« Partager mon expérience » : témoignage d’un envoyé au Cameroun
Culte de rentrée, Cameroun
Partage d’une expérience et d’un vécu
« Je travaille à Bonabéri, un quartier de Douala situé de l’autre côté du fleuve Wouri.
Je suis directeur du Centre d’Enseignement et de Formation (CEF), l’antenne II du CAFRAD, et supervise toutes les activités du centre, école et hôtellerie : le matin je peux être en cuisine pour un cours improvisé sur les desserts, aider au service, contrôler le nettoyage des chambres ou réparer une chasse d’eau dans l’après-midi. J’ai vraiment un travail très varié et très prenant.
Je me suis engagé dans le but de partager mon expérience hôtelière avec mes collègues, les apprenants, car ici, au CEF, la mission principale est de former des jeunes aux métiers de l’hôtellerie. Je suis parti dans un esprit de compagnonnage comme cela existe chez les tailleurs de pierre, charpentiers…
Je viens échanger mon expérience et mon vécu et je reçois en retour une énorme leçon de vie, cela n’est pas toujours facile de travailler dans une culture différente où nous n’avons pas les mêmes repères, les mêmes habitudes. Parfois ma patience et mon esprit de tolérance sont mis à rude épreuve mais, avec un peu de recul, beaucoup de discussions et une pointe d’humour cela se passe bien. »
Carte du Cameroun (Source : Google Maps)
Pointeur rouge : Bonabéri
Le CEF : description de la formation
« Au CEF, nous disposons d’une salle de classe pouvant accueillir jusqu’à 40 élèves, d’un restaurant, d’un bar, de deux salles de conférences/meeting et de dix-sept chambres, le tout au milieu d’un extraordinaire jardin tropical, que notre jardinier a bien du mal à maintenir malgré toute la peine qu’il se donne, tant la nature ici est généreuse. Tout pousse à vitesse grand V : papayers, manguiers, avocatiers, citronniers et cacaoyers offrent un cadre de travail très agréable ; lézards, oiseaux, crapauds et une multitude de papillons et autres insectes complètent le tableau.
Nous sommes ouverts à tous les publics. Cela nous permet de mettre tout de suite les apprenants dans le bain. Les activités du centre (banquets, séminaires, retraites spirituelles…) sont l’occasion d’organiser des ateliers de travaux pratiques et de faire travailler les élèves devant les clients, de leur apprendre à maitriser leur appréhension et d’acquérir une fluidité dans le service.
Nous sommes capables de réaliser des banquets de 300 à 400 personnes, mariages, baptêmes, anniversaires.
Dresser une table, organiser le service, faire la liste des achats, plier une serviette, couper la viande, tailler les légumes, nettoyer une chambre, faire un lit, désinfecter un WC : voici quelques tâches que nos élèves font sous la supervision des professeurs.
Ceci est complété par des cours théoriques et pratiques : anglais, français, gestion, cuisine, bar, pâtisserie, hébergement, tourisme, service et législation du travail.
La formation dure 11 mois et est complétée par trois mois de stage en entreprise – le but étant d’enseigner une base solide qui va permettre à nos élèves de travailler à tous les postes d’un hôtel et ainsi augmenter leurs chances de trouver un vrai travail car ici, au Cameroun, la majorité des emplois sont informels et précaires. »
Le jardin
L’hôtellerie : une bonne porte vers l’emploi
« Des études le montrent : le tourisme, que ce soit d’affaire ou de loisir, est en augmentation dans toute l’Afrique et ce n’est pas pour rien que des grands groupes hôteliers construisent des hôtels sur tout le continent.
De plus en plus, une main d’œuvre locale qualifiée est recherchée : il y a de nombreux débouchés et nous ne sommes pas peu fiers d’annoncer qu’en moyenne entre 60% et 80% de nos diplômés trouvent un emploi directement après leur stage.
Nous insistons aussi sur l’auto-emploi et, grâce au cours de gestion, nos élèves apprennent à calculer un prix de revient, faire un budget et monter un projet. »
Cuisine : l’ambiance au sein du centre
« Toute ces activités sont l’occasion d’échanges très riches : nos élèves sont curieux. Nous avons un excellent professeur de cuisine qui propose de nouvelles recettes, enseigne les ficelles du métier et explique l’art du dressage qui rend un plat plus attirant. C’est très souvent l’occasion de discussions passionnées sur les odeurs et les goûts. Je découvre et apprends les plats traditionnels du Cameroun, qui font parfois l’objet de controverse. Il y a une très grande diversité de mets régionaux, locaux très savoureux.
Je vais faire le marché avec notre chef de cuisine et découvre plein de nouveautés. Le Cameroun est un pays très riche au niveau de tous les produits agricoles.
Parfois il faut avoir le cœur bien accroché car les odeurs sont fortes et l’hygiène aléatoire. Les bestiaux sont directement abattus, débités et mangés car il n’y a pas souvent un réfrigérateur pour conserver la viande.
Cela me fait penser au livre sur les Halles « le ventre de Paris » :
ça crie et ça marchande au milieu des caquètements des poules. Ici vous pouvez acheter du poulet sous toutes ses formes : vivant, plumé, paré, par morceaux ou déjà cuisiné sur des braseros de fortune. »
Culte de rentrée
La mission
« Ma mission est de deux ans (renouvelable une fois). Actuellement je travaille sur la pérennisation du Centre et je crée des outils qui vont faciliter la gestion. Je serai aussi chargé de la formation de mon successeur. Le but à terme est de rendre le Centre autonome et géré localement.
La deuxième vocation du Centre est de servir de ceinture économique aux activités diaconales du CAFRAD antenne I situé au centre-ville. Il propose une aide à l’orientation professionnelle, une médiathèque ainsi que des cours d’électricité et de mécanique. Il y aussi de nombreuses activités d’animation de quartier (football, danse, cours de français…).
Pour mes loisirs je vais à la mer, je visite le pays, je profite du centre culturel français et bien sûr je pratique assidument la distraction nationale : s’assoir autour d’une table, prendre un verre, palabrer et profiter du temps qui passe. »