Centrafrique : une nouvelle équipe dirigeante pour l'EPCRC
Enfants lors d'un culte de l'EPCRC à Bangui © Cevaa
Des écoles à gérer, mais aussi des hôpitaux ou des centres de santé, de l'action sociale : les Églises d'Afrique assurent généralement au sein de la société un rôle bien plus large que les Églises d'Europe. Elles occupent des fonctions qui, en France, en Suisse ou en Italie, reviendraient plutôt au monde associatif ou aux institutions publiques. Elles s'efforcent de combler les manques, avec souvent beaucoup d'énergie et des moyens limités. C'est tout particulièrement vrai en République centrafricaine, où les crises politiques successives ont dégénéré en violences généralisées à partir de 2013, et où les structures étatiques sont aujourd'hui défaillantes. En dépit de l'organisation d'élections en 2016, qui ont vu l'accession à la présidence de Faustin-Archange Touadéra, l'autorité de l'État peine à s'étendre au-delà de Bangui, et revient de fait dans le reste du pays aux bandes armées qui tantôt pillent et rançonnent, tantôt monnayent leur protection auprès de la population. Le drame récent d'Alindao, ville du centre du pays où de violents combats ont opposé à la mi-novembre milices anti-balaka et rebelles de l'Union pour la paix en Centrafrique (UPC), faisant au moins 37 morts et poussant plus de 20.000 personnes à prendre la fuite, est venu rappeler à quel point la situation du pays reste instable, malgré la présence des Casques bleus. Comme le résume Jean-Pierre Tuquoi, ancien journaliste au Monde en charge de l'Afrique et du Maghreb, et auteur d'un livre sur la République centrafricaine, «la seule véritable force du pays, c'est l'Église».
L'une de ces Églises, membre de la Cevaa, a reçu depuis 2015 un important soutien de la Communauté à travers plusieurs projets : il s'agit de l'Église protestante Christ-Roi de Centrafrique (EPCRC), installée à Bangui. Ce soutien de la Cevaa s'est manifesté par exemple à travers un accompagnement pastoral (la Cevaa a financé un poste de pasteur à Bangui), ou encore à travers une aide au fonctionnement d'une cellule psychologique, composée de bénévoles de l'Église avec le soutien d'un psychologue...
Un vaste complexe qui reprend vie : le Centre Protestant pour la Jeunesse
Au cours du mois d'octobre, le Conseil presbytéral de l'EPCRC, parvenu au bout de son mandat, a été renouvelé lors d'une Assemblée élective. Celle-ci s'est tenue, conformément aux statuts et règlement intérieur de l'Église protestante Christ-Roi, le samedi 6 et dimanche 7 octobre, à Bangui. Douze conseillers presbytéraux ont été élus, et un nouveau Bureau du Conseil a été mis en place, composé comme suit :
- Président : Augustin Yanga-Esso
- Vice-président : André Toby-Kotazo
- Secrétaire général : Simplice Feikoumo
- Secrétaire général adjoint : Olivier Lebwaze
- Trésorière générale : Marie Solange Zocko
- Trésorière générale adjointe : Falmata Lenguebanga
Le culte d'installation de ce nouveau Conseil presbytéral a eu lieu le dimanche 21 octobre.
C'est avec cette équipe dirigeante renouvelée que vont se poursuivre les projets entamés avec le soutien de la Cevaa, et notamment la réhabilitation du Centre Protestant pour la Jeunesse, un grand complexe de bâtiments construit au cœur de Bangui, et qui a particulièrement souffert des effets des violences et de l'instabilité du pays depuis 2013. L'EPCRC anime ce centre depuis 1968 : il permettait alors d'assurer l'aumônerie des lycées, et il était devenu un lieu de rencontre pour différentes associations ainsi que pour des manifestations œcuméniques internationales. La Cevaa a apporté une aide pour remettre en état des structures très dégradées et assurer des travaux de mise en sécurité ; une visite sur place en décembre 2017 a permis de voir l’avancée des travaux. Le projet continue cette année avec la finalisation de la clôture et la reprise par l'EPCRC de la gestion des locaux, où divers bâtiments sont loués à des ONG.
Franck Lefebvre-Billiez