Les centres confessionnels de santé : quels enjeux à travers l'histoire ? — Communauté d'Églises en mission

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Cevaa - Communauté d'églises en mission

Les centres confessionnels de santé : quels enjeux à travers l'histoire ?

Les œuvres de santé ont une histoire déjà longue : leurs origines se confondent avec celles des institutions hospitalières elles-mêmes, qui selon les époques ont pu tantôt prendre soin des indigents et étrangers sous l'impulsion des Eglises, tantôt devenir des instruments de politiques de santé publique échappant à toute considération spirituelle. Pour les missionnaires, les œuvres de santé faisaient partie intégrante de l'annonce de l'Evangile. L'éclairage de Célestin Kiki, Secrétaire général de la Cevaa, à l'occasion du séminaire "Eglise et santé" qui s'est tenu au mois de mai au Togo.
  Séminaire "Église et santé" au Togo 

 

Célestin Kiki lors du séminaire Église et santé (DR)

Les Eglises d’Afrique, sous l’initiative et l’impulsion de leurs missionnaires, ont réalisé quelques œuvres à caractère social et évangélique pour témoigner leur souci à promouvoir, non seulement le bien-être spirituel de ceux et celles à qui elles annoncent l’Evangile de Jésus-Christ, mais aussi pour leur bien-être matériel, médical et physique.

A la prédication missionnaire s’ajoutent donc les œuvres de témoignage qui viennent en concrétisation de l’Evangile : éducatives, sanitaires, agricoles, etc. Tout cela dans le but d’apporter une contribution efficace au développement du monde rural, d’où ‘Tout l’Evangile à tout l’Homme’. C’est la dimension diaconale de la vie de l’Eglise.

Dans le vocabulaire chrétien, l’œuvre médicale de l’Eglise est une institution de témoignage social en faveur des malades. Elle trouve son origine en Dieu en ce qu’elle s’inspire de la mission salvatrice de Jésus-Christ au cours de son ministère terrestre (Jn.9). Jésus a, non seulement annoncé le Royaume dont il est le messager, mais il a guéri et sauvé comme signe avant-coureur du salut total qu’il veut accorder à tous ceux qui croient en Lui.

L’œuvre médicale a pour mission de s’occuper de la santé et du bien-être de l’homme dans toutes ses dimensions. Il s’agit de tout ce qui participe du maintien de l’équilibre de l’homme en rapport avec lui-même, tant au plan vertical (avec Dieu) qu’horizontal (avec les autres). En créant l’institution sanitaire, l’Eglise a opté en toute responsabilité de prendre soin de l’homme dans l’optique de sa prise en charge pour la protection et la promotion de sa santé.

Les œuvres médicales confessionnelles à travers l’histoire

L’histoire nous renseigne que ce qui est appelé hôpital de nos jours a évolué par étapes successives. Avant sa laïcisation et sa modernisation grâce à la science, il a été une œuvre de l’Eglise en faveur des indigents et des étrangers en réponse à sa mission prophétique et évangélique.

Des Pères de l’Eglise aux Réformateurs

L’être humain en situation de maladie a toujours été au centre des préoccupations des Pères de l’Eglise, tellement l’amour pour Dieu implique irrésistiblement l’amour pour l’homme, qui plus est malade. Ils sont ainsi sur les traces de Jésus. C’est la raison d’être de la naissance des hôpitaux, des maisons d’hospitalité.

L'intérieur d'un hôpital à Paris (G. Julien, "Le Journal illustré", 1883)

Durant l'Antiquité, l'hospitalité, l'aide et l'assistance se pratiquent dans les maisons privées et sont conçues comme des obligations familiales ou ressortant de quelques groupes particuliers où l’on cotise volontairement.

Le IVe siècle a vu la naissance d'une grande innovation dans le domaine médical : l'apparition de l'hôpital dont les premiers fondateurs furent justement les Pères de l'Eglise ; le cas du Père Basile en particulier en est une illustration. Son hôpital de Césarée servira de modèle aux nombreux établissements du même genre qui vont se multiplier rapidement à travers tout l'Orient byzantin.

Réformateur du monachisme avant de devenir évêque, Basile a fixé comme tâche principale à ses moines, outre la prière, le service des pauvres. Une fois évêque, Basile a construit une véritable ville nouvelle, sorte de grand monastère. L'ensemble, qui est terminé en 374, a pris le nom dans l'histoire de Basiliade. Il comprenait un hôpital pour soigner les malades et son fondateur avait mis en place un personnel compétent composé de médecins, d’infirmiers et d'autres catégories d'auxiliaires.

Les hôpitaux sont donc une création de Byzance ou plus exactement de l'Eglise de l'Empire byzantin dans le souci de prendre soin, à la suite de Jésus, de ceux qui vivent la douleur.

L'organisation définitive de l'hôpital revient à l'empereur Justinien (527-565). Cette réforme concerne la spécialisation des différents établissements, la qualification du personnel appelé à y exercer la médecine, ainsi que l'élargissement du recrutement des malades.

Notes et références :

1) www.plumesetmail.fr/files/chapitre-1-final,

2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire de l’hôpital, œuvre de bienfaisance.

3) P. M. HEBGA, Efficacité symbolique, Croyance et guérison. Etudes et documents africains, CLE, Yaoundé, 1973 p. 74.

4) Idem., p. 75.

5) Ibid, p.78.

6) Société des Missions Evangéliques de Paris, Mission médicale du Cameroun, Bulletin n°24, 12è année, Déc 1937, p.82.

7) Ibid, p. 61.

8) C. Gb. KIKI, Op. Cit., p. 35.

Au Moyen Âge, en Europe, les hôpitaux se trouvent étroitement liés à la religion puisqu'ils sont fondés par l'Église et administrés par des membres du clergé. L'idée d'assistance est fondée sur les consignes du Christ : accueil des humbles, miséricorde envers les affligés, puis par la suite, l'idéal de pauvreté s'ajoute à celui de la charité. Pour saint Augustin, l'assisté est un pénitent, et sa souffrance, soulagée par la compassion, est une occasion de rachat (1). Saint Augustin se situe ainsi dans l’une des logiques vétérotestamentaires qui considèrent la maladie comme résultant d’un péché. La guérison est alors une occasion du pardon qui débouche sur le salut.

Mais à partir du XIe siècle, la charité hospitalière devient une des formes concrètes de la spiritualité, laïque et cléricale. L'hôpital appartient au patrimoine ecclésiastique ; ainsi, il est placé sous l'autorité de l'évêque et les ressources financières des hôpitaux proviennent uniquement de la charité individuelle. L'hôpital ressemble beaucoup à une église : on voit se créer de nouveaux ordres spécialisés (Ordre du Saint Esprit, de Saint Jean de Jérusalem…) et son architecture est très largement inspirée des monuments religieux.

Bien plus tard, les hôpitaux étaient devenus de hauts lieux de mendicité. Ainsi, de plus en plus, des abus et des désordres financiers viennent ternir la vocation ecclésiastique de l’hôpital à savoir la bienfaisance. Pour pallier à ce phénomène, les Révolutionnaires avec à leur tête de La Rochefoucauld-Laincourt, entre 1789 et 1791, ont pris parti de la fermeture des hôpitaux afin de confirmer leur programme de lutte contre la mendicité.

Les hôpitaux sont confisqués aux congrégations religieuses en 1790 et un décret du 23 messidor de l’an II 1794 nationalise les hôpitaux. Le 7 octobre 1796, la situation des hôpitaux étant devenue plus critique qu’auparavant, le Directoire remet aux communes la gestion des hôpitaux (2 : voir cet article de Wikipedia : "Histoire de l’hôpital", section "œuvre de bienfaisance").

 

Autres repères historiques

Bibliographie sommaire :

BONOU E. ; Œuvre Médicale de l’Eglise Protestante Méthodiste du Bénin : Nécessité et Jalons d’une Pastorale de la Santé, thèse de doctorat en Théologie, Yaoundé, 2012, inédit.

GAGNEBIN L., Christianisme spirituel et christianisme social, Genève, Labor et Fides, 1987.

HEBGA M. P., Efficacité symbolique, Croyance et guérison. Etudes et documents africains, CLE, Yaoundé, 1973.

KIKI C. Gb., L’Eglise Protestante Méthodiste au Bénin (EPMB) face à ses œuvres de témoignage de 1960 à nos jours (1989), Mémoire de maîtrise, FTP, Yaoundé, 1990, inédit.

MOTSEBO S., L’Eglise et les souffrants, de la pratique ecclésiale face à la souffrance, Thèse de doctorat, IPT Montpellier, 1980, inédit.

NOMENYO S., Tout l’Evangile à tout l’homme, CLE, Yaoundé, 1967.

Société des Missions Evangéliques de Paris, Mission médicale du Cameroun, Bulletin n°24, 12è année, Déc. 1937.

Quelques articles relatifs au sujet sur internet :

www.plumesetmail.fr/files/chapitre-1-final,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire de l’hôpital, œuvre de bienfaisance.

L’histoire de l’œuvre missionnaire au Bénin nous renseigne que même si les missionnaires avaient pour premier objectif l’annonce de l’Evangile, de la Parole de Dieu aux hommes en vue de leur salut en Jésus-Christ, il importe de reconnaître qu’ils avaient aussi le souci du bien-être social, physique, moral et spirituel des populations. Le souci qui a motivé la création de ces œuvres était triple : d’une part accorder du prix à la dimension diaconale de l’Evangile, d’autre part soutenir la mission pour un autofinancement de l’Eglise et enfin aider les populations à recouvrer un équilibre psychique, intellectuel, social en vue du développement social et ce, à moindres frais. Ainsi, au cours de leur ministère, quand les missionnaires constatent la dégradation de la santé des néophytes, ils leur portent assistance avec les soins de première nécessité. Ces produits de première nécessité étaient des prévisions pour leurs besoins personnels et ceux de la famille. On peut admettre que la pratique missionnaire du tout début a été pleine de bonne volonté, mais peu savante. Au cours de la mission, chaque missionnaire a toujours été capable de désinfecter une plaie ou de distribuer un sachet de quinine. Dans les cas graves, il s’adressait au médecin de l’hôpital le plus proche (3). En d’autres termes, c’est quand les maladies ne guérissaient pas vite et prenaient une autre ampleur ou dépassaient leurs compétences que les missionnaires se réferraient aux hôpitaux.

De plus en plus, la guérison des petites maladies devenait une œuvre si impressionnante et incroyable à tout point de vue aux yeux des populations qu’ils installaient des paillotes pour y prendre soin des malades. C’était une médecine avec des moyens extrêmement simples. Les indigènes(Africains) à ces débuts, finirent par donner leur confiance aux représentants de la nouvelle médecine (4). Ceci s’explique par le fait qu’un nouveau bien a toujours attiré l’attention à ses débuts.

La santé physique préoccupait tellement les missionnaires qu’ils ont érigé partout en Afrique des dispensaires et hôpitaux. D'où cette citation de Nicolas Ossama, qui évoque une activité missionnaire "impressionnante par l’édification d’hôpitaux et de dispensaires ; de maternités et de pouponnières, bref, des institutions matérialisant le souci de la santé corporelle des hommes, l’œuvre de guérison physique est rendue encore plus édifiante par la qualité de l’engagement personnel de certains personnages célèbres" (5).

Selon ces missionnaires, le sens missionnaire de l’argument médical ne réside pas dans une attitude de prosélytisme direct mais de donner de conseil qui orientera vers une conception chrétienne de la vie quotidienne6. Cette pratique médicale consiste à accomplir la mission d’évangélisation avec le plus d’amour possible. Ce faisant, ils seront des témoins actifs du Christ. Cependant, pour certains missionnaires et pour beaucoup d’indigènes, l’effort de guérison n’est qu’un moyen de conversion au christianisme. Ainsi, guérison et croyance se situent dans une dynamique étroite de cause à effet que l’on ne saurait dissocier. Elles sont donc inséparablement liées étant donné que les Evangélistes bibliques se sont accordés pour montrer que le leitmotiv du ministère terrestre de Jésus c’est : Jésus sauve et guérit (Mtt.15, 30 ; Mc1, 34 ; Lc 7, 21 ; Jn.5, 8).

Fondements théologiques

Séminaire Église et santé : photo des participants (DR)

Les raisons théologiques qui sous-tendent l’œuvre médicale sont innombrables. En effet, pour les évêques, l’œuvre médicale ecclésiastique trouve son fondement dans le fait que le rôle de l’Eglise est d’accompagner les services de santé à plein temps comme moyens d’accomplir un service chrétien continuant l’œuvre de guérison de Christ. Avec le temps, elle a établi des liens visibles entre la prière, la parole, les sacrements, et les visites de sollicitude aux malades les structurant selon le territoire de la paroisse. Ces différentes activités font partie de l’unique ministère chrétien de miséricorde et de guérison.

L’Eglise est une fraternité appelée à guérir ; la vocation des assemblées chrétiennes est de bâtir une véritable attitude de foi, d’espérance et de charité afin que Christ puisse exercer, aujourd’hui comme hier, son œuvre de guérison.

A analyser de près les œuvres accomplies par ces missionnaires, il existe en réalité un fondement théologique puissant qui les sous-tend. Pour ces envoyés, "la mission médicale dépend de ce Seigneur qui s’est placé entre les vivants et les morts afin de briser d’une façon plus complète, dans un sens plus profond que ne peut le faire la science médicale, la puissance de la mort. Elle se rattache au service sacerdotal et a le caractère d’un témoignage. Sans ce caractère, elle ne serait pas mission. C’est par l’amour mis au service d’autrui que les paroissiens forment un organisme vivant, un corps dont Christ est le Chef. En conséquence, la paroisse qui ne se soucie ni des malades, ni des pauvres, ni des gens en danger moral n’est pas une communauté chrétienne. Il faut qu’elle donne des signes visibles de sa miséricorde(7).

Il va sans dire que toute communauté chrétienne a besoin de donner les signes tangibles de sa vitalité par les œuvres en faveur des gens en situation, autrement, il vaut mieux qu’elle ferme ses portes.

Il existe, en réalité, un lien indissoluble entre la mission médicale, l’ordre missionnaire et la mission entière. Trois motifs le témoignent :

  • Premièrement, la mission médicale a été initiée originellement pour prendre soin de la santé des envoyés. De fait, il faut savoir prendre soin de la santé des missionnaires qui sont en terre étrangère et pour qui les conditions sont défavorables. C’est donc le souci du bien-être humain des missionnaires envoyés qui a motivé l’instauration de la mission médicale.
  • Deuxièmement : la mission médicale n’a pas pour seul but de guérir. Son devoir principal est en tout cas de soigner. La mission ordonnée par Jésus-Christ étant tout autre chose que propagande et prosélytisme, il est défendu au médecin et à la sœur missionnaire de profiter de la situation des malades livrés entre leurs mains pour les faire chrétiens. Les cliniques missionnaires ne sont pas des pièges à conversion
  • Troisièmement : L’implantation des hôpitaux par les missionnaires a son sens dans le fait que l’œuvre médicale relève du témoignage de la mission, telle est la 3è réponse. Les secours médicaux sont donnés simplement car la mission médicale a le caractère d’un témoignage, c’est-à-dire qu’il veut montrer le Christ et laisser toute la place au Grand Médecin du corps et de l’âme.

La mission médicale relève de ce fait de la dimension diaconale et doit interpeller l’Eglise dans l’élaboration et la mise en œuvre de sa vision.

Pour aller plus loin :

- Séminaire "Église et santé" au Togo

- Séminaire "Église et santé" : La pertinence des œuvres confessionnelles de santé en Afrique aujourd'hui

- Les objectifs du millénaire : voir cet article sur le site de l'Onu

- Les objectifs du millénaire : voir cet article sur le site de l'Onu

- L’initiative de Bamako : voir cet article

- Les qualités de l'offre de soins confessionnelle en Afrique subsaharienne : voir cet article sur le site de l'Institut de Recherche pour le Développement

Au Bénin, la première œuvre a commencé à Cotonou par le service de la Promotion Maternelle et Infantile de l’Eglise dont la gestion revenait aux épouses des missionnaires assistées de Mme Victorine HENRY, l’épouse du 2è président défunt de l’EPMB, Rév. Harry Y. HENRY. Cette œuvre était installée dans les locaux de la clinique du Dr WALCOFF et située dans les environs de l’actuel Lycée Coulibaly. A une époque donnée, l’Eglise déclarant son manque de moyens après le départ des missionnaires s’en est désengagée. Elle a alors confié sa gestion à l’Etat béninois. La politique sanitaire de l’Etat lui a permis de l’exploiter et d’en faire de nos jours un grand hôpital. Il a pris le nom de l’Hôpital Lagune et actuellement Hôpital de la Mère et de L’enfant (HOMEL). Il est devenu la propriété de l’Etat et donc son contrôle échappe définitivement à l’EPMB.

Dans les années 70, les missionnaires ont initié dans le département du Zou, une base de santé dénommée Base de Santé de Gbèlidji. Elle se situe dans l’actuelle commune de Za Kpota. Elle a été une initiative de l’équipe multiraciale d’évangélisation de l’ex AAC (Action Apostolique Commune) devenue aujourd’hui Cevaa. A ses origines, elle est, non un centre hospitalier mais une base de secours où viennent se faire soigner les malades. Elle dispose d’une infrastructure d’accueil et du matériel nécessaire pour les soins de première nécessité en faveur des malades de tout genre. Elle a été dirigée par des infirmières européennes diplômées d’Etat jusqu’en 1978, date à laquelle l’EPMB a intégré l’œuvre de l’AAC dans son ministère global d’évangélisation (8). Pour la survie de cette institution, des aides en produits pharmaceutiques ont pendant longtemps été envoyées à la Base. Ces aides provenaient pour la plupart de la Suisse, de Toulouse, etc. Elles permettaient de s’occuper des malades avec des soins à la fois curatifs et préventifs.

Accorder des soins préventifs était d’ailleurs l’un des objectifs de la Base. C’est pour cette raison que, en son sein, elle dispose du village des mères dont la mission première était la protection infantile et maternelle, étant donné que dans le temps, les décès des femmes des suites de couche étaient régulièrement enregistrés dans le milieu. Comme on le constate, se préoccuper de la santé d’un peuple, c’est y apporter des soins appropriés en tenant compte des aspirations socio-culturelles des populations dans une dynamique à la fois curative et préventive qui vise la protection de tout l’environnement de l’être.

Il y avait :

  • les sections de soins curatifs : traitement des maladies les plus fréquentes : paludisme, rhumatisme, bronchite, asthme plaies, angine, diarrhée, poliomyélite, rougeole, varicelle, oreillons, ulcères, etc.
  • les sections de soins préventifs : protection infantile et maternelle, rééducation nutritionnelle

Pour les missionnaires, les populations ont de maigres revenus et sont régulièrement exposées aux maladies dont elles guérissent difficilement. Certains évoquent la situation de pauvreté endémique dont il faut les délivrer. Une telle vision se situe dans la perception de l’œuvre missionnaire comme évangélisation-civilisation. Par contre, la lecture qu’il convient d’en avoir est l’Evangile dans sa double dimension à la fois spirituelle et sociale, l’Evangile intégral. ‘’Un esprit saint dans un corps sain’’, dit un adage populaire. Certains missionnaires l’ont compris et ont installé des dispensaires, centres de santé et hôpitaux.

Après le départ des missionnaires, des difficultés relatives à la gestion et à la survie de ces œuvres ont vu le jour. Elles ont malheureusement connu plus tard peu d’éclat et moins de succès pour des raisons d’ordre économique, de gestion, de personnel et de rendement. Elles ne sont plus subventionnées et on assiste à leur paralysie chronique voire la disparition de certaines d’entre elles.

Quel regard aujourd’hui ?

Les missions ont légué un certain nombre d’œuvres médicales aux Eglises. Cet héritage a été maintenu ou augmenté. Ces œuvres créées pour la plupart dans les années 60 ont permis aux Eglises de se structurer en ayant une vision plus large de l’évangélisation d’une part et d’éviter d’avoir un horizon étroit sur le ministère de salut en Jésus-Christ d’autre part. Il suffit de voir le rôle joué par tel ou tel centre.

Les œuvres médicales sont toutes de motivation évangélique, issues de l’action d’évangélisation des missionnaires. Elles apparaissent comme une réponse à la volonté du Seigneur Jésus-Christ contenue dans sa prédication de l’amour et du salut de l’homme (Luc 10, 25-37). Elles présentent toutes un caractère social et traduisent la solidarité des Eglises envers les malades.

Elles ont connu dans le processus de l’action de leur évolution des succès éclatants grâce auxquels elles ont acquis une très bonne réputation et une renommée à l’échelle nationale à certains endroits.

Aujourd’hui, ces œuvres connaissent peu d’éclat et moins de succès liés à des facteurs d’ordre économique, de gestion, de personnel et de rendement. Ces facteurs affectent et paralysent profondément l’évolution normale de ces œuvres. Celles qui ne sont plus subventionnées connaissent une paralysie chronique dans laquelle elles sont inactives voir mortes.

Il y a beaucoup à faire, car je pense qu’il n’est pas dans les intentions des Eglises d’Afrique (en tout cas) de se débarrasser de leurs œuvres médicales, pour se replier sur un fonctionnement où la parole et la liturgie seraient les seules formes d’action. Les Eglises doivent continuer à prendre au sérieux l’appel à annoncer « tout l’Evangile à tout l’Homme ».

Les œuvres des Eglises, ne doivent devenir en aucun cas des institutions philanthropiques. Elles doivent se référer constamment à la finalité qui est la leur, c’est-à-dire, vues à la lumière de l’Evangile de Jésus-Christ.

Elles ne doivent en aucun cas concurrencer celles de l’Etat. Elles sont toutes sur le même terrain et doivent collaborer, car il y a une imbrication entre le secteur public et les œuvres de l’Eglise.

Conclusion

Les Eglises dans leur vision d’évangélisation ne se sont pas bornées à la parole prêchée ou à la liturgie, mais elles se sont transportées au-delà de leurs quatre murs que constituent les temples pour aller vers les déshérités, les malades en créant des œuvres médicales qui sont les signes de la concrétisation de la célébration dans l’Eglise.

Ces œuvres ont eu des succès, mais force nous est donnée de constater qu’aujourd’hui, ces œuvres connaissent peu d’éclat et moins de succès.

Les Eglises doivent savoir que dans la recherche de vivre un christianisme au quotidien, un christianisme de vie, rien n’est acquis définitivement, aucune doctrine achevée ne peut prendre place. L’Evangile demeure le même, mais le contexte de vie dans lequel il s’intègre change. Pour ce faire, le souci qui est : « Tout l’Evangile à tout l’Homme », doit être repris, précisé et concrétisé. C’est la réflexion théologique appuyée sur des expériences passées et présentes et l’association de techniciens compétents qui donneront une orientation bonne aux œuvres médicales des Eglises.

par Célestin Gb. Kiki

Actions sur le document