Séminaire Église et santé : quelles relations avec les Etats ?
Séminaire "Église et santé" au Togo
Le Dr Daniel K. Adossi, de l'hôpital Bethesda Agou, Togo - DR |
L’être humain est un Tout et son salut doit être intégral : Esprit – Corps et Ame.
Nous connaissons tous ce dicton latin : « men sana in corpore sano » (un esprit saint dans un corps saint). Nous retrouvons dans Luc. 4, 18-19 que le salut, la délivrance et la guérison forment un TOUT.
Fidèles à notre Seigneur Jésus-Christ, fidèles à la mission qu’il a confiée à ses apôtres, bref, fidèles au message de la Bible, à savoir, une vision globaliste de l’être humain et de la vie, les missionnaires puis les Eglises sont convaincus qu’en plus de l’œuvre de propagation de la foi, l’Education et la Santé font également partie de leur mission. D’où la création (souvent même avant les Etats) des centres d’éducation et de santé dans nos pays.
Les thèmes : "TOUT L’EVANGILE A TOUT L’HOMME" et "LA VIE, LA VIE EN ABONDANCE" qui ont fait l’objet d’études, de discussions et de formations au sein de l’EEPT des années durant, viennent démontrer si besoin était, l’importance que revêt cette approche globaliste de l’HOMME aux yeux de notre Eglise.
Les structures de Santé (et d’Education) qui au départ étaient conçues pour être accessibles à tous, même aux couches sociales les plus pauvres et les plus défavorisées (Hôpitaux de charité avec appui extérieur) se sont retrouvées confrontées à d’énormes difficultés dues entre autres aux difficultés socio-économiques internes de nos Etats, à la conjoncture économique planétaire entraînant une baisse significative voire une suspension pure et simple des subventions et appuis extérieurs.
Au même moment, nos Etats ont de plus en plus de difficultés pour assumer pleinement leur rôle de garant de la Santé des populations.
Dans ces conditions très difficiles où la survie même de nos institutions médicales est menacée et conscient du fait que les Eglises ne sauraient se substituer aux Etats dans leur rôle pour résoudre les problèmes de santé des populations que doit être :
- L’attitude des Eglises qui sont convaincues que la « guérison » fait partie de leur mission prophétique envers les établissements.
- Quel type de relation doit lier nos Eglises et nos Etats dans l’accomplissement de cette mission ?
1) Attitude des Eglises envers leurs institutions médicales.
- Au lieu de considérer les œuvres médicales comme des structures pouvant "alimenter" les caisses centrales des Eglises pour leur fonctionnement ;
- Au lieu de laisser les institutions médicales se comporter comme des entités indépendantes qui ne sont parfois confessionnelles que de nom ;
- Au lieu de laisser les œuvres médicales se débattre toutes seules en cas de difficultés comme des orphelines ;
Pour aller plus loin :- Séminaire "Église et santé" au Togo - Séminaire "Église et santé" : La pertinence des œuvres confessionnelles de santé en Afrique aujourd'hui - Les objectifs du millénaire : voir cet article sur le site de l'Onu - Les objectifs du millénaire : voir cet article sur le site de l'Onu - L’initiative de Bamako : voir cet article - Les qualités de l'offre de soins confessionnelle en Afrique subsaharienne : voir cet article sur le site de l'Institut de Recherche pour le Développement |
Les Eglises se doivent de s’approprier de leur chose qu’est l’œuvre médicale confessionnelle et doivent en faire une de leurs priorités.
Elles doivent se comporter en véritables parrains en ayant un droit de regard sur le centre (formation, recrutement, gestion, suivi, évaluation, etc.) pour que ces structures soient effectivement des lieux de témoignage vivant de l’Evangile (crainte de Dieu, amour de son prochain).
Les Eglises doivent passer par tous les moyens, doivent tout mettre en œuvre pour mobiliser les ressources en vue de maintenir ou d’améliorer l’accès équitable aux soins de service de qualité pour les populations, surtout celles qui sont pauvres et marginalisées. Elles doivent améliorer la couverture sanitaire à ces populations en agissant sur les infrastructures (réhabilitation des structures existantes, construction de nouvelles structures), en agissant sur le personnel (formation, recrutement de personnel qualifié, conditions optimales de travail) et en agissant sur les équipements (les individus le font. Pourquoi pas les Eglises ?).
Parallèlement, les Eglises doivent agir en amont en mettant un accent sur la Prévention de Maladies en créant des cadres corrects d’hygiène corporelle et de vie, en menant une lutte féroce contre la pauvreté, en aidant progressivement l’HOMME à faire le choix entre la Vie en dehors de la PAROLE DE DIEU entraînant la maladie et la mort, et la VIE enracinée dans la Parole de Dieu source de bien-être et garant de la Vie Eternelle.
2) Relation entre les Eglises et les Etats
Nous l’avons dit plus haut : quels que soient les efforts de nos Eglises, elles ne sauraient se substituer à nos Etats qui sont après tout les premiers responsables de la Santé et du bien- être des populations.
Les Responsables des Eglises doivent donc faire des plaidoiries pour que les Etats deviennent leurs PARTENAIRES privilégiés.
En aidant les Eglises, les ETATS s’aident eux- mêmes dans la gestion des problèmes de Santé des populations, car :
- En voyant ce qui se passe de nos jours dans les hôpitaux publics où la corruption à haute dose et le désordre sont de règle (ayons le courage de le dire) ;
- En considérant que la Médecine privée n’est accessible qu’à une infime partie de la population ;
- En considérant l’épineux problème de « Faux médicaments » auquel sont confrontées les populations de notre sous-région.
L’aide aux structures sanitaires des Eglises constitue une alternative sérieuse pour nos Etats en attendant la couverture sociale pour TOUS (qui n’est pas pour demain).
CONCLUSION
Devant les difficultés énormes que connaissent les œuvres médicales confessionnelles aujourd’hui, nos Eglises, si elles veulent accomplir la mission de guérison, n’ont plus le choix.
Elles doivent prendre leur responsabilité et faire de la santé une priorité sinon la priorité.
Pour ce faire, une collaboration franche avec les Etats qui doivent être des partenaires et non des concurrents, est indispensable pour le bien être de nos populations en attendant que l’objectif du millénaire "SANTE POUR TOUS" devienne un jour réalité.
AKPE NA MI !!!
Dr Daniel K. ADOSSI HOPITAL BETHESDA AGOU / TOGO