Bénin : la radio Hosanna FM ravagée par un incendie
Avant l'incendie, le directeur d'Hosanna FM observant le montage d'une émission © F. Lefebvre |
Malgré la catastrophe, Hosanna FM continue à émettre. Avec les moyens du bord... Le tout est de savoir dans quelles conditions elle pourra poursuivre. Dans quelles conditions les permanents pourront tenir : trois techniciens qui, avant le drame, se relayaient comme ils pouvaient pour assurer une diffusion quotidienne de 6 heures à 23 heures, un journaliste, trois animatrices et un animateur – deux en langue nationale Gun, une en langue Yoruba...
Avant l'incendie, déjà, il n'était pas rare que le personnel de la radio doive dormir sur place. En une journée, leur quotidien, déjà difficile, a basculé. L'incendie qui a ravagé les locaux de la radio de l'EPMB (Église protestante méthodiste du Bénin) a eu lieu le vendredi 19 janvier. Il n'a fait aucun mort, mais il a provoqué des dégâts matériels très importants, comme en témoignent les photos illustrant cet article. Il semble avoir eu une origine électrique ; des membres du personnel, très affectés, ont évoqué un climatiseur comme source possible du sinistre. La radio a subi des pertes terribles : le matériel fixe de la station, le mobilier, les studios - tout a été détruit.
Hosanna FM : un long combat
Une des premières images des dégâts après l'incendie © Hosanna FM |
L'histoire de Radio Hosanna témoigne déjà d'un long combat. Pendant 15 ans, le projet a été bloqué sur le plan administratif – 15 longues années de dossiers à faire et à refaire, qui étaient présélectionnés, sélectionnés, avant de rester encalminés par suite de problèmes internes à l'Église ou d'un changement de législation... Un délai interminable qui s'est traduit notamment par une irremplaçable perte de compétences : ceux qui avaient été formés pour faire partie de la future équipe ont bien dû trouver un autre emploi... Et lorsque tout s'est débloqué, lorsque l'autorisation d'émettre a enfin été attribuée à la radio de l'EPMB en mars 2013, il a fallu tout mettre sur pied en trois mois sous peine de perdre cette fréquence si chèrement conquise. Trois mois pour construire les bâtiments, trouver et installer le matériel (dont l'impressionnante antenne à haubans), reconstituer une équipe...
Durant cette phase, l'aide des partenaires de l'EPMB (Cevaa, Défap, DM-échange et mission) a été précieuse. De la Suisse est venu un soutien sous forme de matériel ; de France, des compétences techniques, avec l'envoi d'un formateur, Alain Meyer. Il a fallu constituer une grille de programmes et parvenir à la respecter. Faire ses preuves auprès de la Haute Autorité de l'Audiovisuel et de la Communication, arbitre suprême seul habilité à attribuer... ou retirer les fréquences des radios au Bénin. Trouver et fidéliser des auditeurs. Convaincre les paroisses elles-mêmes de l'utilité de financer un projet aussi ambitieux : une équipe de permanents de 15 personnes, des locaux et du matériel professionnel, un émetteur puissant, un budget de 63 millions de francs CFA...
« Une dépense de souveraineté pour l'Église »
Les traces des flammes dans le studio d'enregistrement © Hosanna FM |
Aujourd'hui, Radio Hosanna émet depuis environ un an et demi. Elle a célébré, le 11 août 2014, son premier anniversaire. Installée dans le quartier Tokpota, dans la banlieue de Porto-Novo, capitale administrative du Bénin, elle a l'autorisation d'émettre dans un rayon de 70 km. Ce qui inclut la métropole Cotonou et sa grande banlieue, région la plus densément peuplée de tout le pays, soit entre deux et trois millions d'auditeurs potentiels. Et elle touche toutes les catégories de la population, de toutes confessions : protestants, catholiques, musulmans...
Tout ceci fait de Radio Hosanna un instrument privilégié de témoignage de l'EPMB. Dirigée par le pasteur Raphaël Houessou, qui cumule aussi les casquettes de chef du service des programmes et de l'information, elle affiche dans sa grille d'émissions aussi bien une partie « Informations ecclésiales » (action de grâce, dédicace de robe, lancement d'album), que des catégories « Nation », « Interculturalité »... Les programmes sont appréciés, et quand une association a été créée pour soutenir la radio, des auditeurs musulmans sont venus manifester leur sympathie à l'équipe.
Avant l'incendie, le fonctionnement d'Hosanna FM était fragile, mais elle avait trouvé son public et fait ses preuves comme instrument de témoignage de l'Église. Qu'en sera-t-il demain ? Radio privée et confessionnelle, Hosanna FM doit compter, pour la totalité de son financement, sur les paroisses de l'EPMB. En août dernier, déjà, le pasteur Raphaël Houessou les appelait à un soutien plus actif, en plaidant : le financement de cette radio, « c'est une dépense de souveraineté pour l'Église ». Pour sa part, le pasteur Nicodème Alagbada, président de l'EPMB, se préoccupe aussi de la poursuite des activités d'Hosanna FM: « Il me faut dans le meilleur délai, a-t-il indiqué, trouver des moyens financiers pour remettre [en état] cet instrument bien apprécié et bien reçu en milieu musulman et aussi par les catholiques, les évangéliques et les adeptes du Vodoun [culte originaire de l'ancien royaume du Dahomey, NDLR]. C'est un défi majeur pour l'Église qui se réunit en synode général du 24 janvier au 1er février 2015 à Porto - Novo sous le thème : ... Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. »
Ci-dessous, retrouvez une série de clichés qui nous sont parvenus de Porto-Novo, envoyés par le personnel de la radio, et montrent les dégâts subis par Hosanna FM :