L'esprit Cevaa et la logique de la Communauté — Communauté d'Églises en mission

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L'esprit Cevaa et la logique de la Communauté

Basile Zouma, Secrétaire général du Défap, était présent à Lomé du 21 au 27 octobre 2019, et il a assisté à son premier Conseil exécutif de la Cevaa. Entretien.

Basile Zouma (au centre) lors de sa première intervention devant le Conseil exécutif de la Cevaa © Cevaa

 

Pasteur Basile Zouma, vous êtes Secrétaire général du Défap - Service Protestant de Mission depuis l'été dernier, et c'est le premier Conseil exécutif de la Cevaa auquel vous êtes invité. Que retenez-vous de cette semaine ?

Basile Zouma : Je ne découvre pas aujourd'hui la Cevaa - ni l'esprit Cevaa, ni l'utopie Cevaa : j'étais déjà conscient de ce qu'était la Communauté. Mais c'est la première fois que j'assiste à un Conseil exécutif. J'ai découvert assez positivement ce temps de travail et l'esprit dans lequel il se déroule. J'en ai apprécié la liberté de ton : la parole y est libre, les réflexions y sont pertinentes, et les questions soulevées sont un peu les mêmes que celles que nous nous posons au Défap.

Bien sûr, il y a des défis ; et à chacun d'entre eux qui se présente, il faut être capable de recaler un peu son identité pour le surmonter. Moyennant quoi, on peut continuer à travailler dans le sens de l'objectif premier de la Cevaa, laquelle est une Communauté d'Églises qui veulent vivre en communion et dans le partage, pour agir de façon efficace dans le monde et pour le monde. Au sein de cette Communauté, chaque Église a sa place et doit faire des efforts à la mesure de ses capacités au service de la vie communautaire.
 

Pour aller plus loin :

Vous avez parlé de défis... Pourriez-vous en citer quelques-uns ?

Basile Zouma : Il y a par exemple des difficultés internes aux Églises, voire des conflits : en Église comme ailleurs, dès qu'il y a des relations humaines, il y a des conflits. La Communauté peut intervenir pour apaiser, et éviter de basculer dans la violence et la paralysie institutionnelle.

Il y a aussi la manière dont les Églises se positionnent dans cette vie communautaire : le Conseil a rencontré des représentants des deux Églises togolaises, l'EEPT et l'EMT, pour un temps d'échange. Elles ont notamment évoqué ce que la Cevaa leur avait apporté. Le Secrétaire du Conseil, pour sa part, leur a demandé ce que, dans leur perspective, leur Église apportait à la vie communautaire. J'ai bien senti qu'ils n'étaient pas préparés à ce que la question soit posée aussi dans ce sens... 

Enfin, il y a la question du renouvellement. L'équipe en place doit être remplacée d'ici deux ans. Ce qui représente toujours un saut en aveugle : même s'il est plein d'espérance, il n'en reste pas moins une étape délicate. Mais j'ai trouvé lors de cette semaine à Lomé des personnalités qui manifestent la volonté de rester actives et engagées jusqu'au bout, pour que ce renouvellement se passe au mieux.
 

Une partie des débats a aussi tourné autour de la question financière...

Basile Zouma : Oui, et dans ce domaine aussi, je dirais que l'esprit communautaire a bien fonctionné. Je pense que chacun des membres du Conseil est très conscient de l'importance de cette réalité communautaire. Et qu'à la limite, les biens matériels ne sont qu'un support... Au cours de cette réflexion, il y a une intervention qui m'a particulièrement frappé : quelqu'un a dit que, face aux contraintes financières, on pouvait soit accepter et assumer l'identité de la Cevaa comme Communauté d'Églises, soit basculer dans une autre logique, celle d'une ONG. Et se mettre à chercher d'autres sources de financement, tout à fait extérieures aux Églises. Il me semble que c'est un point fondamental, et que la vie d'une Communauté, sa croissance ou sa décroissance, doivent dépendre des Églises membres. Faute de quoi, il n'y a plus vraiment de Communauté, plus de communion. Il me semble donc important que les financements, les ressources humaines et les soutiens, sous quelque forme qu'ils soient, soient toujours recherchés dans le cadre de cette logique communautaire. Voilà pourquoi, en France, au sein de l'EPUdF (l'Église Protestante Unie de France), on parle d'animation financière et non pas de «fundraising» : il s'agit bien de mobiliser les capacités d'une Église et non pas simplement de trouver des fonds... En outre, un autre aspect de la «logique d'ONG» et de la quête de financements extérieurs, c'est qu'il faut y consacrer des efforts significatifs pour obtenir des résultats : il faut notamment embaucher du personnel aux qualifications très spécifiques, ce qui a aussi un coût.
 

Et quel est le rôle du Défap par rapport à la Cevaa ?

Basile Zouma : En tant que Secrétaire général du Défap, je ne peux pas faire l'économie de situer la place du service Protestant de Mission par rapport à cet ensemble : je dirais que je le vois comme un élément de soutien à la Communauté et à la communion. Défap et Cevaa restent fortement liés - on a pu parler de gémellité de naissance ; mais une fois que les jumeaux sont nés, chacun prend son envol. Il faut accepter que l'un ou l'autre puisse suivre le cours de sa vie et ouvrir librement un chemin de rencontre. Le chemin que suit l'un n'est pas forcément le chemin de l'autre, mais il faut trouver les espaces pour construire ensemble.

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