Bénin : l'œcuménisme en action
Vue de l'UPAO © Cevaa |
La mission, comme indiqué plus haut, comportait deux volets : le premier concernait le suivi des boursiers de la Cevaa présents à l'UPAO (Université Protestante d'Afrique de l'Ouest) ; le second, des enseignements dispensés à la Faculté de théologie. Elle s'est déroulée du 6 au 14 mai 2018 ; elle a permis au Secrétaire exécutif responsable du pôle Animations, Samuel D. Johnson, de rencontrer les quatre boursiers dont la Cevaa soutient actuellement les études au sein de l'UPAO. Il s’agit de :
- Pierrot Fabrice IDOSSOU
- Edward SANVEE
- Fabrice WINMAYI
- Kossi MAMAN
Les trois premiers vont à la fin de l’année académique obtenir leur Licence en théologie, tandis que le quatrième devrait passer en deuxième année de formation.
L'UPAO fait partie des universités avec lesquelles la Cevaa est en lien. Son origine remonte aux années 20, avec la création à Porto-Novo, dans le quartier Adjarra Docodji, d’une «École Catéchétique» ; elle a pris officiellement le nom d'Université Protestante de l’Afrique de l’Ouest en 2003, et fait partie, avec celle de Yaoundé (Cameroun) et celle de Butaré (Rwanda), d'un réseau de trois universités protestantes créées au début des années 2000 par une volonté commune de responsables d'Églises et d'institutions de formation théologique. Si, historiquement, elle s'est développée autour de la formation théologique, elle comporte aujourd'hui plusieurs branches distinctes : l'Institut des Sciences de Gestion et de Management, la Faculté de Théologie et des Sciences Religieuses, et l'Institut des Sciences de l'Éducation et de la Formation. Elle compte 700 étudiants et 57 professeurs (permanents, associés et visiteurs).
«Savoir accueillir la différence comme une chance»
Pour aller plus loin : |
Cette université est aussi en lien, depuis de nombreuses années, avec deux institutions catholiques, le Grand Séminaire Saint-Gall de Ouidah et le Grand Séminaire Monseigneur Louis Parisot de Tchanvédji. L'histoire de ces relations œcuméniques remonte à 1968, avec un premier rapprochement initié par le pasteur Pierre Cadier et le père Albert Nanin, alors respectivement directeur de l'École de Théologie de Porto-Novo et recteur du Grand Séminaire Saint-Gall de Ouidah. L'arrivée du Grand Séminaire Monseigneur Louis Parisot de Tchanvédji en 2006 a renforcé le processus. La présence du Secrétaire exécutif de la Cevaa à Porto-Novo a précisément coïncidé avec la célébration du cinquantenaire de ces relations. Samuel D. Johnson souligne la qualité de cet «œcuménisme vécu entre catholiques et protestants, marqué à la fois par de très bonnes relations sur le plan académique et par des rapports humains très forts, qui se traduisent par une très bonne relation de travail.»
Un œcuménisme qui va bien au-delà des relations informelles : les trois institutions se sont dotées d'un statut qui précise par exemple, dans son article 3, que «le mouvement œcuménique vise à contribuer à la fraternité entre les trois institutions, par la prière commune, la connaissance mutuelle, les travaux de dialogue et d'exposé de thèmes, l'apport de nos ressources alimentaires et financières à quelques institutions telles que : les orphelinats, les centres d'insertion sociales, etc. lors de la Journée caritative et Sportive». Cette journée est abritée chaque année par l'une des trois institutions, qui choisit à quoi seront affectés les dons. Mais le point culminant de ces relations est la «Grande Journée» œcuménique, qui rassemble une fois l'an les trois institutions autour d'une célébration commune, d'un exposé-débat, d'un repas partagé et d'activités culturelles et ludiques. Les sujets abordés lors de ces débats, développés aussi bien par des pasteurs ou des prêtres, que des étudiants, ne se contentent pas de célébrer la bonne entente commune mais abordent des préoccupations qui touchent les protestants comme les catholiques. On y trouve ainsi des thèmes tels que «La formation des prêtres et des pasteurs» (1976), «Le chrétien et la politique» (1981), «Le chrétien face à la sorcellerie et à la médecine traditionnelle» (1982), ou encore, plus récemment, «Les NTIC : atouts et obstacles à l'œuvre de l'évangélisation» (2003).
Vue de la bibliothèque de l'UPAO © Cevaa |
La première de ces «Grandes Journées» avait marqué, le 25 janvier 1968, la naissance du mouvement ; c'est donc le jubilé de ces rencontres annuelles qui était célébré en ce mois de mai 2018. Signe de la reconnaissance qu'a acquis ce mouvement réunissant les trois institutions, «l'évêque chargé des relations œcuméniques au sein de la conférence épiscopale du Bénin était présent au culte d'ouverture», souligne Samuel D. Johnson. Il s'agit de Mgr Clet Fèliho, évêque du diocèse de Kandi, dans le nord du pays. Pour le pasteur Martin Akpo, de l'UPAO, l'un des intervenants lors des célébrations, «une Église unie, c'est une Église qui témoigne de la présence de Dieu en son sein.» Une déclaration à laquelle semble faire écho celle du père Dagbédji Alberto Houedanou, formateur au Grand Séminaire Monseigneur Louis Parisot de Tchanvédji : «En tant qu'éducateur et formateur, j'estime que c'est une grâce œcuménique pour nos communautés éducatives protestantes et catholiques de savoir accueillir la différence comme une chance et non comme un obstacle. C'est cela qui nous ouvre aussi à la sagesse et à l'écoute.»