Rencontres avec les Églises du Togo

La délégation de l'EMT, au moment de la remise des cadeaux : des colliers en coquillages, venus de Tahiti © Cevaa

Au bout de la salle où siège le Conseil exécutif de la Cevaa, Henriette Mbatchou, la Présidente de la Communauté, vient de se lever pour prononcer quelques mots de bienvenue. Les nouveaux arrivants se sont répartis entre les sièges disponibles : à une table, la délégation de l'EMT, l'Église Méthodiste du Togo. Il y a là Angèle Wilson-Dogbe, Secrétaire générale ; Théophile Ahadzi et Marcelline Mensah-Pierucci, tous deux membres du Comité exécutif et universitaires ; Patrick Broohm, Vice-Président. A une autre table s'est installée la délégation de l'EEPT (l'Église Évangélique Presbytérienne du Togo) : on reconnaît Kosi Bebefe, Secrétaire synodal et ancien membre du Conseil de la Cevaa ; Mawuli E. Youvo Neglo, Presbytre de l'exécutif ; et l'envoyé de la Cevaa Espoir Adadzi, lui aussi pasteur de l'EEPT, qui est pour quelque temps loin de Genève où se déroule habituellement sa mission. Nous sommes le vendredi 25 octobre 2019 à Lomé, le Conseil exécutif de la Cevaa va bientôt s'achever, et un temps d'échange a été organisé avec les Églises qui accueillent la rencontre.

«Chaque fois que nous déplaçons dans un pays pour une de nos réunions, rappelle Henriette Mbatchou dans son mot de bienvenue, c'est aussi une occasion de rencontrer les Églises membres de la Cevaa. Je tiens à vous remercier de ce que vous avez fait pour nous accueillir, et vous dire que nous sommes là pour avancer ensemble.»

Célébrer ensemble

Tout comme les Assemblées Générales, les réunions du Conseil exécutif de la Cevaa se tiennent à chaque fois dans un pays différent de la Communauté. Le Conseil précédent s'était ainsi réuni au cours du mois d'avril à Bologne, et avait été accueilli par l'Église vaudoise d'Italie. Au-delà de la vie strictement institutionnelle et des décisions à prendre, c'est là une manière de vivre d'un peu plus près la vie d'une Communauté d'Églises en mission : si le programme de chacune de ces rencontres fait une place à l'échange de nouvelles sur les divers membres et les divers pays de la Cevaa, il prévoit aussi en marge des travaux des moments partagés avec l'Église (ou les Églises) accueillant le Conseil. Des moments précieux au sein d'une Communauté présente dans vingt-quatre pays et sur quatre continents, et où les distances constituent toujours un frein aux rencontres. On peut dès lors échanger, discuter ensemble, et aussi célébrer ensemble : le Conseil de Lomé doit d'ailleurs être marqué, deux jours après cette rencontre des délégations de l'EEPT et de l'EMT, par un culte de la Réformation vécu à Tokoin...

Mais pour l'heure, c'est un moment d'échanges plus formel qui se déroule dans la salle où siège le Conseil. Après Henriette Mbatchou, c'est au tour du Secrétaire Général de la Cevaa, Célestin Kiki, de se lever pour prendre la parole. Il rappelle ce que représente la Communauté et quels sont ses principes de vie, détaille ses activités, expose ses priorités, présente les divers membres du Conseil ; les deux délégations se présentent à leur tour et les discussions s'engagent. Il y est question de projets et de défis, notamment financiers ; et il est notamment question du soutien que la Cevaa apporte aux Églises. Angèle Wilson-Dogbe évoque, pour l'EMT, des projets qui ne concernent pas l'Église seule, mais contribuent au développement et à la lutte contre la pauvreté (centre agropastoral d'Amoussoukopé, projet d'autonomisation des femmes)... Pour l'EEPT, le Secrétaire synodal Kosi Bebefe évoque le projet d'accompagnement des personnes âgées mis en place par son Église et soutenu par la Cevaa. Martin Burkhard, Secrétaire du Conseil, intervient alors pour renverser la logique et demander aux deux délégations comment elles conçoivent leur place dans la Cevaa, et ce qu'elles peuvent apporter à la Communauté. Les deux délégations citent alors «la chaleur des cultes en Afrique, qui est quelque chose que nous pouvons partager au sein de la Communauté«, «cette disposition du cœur à louer le Seigneur, à le glorifier».

Une thématique de la célébration, du partage et des rapprochements pouvant en résulter, qui trouve un peu plus tard des échos dans l'intervention d'Espoir Adadzi, envoyé de la Cevaa en Suisse pour une mission qu'il définit comme «créer du lien et du vivre ensemble». Présent au sein de l'EPG (l'Église Protestante de Genève) pour initier des rapprochements avec des communautés chrétiennes genevoises issues de la migration, il travaille notamment à un guide pour célébrer ensemble. Il a pu constater par exemple l'importance des codes, et notamment des codes culturels, dans les relations entre Églises : des codes qui doivent être décryptés sous peine de produire des malentendus. «Il est important, souligne-t-il, d'arriver à vivre la tolérance au moins en Église, car l'Église est dépositaire de l'hospitalité chrétienne.» Il souligne aussi les défis propres aux sociétés européennes : même au sein de «sociétés hautement sécularisées, l'Église doit demeurer l'Église, avec ses vertus, et son rayonnement, qu'il est important de préserver».

La délégation de l'EEPT. Au premier plan sur la photo, l'envoyé Espoir Adadzi © Cevaa

«N'oubliez pas les dynamiques Jeunesse !»

Interrogées sur les liens et les collaborations entre leurs Églises, les deux délégations citent en premier lieu l'exemple du PAOET : le Projet d'Accompagnement Œcuménique pour le Togo, mis en place en juin 2011, dans la foulée des actions du Réseau Œcuménique sur le Togo qui avait été initié dans les années 2000 par la Cevaa, la CETA et la Mission de Brême pour accompagner les Églises togolaises face à la situation socio-politique du pays. «C'est un programme qui a su jouer un rôle important sur la scène socio-politique togolaise, souligne Kosi Bebefe, Secrétaire synodal de l'EEPT. Il organise des séminaires, a des actions de formation ; il intervient sur des questions de citoyenneté ou de lutte contre la corruption...» Théophile Ahadzi, du Comité exécutif de l'EMT, évoque pour sa part «une collaboration entre nos Églises très féconde au niveau du PAOET. Ce programme représente une approche sereine de la politique, quand les débats au Togo peuvent être au contraire très polarisés. C'est un accompagnement éclairé, avisé.»

Et toujours sur ce chapitre des collaborations entre Églises, c'est le chargé de mission Jeunesse de la Cevaa, Roger Lasmothey, qui prend bientôt la parole pour souligner la bonne dynamique entre les mouvements de jeunes de l'EEPT et de l'EMT. «Ils ont des relations très cordiales, des projets en commun, ils travaillent vraiment ensemble ; nous avons, par exemple, été très impressionnés cet été à Kpalimé par l'efficacité de leur coopération. N'oubliez pas les dynamiques Jeunesse quand vous pensez aux liens entre vos Églises !»