Migrants et réfugiés : une pétition et des actions
L'affiche de la campagne de l'EPER © EPER |
Depuis le début de la guerre civile en Syrie, au cours de l'année 2011, plus de 5,6 millions de personnes ont fui le pays, selon les chiffres du HCR (le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'Onu). Les trois pays ayant accueilli le plus grand nombre de ces réfugiés sont la Turquie, le Pakistan et le Liban. Les pays européens, pour leur part, contrôlent leurs frontières et n'acceptent les demandes d'asile qu'au terme de procédures longues, complexes, le plus souvent illisibles pour les nouveaux arrivants. Alors que le Liban, avec ses 4 millions d'habitants, accueille environ 1,5 million de réfugiés, l'UE dans son ensemble a accepté 538.120 demandes d'asile en 2017 (un tiers provenant de Syriens), dont 60% pour la seule Allemagne. La France, deuxième pays accueillant le plus de réfugiés en Europe, n'a accepté que 40.575 demandes ; l'Italie 35.130.
Mais pendant que sont établies des procédures régulières d'asile, la fermeture des frontières européennes empêche les réfugiés de faire valoir leurs droits à ces mêmes procédures. Ce qui pousse à l'ouverture de «routes de l'exil» de plus en plus dangereuses. La «route des Balkans» est aujourd'hui considérée comme infranchissable. Celle via la Méditerranée, marquée par de multiples naufrages de bateaux surchargés, est de plus en plus étroitement surveillée : les garde-côtes libyens, contre des versements financiers de l'Italie, empêchent les réfugiés de traverser la mer. Avant de les diriger vers des centres d’internement où règnent des conditions de vie catastrophiques et où sont perpétrées quotidiennement les pires violations des droits humains. Sur les 5386 migrants morts ou disparus sur leur route de l’exil en 2017 dans le monde, 3119 l'ont été lors du passage de la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
«Des voies sûres pour sauver des vies»
Une situation qui interroge collectivement les Églises européennes membres de la Cevaa, dont beaucoup ont commencé à s'engager en faveur d'un accueil plus humain des réfugiés. Dernières en date, les Églises de Suisse (pays membre de l'Espace Schengen, donc directement lié en matière d'immigration aux décisions de l'UE) ont lancé un appel aux autorités politiques. Intitulé «Des voies sûres pour sauver des vies», il a été formulé par l'EPER, œuvre d’entraide voulue et fondée par les Églises réformées, à laquelle participent les Églises suisses membres de la Cevaa. «Les personnes qui fuient la guerre et les persécutions ont droit à la protection de leur vie et de leur intégrité physique», affirme cet appel. «Les plus vulnérables sont piégées dans les régions en crise, sans perspective d’avenir et sans possibilité d’atteindre un pays sûr. Nous devons ouvrir des voies sûres et légales pour que les personnes réfugiées les plus vulnérables puissent trouver refuge dans un pays sûr et mener une vie digne.»
Cet appel fait écho à des initiatives déjà en cours en France et en Italie, à laquelle participent, là encore, les Églises membres de la Cevaa. Ainsi en France, le 23 mars a marqué la cinquième arrivée de réfugiés dans le cadre de couloirs humanitaires initiés par des chrétiens. Ce protocole signé en mars 2017 avec l'État français prévoit d’ici la fin 2018 la venue de 500 personnes choisies parmi les plus vulnérables dans les camps libanais. L'Église Protestante Unie de France (EPUdF) et l'UEPAL (Union des Églises Protestantes d'Alsace et de Lorraine), membres de la Cevaa, ont incité leurs paroisses à accueillir ces réfugiés sitôt après leur arrivée en France.
L'initiative de ces couloirs humanitaires a vu le jour en Italie, où elle associe la communauté catholique de Sant'Egidio, la Fédération des Églises évangéliques italiennes, avec un financement majoritairement assuré par l'Église vaudoise, elle aussi membre de la Cevaa. L'Église vaudoise affecte notamment aux «couloirs humanitaires» une partie de ce qu'elle reçoit via le «huit pour mille», cette portion de l’impôt sur le revenu que les Italiens peuvent destiner à la confession de leur choix. Ce programme œcuménique, après avoir servi de modèle à la France, est de plus en plus imité à travers l'Europe. Après la Belgique, un accord du même type a été signé début mai par la Principauté d'Andorre.