France : message de la Cevaa au septième synode national de l'EPUdF

En ce mois de mai 2019, week-end de l'Ascension, six années après l'acte de naissance de l'Église protestante unie de France, ce sont 220 délégués de l'EPUdF, venus de toute la France, qui se sont réunis à Grenoble au centre œcuménique Saint-Marc, autour du thème «Vivre ensemble». Ils représentaient 250 000 fidèles réunis au sein de 450 paroisses.

Pour tous ces délégués, il s'agissait de retravailler les textes qui régissent la vie de leur Église. Ce synode venait parachever le travail mené durant toute l'année 2018 par les Églises locales et les synodes régionaux. Dans le cadre du régime presbytérien-synodal, la réflexion avait en effet commencé dans les Églises locales, avant de se poursuivre au niveau régional, à l'automne ; puis l'ensemble des contributions des synodes régionaux ont été utilisées pour préparer le débat en synode national. Une modification de sa Constitution dont l'EPUdF avait souligné tout à la fois qu'elle représentait «un travail minutieux que les Églises locales et les synodes régionaux ont mené durant l'année 2018», mais aussi «un geste ordinaire de notre vie d'Église dans les règles qu'elle se donne pour sa gouvernance», montrant ainsi que «l'Église n'est pas un organisme figé, mais bien vivant».

Ce thème du «Vivre ensemble», au-delà de la modification des textes auquel il renvoyait, était néanmoins tout un symbole dans une période qui voit précisément se fragiliser les valeurs de partage et les liens au sein de la société française. Dans son discours d'ouverture, le jeudi 30 mai, la pasteure Emmanuelle Seyboldt, présidente de l'EPUdF, se référant à un passage biblique extrait du livre de Jérémie, a d'ailleurs interrogé : «Et nous, que voyons-nous? Quelle direction doit prendre l'Église protestante unie aujourd'hui?» Évoquant les grands sujets qui marquent la société, écologie, immigration, justice sociale, elle a pourtant invité à l'espérance: «L'espérance dit "le matin vient" alors qu'il fait encore noir. Le chrétien affirme la résurrection, quand tout semble dans l'impasse».

Portant le message de la Cevaa lors de ce septième synode national de l'EPUdF, son Secrétaire général, le pasteur Célestin Gb. Kiki, a rappelé ce qui fonde l'utopie de la Communauté, ses activités impliquant spécifiquement l'EPUdF, les liens qu'elle permet de tisser entre Églises, entre pays et entre continents, tout en soulignant quelques-uns de ses engagements face aux défis du moment qui, souvent, dépassent les frontières.

MESSAGE DE LA CEVAA AU SYNODE DE L'EPUdF

Monsieur le Modérateur
Monsieur et Madame les vice-modérateurs
Madame la Présidente du Conseil National
Monsieur le Secrétaire général
Mesdames et Messieurs les délégués
Mesdames et Messieurs les Invités,

Je voudrais, au nom de la Cevaa-Communauté d'Églises en mission, de son Conseil exécutif, de son Secrétariat à Montpellier et en mon nom personnel, vous saluer dans le beau et précieux nom de notre Seigneur Jésus-Christ. La Cevaa vous remercie pour votre invitation au présent Synode et vous assure des prières ferventes de l'ensemble des Églises membres de la Communauté pour sa réussite.

La Cevaa-Communauté d'Églises en mission accomplit sa mission au travers de 3 mots d'ordre qui constituent son utopie :

• La mission de partout vers partout,
• Tout l'Évangile à tout l'Homme,
• Rendre la P/parole au peuple de Dieu

Plusieurs activités sont organisées autour de ces mots d'ordre d'année en année. Avec l'Église Protestante Unie de France, nous avons le projet Mosaïc, l'envoyé Olivier Delachaux comme enseignant à l'école pastorale de Béthanie en Nouvelle-Calédonie, les échanges de jeunes, les bourses (avec l'étudiante Bordarier Ariane à la Faculté de théologie de Rome), les stages CPLR (avec l'EEPT), etc.

La Cevaa a tenu son Assemblée Générale du 15 au 23 octobre 2018 à Douala au Cameroun. Cette AG composée de plus de 60 délégués, s'est focalisée, lors de ses dixièmes assises, sur la thématique «Le chrétien et l'intolérance religieuse». Se mettre du côté de celles et ceux qui sont stigmatisés dans nos sociétés, faire face à des intolérances intra-chrétiennes ou au radicalisme chrétien, renforcer la volonté de chercher une cohabitation pacifique avec les croyants d'autres traditions religieuses, visiter l'intolérance qui habite chaque délégué(e) à sa façon, cela a préoccupé les participants dans des discussions et regards croisés. Par le détour d'intervenants qualifiés pour insuffler des méthodes et des mécanismes face à l'intolérance, par l'étude de textes bibliques ouvrant des espaces de partage et d'interrogation, par l'écoute mutuelle des situations complexes de plusieurs Églises, les délégués ont ouvert un chapitre de réflexion et d'action important. 

Rester en communion et en interaction

Comme dans toute réunion de famille et l'AG de la Cevaa en est une, il y a eu des sujets importants, difficiles et délicats. Comme nous ne cessons de le dire, aucune Église n'est à l'abri des tensions ou des débats qui traversent nos pays (les résultats des dernières élections européennes ici en France, le témoignent bien). Le tout est d'en parler, sans s'enfermer dans des visions culturellement cloisonnées. Le dialogue par-delà les différences culturelles est un exercice d'autant plus délicat que les enjeux sont tout aussi pertinents. Comment pointer les problèmes sans stigmatiser ? Comment apporter un soutien sans devenir partie prenante d'un conflit ? Tel mal qui ronge une Église, une autre Église peut aider à le surmonter ; encore faut-il qu'elles puissent échanger. La Cevaa n'arrêtera pas les migrations dans certains pays, mais elle peut soutenir les Églises qui y cherchent des solutions. Elle ne résoudra pas les problèmes de santé publique en Afrique, mais elle peut aider les Églises, encore «propriétaires» des centres confessionnels de santé, à mieux penser leur action, d'où la mise en place du Projet «Solidarité-Santé - Tavola Valdese-OPM-Cevaa». Un projet qui met en réseau 10 hôpitaux des Églises d'Afrique (Lesotho, Zambie, Rwanda, Cameroun, Bénin, Togo, Ghana et Côte-d'Ivoire).   L'évaluation de la phase pilote a apprécié la mise en œuvre des outils de gestion et la conduite des projets spécifiques. 

La 2ème phase (2019-2021) vient d'être adoptée par le Conseil exécutif de la Cevaa réuni à Bologne en avril. L'objectif général du PSS 2 est de renforcer la qualité de l'offre de soin et des services offerts. 

La Jeunesse, toujours en mouvement, a réussi à faire adopter une nouvelle stratégie Jeunesse qui cadre son activité et ouvre de nouvelles possibilités. Cette Stratégie couvre la période 2018-2022.

L'Action Commune, décidée au Sénégal en 2014 à savoir «Familles, Évangile et cultures dans un monde en mutation», a été mise en œuvre dans nos Églises et à travers un certain nombre de séminaires régionaux. Le thème étant toujours d'actualité, les régions et les Églises sont invitées à s'en approprier en travaillant de préférence ensemble et en réseau. 

Les délégué(e)s ont dû traiter une thématique douloureuse : la diminution importante de certaines contributions financières. Il fallait donc, et il faudra encore dans l'avenir, resserrer les secteurs d'activité et le soutien à des projets de la Communauté. En groupes régionaux et en groupes multi-régions, l'Assemblée Générale a trié dans les possibilités d'augmenter les recettes et de diminuer les dépenses.

Les participants ont pris conscience que bientôt (en 2021) la Cevaa fêtera ses 50 ans. Une joie partagée par tous (toutes) les délégué(e)s ; de nombreux projets sont proposés. Cela confirme le désir intense de rester en communion et en interaction.

La prochaine Assemblée générale de la Cevaa aura lieu en Suisse en octobre 2020 avec des enjeux importants : élection d'un nouveau Secrétaire général ; renouvellement des instances de la Cevaa avec l'élection d'un nouveau Président ou d'une nouvelle Présidente et de nouveaux membres du Conseil exécutif et renouvellement des Coordinations. Un nouveau ou une nouvelle Secrétaire exécutif-ve responsable du Pôle Animations (formations) et Jeunesse sera nommé-e par le Conseil exécutif au mois d'octobre 2019. L'appel à candidatures est lancé.

Si j'ai une exhortation à vous adresser c'est de vous demander de vivre la mission comme un déplacement géographique, théologique, culturel, liturgique, financier, etc.

Je ne saurais terminer sans remercier l'EPUdF pour son soutien et son engagement au sein de la Cevaa à travers les ressources (humaines, financières) mises à la disposition de la Communauté.
Que le Seigneur lui-même bénisse vos réflexions et vos décisions.
À Dieu soit la gloire.
Je vous remercie de votre attention.

Grenoble, le 1er juin 2019
Pasteur Célestin Gb. Kiki
SG/Cevaa