Nouvelle-Calédonie : l'EPKNC appelle à une semaine de prière pour la paix
L'appel à une «Semaine de prière pour la paix dans le pays et pour toute l'année 2018» de l'EPKNC © EPKNC |
La Nouvelle-Calédonie entre dans un moment crucial de son histoire : c'est un processus d'une trentaine d'années qui va trouver son aboutissement avec le référendum d'autodétermination prévu d'ici novembre 2018. Durant toute cette période, les Accords de Matignon, après la violence des «événements» qui avait culminé en 1988 lors de la sanglante prise d'otages d'Ouvéa, ont permis de préserver la paix civile. Entretemps, la société néo-calédonienne s'est peu à peu transformée. Elle est devenue de plus en plus multiculturelle. Dans des lieux comme Nouméa, les jeunes des diverses communautés se sont habitués à vivre côte à côte - sinon ensemble. Mais l'approche de l'échéance électorale de cette année 2018 menace de raviver les tensions. Or quel que soit le résultat du référendum d'autodétermination, les 260.000 Calédoniens, dont 110.000 Kanak, devront réussir après le vote à construire ensemble l'avenir de l'archipel.
C'est dans cette perspective qu'a été rédigé le mot de l'Église Protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC) sorti de son synode de cette année, avec, pour objectif d'accompagner toute la population vers le référendum - et également dans l'après référendum. C'est la même préoccupation que l'on retrouve dans le programme de la semaine de prière élaboré par la Commission Théologique de l'EPKNC (COMITH). Ce temps de prière durera une semaine, du 26 décembre 2017 jusqu'au 31 décembre, à quoi il faut également rajouter les deux premiers dimanches de 2018. Il sera placé sous ce thème issu d'Éphésiens 2,19 : «Concitoyens d'un pays nouveau».
«La Kanaky-Nouvelle-Calédonie, c’est la ‘grande case’ que nos aînés ont bâtie»
«L'année 2018, insiste le texte introductif présentant cette semaine de prière, sera pour la Nouvelle-Calédonie une année décisive. Le pays va entrer dans une ère nouvelle de son histoire. Un temps fort où des choix et des décisions politiques importantes seront prises. L’Église (EPKNC) a une forte responsabilité dans l’accompagnement de ce processus. Elle a confiance en ses leaders politiques, qui ont la lourde tâche d’amener les débats de société vers la découverte d’une démocratie de partage de reconnaissance et de rééquilibrage. L’Église souhaite qu'ensemble avec nos autorités administratives et coutumières nous valorisions notre pouvoir créatif et notre force d’adaptation face aux nouvelles contraintes et pressions subies par notre pays en pleine mutation.»
Après un rappel de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie et des engagements de l'EPKNC, qui avait souligné dès 1979 les méfaits de la colonisation et encouragé les enfants de l’Église à travailler pour l’émancipation des Kanak, sans pour autant oublier les autres, le document de la COMITH rappelle à la suite de Paul : «Par sa grâce Dieu intègre tous les hommes et les femmes à devenir ‘concitoyens’ de son Royaume. Cette communauté nouvelle est fondée sur des nouvelles bases, par des outils et des ouvriers nouveaux. Cette communauté est composée de juifs et de non-juifs, de chrétiens et de non-chrétiens. Bâtir cette maison signifie : apprendre à se renier soi-même, quitter ses habitudes et ses traditions, et réfléchir sur une nouvelle conception du partage et de l’unité dans les profondeurs de la diversité humaine.»
«La vision du ‘destin commun’ engage toutes les communautés chrétiennes de notre pays, à réfléchir et à mourir pour qu’une nouvelle identité émerge des cendres de la violence. Ce processus vise une identité mature capable de dépasser les crises et les perturbations, il développe par ailleurs la capacité d’ouverture et de responsabilités du citoyen dans la construction d’un avenir commun.»
Ainsi, en soulignant que l'Église a une forte responsabilité dans l’accompagnement du processus électoral, le document de la COMITH en appelle à tous pour construire ce destin commun .«La Kanaky-Nouvelle-Calédonie, c’est la ‘grande case’ que nos aînés ont bâtie sur les fondements de respect, d’humilité et de tolérance. C’est dans cette nouvelle alliance que tous les enfants de ce pays doivent s’unir. Elle est notre ‘trésor’ et notre richesse. L’Accord de Nouméa qui en est issu, a fait de notre communauté humaine, une singularité plurielle pour développer une nouvelle expression culturelle.»