ce chemin, aussi bien de jeunes Kanak curieux d’en savoir plus sur leur culture, leur histoire, que ses étudiants, ses collègues, ses amis et les spectateurs néophytes assistant à ces conférences-débats.

Oleti atra qatr Wamo, elanyi hë / Merci beaucoup Wamo, au revoir

Wamo Haocas était très attaché au 102 boulevard Arago, à Paris, siège actuel du Défap, car c’était à ses yeux la Maison de la SMEP, la grande case des missionnaires. Il y venait avec émotion et respect, soucieux d’apporter un témoignage faisant honneur aux missionnaires qu’il avait connus ainsi qu’à son Église d’origine, l’EENCIL. Il a ainsi participé, entre autres choses, à une semaine sur la sculpture et la poésie kanak avec le pasteur Wassaumié Passa, à une conférence sur les accords de Nouméa avec Alain Christnatch (dont ce dernier fut l’un des principaux artisans), à la projection du film « Tjibaou, le pardon » (retraçant le chemin de la réconciliation des familles Tjibaou, Yeiwene et Wea suite au drame d’Ouvéa) et aux journées du patrimoine.

Après une belle cérémonie à La Salpétrière, où au moment du culte assuré par le pasteur Pifao, un message du Secrétaire Général du Défap a été transmis au nom des Églises Protestantes de France et de la Cevaa. Puis Wamo Haocas est parti vers Lifou. Sa femme et ses 3 enfants l’ont accompagné pour ce voyage de retour vers la terre de ces ancêtres. Son enterrement a eu lieu le dimanche 8 mars, dans sa tribu de Josip, avec son clan, son Église et tous ses proches.

Oleti atra qatr Wamo, elanyi hë / Merci beaucoup Wamo, au revoir.  »

Denis Brante

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