«Go to Togo» : Des pasteurs de quatre Églises de la Cevaa en stage à Kpalimé
Que ce soit sur le continent européen ou sur le continent africain, les représentations des modèles familiaux et les relations au sein des familles évoluent, sous la poussée de transformations sociales de plus en plus profondes et rapides. Ce qui, au sein des Églises, pose des questions en termes d'accompagnement pastoral. Un thème qui s'est retrouvé cette année au cœur du stage organisé à Kpalimé par la CPLR (la Communion protestante luthéro-réformée), et qui réunissait du 4 au 14 mars 24 pasteurs issus de deux pays (France et Togo) et de quatre Églises membres de la Cevaa : l'EEPT (Église évangélique presbytérienne du Togo), l'EMT (Église méthodiste du Togo), l'EPUdF (Église protestante unie de France) et l'UEPAL (Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine). Pendant une dizaine de jours, tous ont travaillé sur le thème : «Le pasteur, témoin de vie entre traditions et mutations familiales».
Le programme de ce stage, organisé avec le soutien de la Cevaa, s'inscrivait dans le prolongement de la réflexion lancée lors de l'Action Commune «Familles, Évangile et cultures dans un monde en mutation». À travers ce sujet, choisi au cours de l'Assemblée Générale de 2014, la Cevaa avait eu à cœur, comme lors de chacune de ses Actions Communes, d'inciter les différentes Églises de la Communauté à travailler sur des questions les concernant toutes. Chacune étant invitée à faire sienne cette thématique en mettant l'accent sur les problématiques qui lui étaient propres, et à contribuer à sa manière à la réflexion, à la prière et à l'action, dans la dynamique de partage et d'interpellation qui anime la Cevaa. Même si l'AG d'octobre 2018, organisée à Douala, a vu la présentation du bilan de cette Action Commune, les Églises de la Communauté sont encouragées à continuer à s'approprier le sujet et à en prolonger les réflexions.
Évolutions familiales et pratiques pastorales
Parmi les intervenants présents en ce mois de mars au Togo, on trouvait Corina Combet Galand, bibliste et ancienne professeur de Nouveau Testament à l'Institut Protestant de Théologie de Paris ; Franck Agbi Awume, professeur de Nouveau Testament à la Faculté d'Atakpamé ; ainsi que des acteurs de terrain. Ce stage se fixait comme objectifs :
- «d'observer les évolutions et les réalités familiales de nos sociétés respectives»,
- «de confronter les rôles du pasteur dans l’accompagnement des personnes et des familles, en Église et dans les sociétés européennes et africaines»,
- et «d'interroger nos rapports aux textes bibliques et à leur réception».
Des stages de ce type sont organisés tout au long de l'année par la CPLR, une instance dans laquelle se retrouvent les Églises luthériennes et réformées de France. Si la formation initiale des pasteurs français est assurée par la faculté de Strasbourg en Alsace-Moselle, et par l'Institut Protestant de Théologie pour la «France de l'intérieur», la formation permanente, élément essentiel de la vie des pasteurs et qui fait l'objet d'une charte spécifique, est gérée depuis longtemps en commun grâce à la CPLR. Et une fois tous les deux ans, elle se coordonne avec le Défap, le département missionnaire des Églises de France, pour organiser une formation sortant des cadres français et européen, et pour permettre des échanges avec des pasteurs d'autres Églises membres de la Cevaa. C'est ainsi qu'ont été mis sur pied des stages dans divers pays et en relation avec diverses Églises de la Communauté : au Sénégal, au Cameroun, au Maroc, au Bénin...
La CPLR, une place à part dans le paysage protestant français
Plus qu'un organe de formation, la CPLR, qui occupe une place à part dans le paysage institutionnel complexe du protestantisme français et européen, est une communion d’Églises entre l'Église protestante unie de France et l'Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine. La CPLR (Communion protestante luthéro-réformée) est héritière directe du CPLR (Conseil Permanent Luthéro-Réformé), dont l'existence avait en fait précédé les créations à la fois de l'UEPAL et de l'EPUdF. Créé en 1972 et lui-même issu d'une instance de dialogue dite «des Quatre bureaux», le Conseil Permanent Luthéro-Réformé réunissait alors quatre Églises protestantes de France, à savoir l'ERF (Église réformée de France), l'EELF (Église évangélique luthérienne de France), l'EPCAAL (Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine) et l'EPRAL (l'Église protestante réformée d'Alsace et de Lorraine). Un rapprochement qui s'inscrivait dans un contexte européen de dialogue entre Églises de traditions luthérienne et réformée, dont la traduction la plus visible s'était manifestée dès 1970 par la signature de la Concorde de Leuenberg, texte d'accord théologique reprenant les grandes questions des sacrements (Baptême et Cène) et des ministères.
Si les actions de la CPLR touchent à la formation permanente des pasteurs, elles concernent aussi la catéchèse et la coordination des représentations dans des instances œcuméniques nationales et internationales. Il est vrai qu'en dépit des rapprochements opérés entre luthériens et réformés de France, il reste encore un obstacle institutionnel très difficilement franchissable pour permettre une union nationale : la différence des statuts juridiques entre Églises héritée du Concordat. La loi de séparation de l’Église et de l’État votée en France en 1905 ne s'applique pas dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, où les Églises sont reconnues par les institutions publiques qui financent les traitements des pasteurs et l’entretien des bâtiments. Le rapprochement des protestants de France est donc toujours un processus en cours...