Tanzanie : la mission sous toutes ses formes
Quand la mission explore les marges : session plénière de la Conférence d'Arusha le 10 mars 2018. Photo: © Albin Hillert/COE |
Des délégués venus du monde entier, orthodoxes, anglicans, baptistes, luthériens, mennonites, méthodistes, moraves, réformés... et tous présents à Arusha, Tanzanie, pour une conférence du Conseil œcuménique des Églises (COE), une organisation qui réunit 348 Églises membres, soit plus de 500 millions de chrétiens : difficile de rendre compte en quelques mots de ce que représente un tel rassemblement. Ces Conférences mondiales sur la mission et l’évangélisation ont lieu une fois tous les dix ans. Celle de cette année a pour thème : «Agir selon l’Esprit: appelés à être des disciples transformés». Au-delà des travaux proprement dits et des thèmes étudiés, elles représentent une forme irremplaçable d'œcuménisme en action et une occasion de multiples rencontres entre membres d'Églises et représentants d'organisations qui travaillent dans le champ de la mission, comme la Cevaa.
Des enjeux qui touchent à tous les aspects de l'être humain
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Pour donner une idée de ce qui s'y échange et de ce qui s'y vit, quelques mots du délégué de l'Église protestante unie de France (membre de la Cevaa), le pasteur Gwenaël Boulet, qui raconte son expérience sur son blog : «Premiers échanges dans l’avion entre Amsterdam et la Tanzanie. Sourires et regards complices, quand les voisins de siège sortent les documents de la conférence ou s’échangent des conseils pour remplir les formalités administratives. La fraternité chrétienne prend parfois place dans des toutes petites choses. Et puis la chaleur du tarmac, l'obtention du visa et voilà... Karibu à Arusha ! Bienvenue à Arusha !»
«Depuis maintenant quasiment trois jours, nous avons pris le rythme de la conférence. Départ au petit matin pour 45 minutes de bus afin de rejoindre le centre qui accueille les 1000 délégués, journée longue et chaude empreinte de réflexions et de rencontres imprévues et soirée festive sont au programme (...) Si le matin est plutôt studieux autour d’études bibliques et de conférences, l’après-midi est plus pratique proposant notamment de déambuler dans un Sokoni (marché africain) qui hier était animé par les jeunes. Cet après-midi place aux femmes !»
Quand la mission explore les marges : session plénière de la Conférence d'Arusha le 10 mars 2018. Photo: © Albin Hillert/COE |
Ce grand rassemblement s’inscrit par ailleurs dans le cadre général des célébrations du 70e anniversaire du COE, comme l'a rappelé le jeudi 8 mars dans son discours d'ouverture Mme Agnes Abuom, première femme et première Africaine présidente de l’histoire du Conseil œcuménique des Églises, membre de l’Église anglicane du Kenya. Une date qui donne une résonance particulière à la conférence d'Arusha ; tout comme le lieu choisi pour l'accueillir, la Tanzanie, deuxième pays africain après le Ghana en 1958. «Selon une étude démographique des religions, l’Afrique et le reste de l’hémisphère Sud représentent l’épicentre du christianisme», n'avait pas manqué de souligné Agnes Abuom quelques semaines avant l'ouverture de la conférence. C'est donc là que se concentrent l'essentiel des enjeux en termes de mission aujourd'hui.
Des enjeux multiformes et qui touchent à tous les aspects de l'être humain ; ce qui explique que la conférence proprement dite a été précédée et entourée d'autres rencontres centrées sur quelques thématiques fortes. Celle du rôle des femmes au sein des Églises, par exemple : plus de 50 femmes du monde entier représentant des traditions confessionnelles variées se sont ainsi réunies les 6 et 7 mars à Arusha pour une réunion préparatoire sur le thème «Femmes en mission sous l’impulsion de l’Esprit: un mentorat de transformation». Au même moment se tenait une autre réunion préparatoire, rassemblant 20 jeunes autochtones du monde entier et de traditions religieuses variées, tous concernés par des préoccupations comme la justice économique ou l'égalité des chances. «Cette conférence sur la mission a, pour nous, groupe de jeunes autochtones, une grande importance; nous sommes venus non seulement parce que nous voulons faire entendre notre voix, mais également pour préparer l'avenir», a déclaré Lesieli Samiu, de l'Église méthodiste de Nouvelle-Zélande. Cindy Kobei, une étudiante en droit du Kenya, a expliqué: «Je suis très motivée et j'attends de rencontrer des grand-e-s théologien-ne-s de partout dans le monde qui vont m'aider à accroître mes connaissances dans le domaine de la mission afin de les rapporter dans mon pays.»