Une «session retour» commune Défap - Cevaa - DM
La Cevaa et le Défap sont nés en 1971, d'un ancêtre commun : la Société des Missions Évangéliques de Paris (la SMEP), qui avait eu de 1822 à la fin des années 60 une activité missionnaire s'étendant du Lesotho au Togo, de l'Océan indien au Pacifique. DM-échange et mission, département missionnaire des Églises de Suisse romande et des Églises françaises en Suisse alémanique (la CERFSA) était né quelques années plus tôt, en 1963. Entre ces trois organismes institués pendant la même période et entretenant des relations avec les mêmes pays, on retrouve encore aujourd'hui des domaines d'activité très proches, et des échanges réguliers. Parmi leurs points communs, l'envoi de personnes. Défap, Cevaa et DM-échange et mission ont donc régulièrement des envoyés présents dans leur réseau d'Églises ; certains de ces envoyés peuvent d'ailleurs parfois être volontaires pour l'un, puis pour l'autre organisme (c'est ce qui s'est déjà produit notamment pour des envoyés ayant la double nationalité française et suisse). Des partenariats peuvent aussi s'établir lors de la formation (des envoyés Cevaa ont pu participer à la formation au départ du Défap). Mais dans ce domaine, les échanges sont restés jusqu'à présent ponctuels. Si elle n'est pas à proprement parler une première, la «session retour» commune qui doit se tenir du 30 novembre au 2 décembre à Longirod, en Suisse, a donc un peu valeur d'expérience.
Il s'agit d'organiser, pendant trois jours, entre des anciens envoyés des trois organismes, un temps commun d'échange et de partage de leurs expériences. De telles «sessions retour» sont régulièrement organisées par le Défap, ainsi que par DM-échange et mission : dans la mesure où leurs volontaires bénéficient d'un statut reconnu par les pouvoirs publics, ce statut est assorti d'obligations légales. Un «debriefing» en fin de mission fait partie de ces obligations. Le Défap prévoit ainsi un entretien individuel dès le retour de mission de ses VSI (Volontaires de Solidarité Internationale) ou de ses services civiques, suivi quelques semaines plus tard d'une session retour commune ; DM-échange et mission reçoit aussi individuellement ses civilistes de retour, qui se retrouveront tous quelques mois plus tard. Pour la Cevaa, qui ne fait pas de l'envoi de personnes depuis un pays en particulier, mais des échanges entre de multiples pays et de multiples Églises, avec des statuts et des contraintes légales très divers, la question de l'opportunité d'une telle session retour se posait autrement. Mais si les pratiques et les cadres légaux diffèrent, d'anciens envoyés peuvent avoir beaucoup à partager ou à apprendre en compagnie d'autres personnes ayant vécu une expérience similaire avec un autre organisme d'envoi ; et les organismes eux-mêmes peuvent y trouver matière à améliorer leurs propres pratiques.
La mission peut-elle encore changer l'Église ?
Pour aller plus loin : |
L'idée d'une telle session commune est née en 2016, lors d'une rencontre entre les Secrétariats de la Cevaa, de DM-échange et mission et du Défap. Elle a été préparée en collaboration avec les services chargés des envoyés des trois organismes. Les participants en seront d'anciens envoyés ayant achevé leur mission depuis deux à trois ans - ce qui différenciera cette rencontre des «sessions retour» du Défap et de DM. Ils seront une douzaine, venus du Rwanda, de France, de Suisse, de Madagascar, partis en mission au Maroc, au Togo, ou encore en Haïti ; tous seront logés à la Maison «À l’Ouche», pendant que les séances de travail se tiendront à la salle de paroisse de Longirod. Elles seront animées par Anne-Sophie Macor pour la Cevaa, Gerda Borgeaud pour DM-échange et mission, et Laura Casorio pour le Défap.
Pendant ces trois jours, chacun sera amené à faire une présentation de sa mission, évoquer ce qui a été vécu sur place, avant de parler des conditions de son retour : réadaptation sur place, éventuelle recherche d'emploi... A chaque fois, il s'agira d'envisager pour chacun les effets de l'envoi et du retour de mission, tant sur le plan personnel, que sur le plan professionnel ou spirituel : on rentre nécessairement changé d'une telle expérience. Chacun revient avec une vision du monde qui a évolué ; et parfois avec un regard différent sur sa propre Église. Chacun peut, aussi, avoir des choses à dire à l'organisme qui l'a envoyé ; et ces organismes peuvent, eux-mêmes, non seulement améliorer leurs pratiques en fonction de ces retours d'expérience, mais aussi tenter d'y réfléchir en commun. L'idée a ainsi été évoquée de créer, à l'occasion de cette session commune, un outil d'amélioration de l'échange de personnes, avec par exemple des fiches rédigées par les participants et à indexer au Manuel de l'envoi Cevaa.
Il s'agira aussi de se pencher sur «l'après» : quelques années après un retour de mission, comment évaluer la «valeur ajoutée» d'un échange, que ce soit pour l'institution qui reçoit, pour l'Église d'accueil, pour l'Église d’envoi, et pour l'envoyé lui-même ? Quel sens en retirent ceux qui en ont été les acteurs ? Est-ce un modèle à faire évoluer ? Et pour les organismes d'envoi, comment faire de ces anciens envoyés de futurs témoins ? Comment leur permettre de devenir, à leur tour, des avocats de la mission ? Au bout du compte, la mission peut-elle encore changer l'Église ?