« Être debout »

8e AG DE LA CEVAA
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Dimanche 12 octobre, 10h30 : le culte vient de commencer dans la petite église de M'bour, sur la côte sénégalaise, au cœur des terres de l'ELS (Eglise luthérienne du Sénégal) et en plein pays sérère. Au premier rang, la chorale est debout, frappant des mains au rythme d'une guitare ; dans le fond de la salle, près d'un quart des sièges sont occupés par des invités inhabituels. Ils sont issus d'une dizaine d'Eglises protestantes d'Europe ou d'Afrique, et tous membres du Conseil exécutif de la Cevaa.

La scène n'est pas spectaculaire : ce n'est pas une foule dans un stade. Elle ne pourrait pas servir à promouvoir l'action d'une ONG, comme une photographie prise lors de l'inauguration d'un dispensaire. Il serait difficile d'en évaluer les effets de manière quantifiable et chiffrée. Pourtant, ce qui se vit là est essentiel. C'est un moment concret de partage et de communion entre des membres d'une communauté protestante qui s'étend de l'Europe à l'Afrique, de l'Amérique latine au Pacifique, et qui représente 17 millions de chrétiens dans le monde.

La prédication a été confiée à l'un des invités, le pasteur Daniele Bouchard, de l'Eglise vaudoise d'Italie. S'il prêche pour la première fois en ce lieu, il n'est pas tout à fait en pays inconnu : des relations existent déjà entre la CEVI (Chiesa Evangelica Valdese de Italia) et l'ELS à travers la Cevaa. Des échanges de jeunes ont eu lieu entre les deux Eglises ; et un pasteur de l'Eglise luthérienne du Sénégal est en charge de la paroisse romaine de la CEVI depuis janvier 2014.

Le festin du monde, le festin de Dieu

Image du culte à M'bour

Cantiques du culte de M'bour : 1er extrait   Cantiques du culte de M'bour : 2ème extrait

Parmi les textes du jour, Daniele Bouchard s'attarde notamment sur le chapitre 25 d'Esaïe, et sur l'image du festin évoquée dans le verset 6. Ce festin auquel Dieu appelle tous les chrétiens pouvait sembler utopique à l'époque où ce texte avait été rédigé ; et plus encore aujourd'hui, alors que les écarts de développement grandissent entre les grandes régions économiques en croissance... et les autres. Cette image du festin, souligne le pasteur vaudois, pourrait être légitimement reprise pour décrire notre monde aujourd'hui. Mais un festin au cours duquel certains mangent trop et d'autres trop peu ; un festin à l'issue duquel tous tombent malades, victimes qui de leurs manques, qui de leurs excès.

S'agit-il de mieux partager les richesses ? Sans doute, mais pas seulement ; car tout focaliser sur les ressources matérielles expose au risque de nouveaux déséquilibres, aux jeux de pouvoir, d'influence. Or, ce n'est pas le festin auquel Dieu nous convie. Les convives y sont sur un pied d'égalité. L'un ne va pas y imposer ses vues aux autres parce qu'il a davantage contribué à alimenter le buffet. Dans ce festin voulu par Dieu, chacun a sa place et chacun est pleinement rassasié.

Présents dans l'assistance, Thierry Muhlbach et Célestin Kiki, le président et le secrétaire général de la Cevaa, sont invités à l'issue du culte à parler de la Communauté d'Eglises en mission aux paroissiens. Une Communauté au sein de laquelle, insiste Thierry Muhlbach, tous se tiennent ensemble, s'aident mutuellement à se tenir debout... dans un monde en proie aux tensions et aux violences, au sein duquel tant de mécanismes contribuent à rabaisser, humilier les hommes et les femmes. Et le président de la Cevaa met tout particulièrement l'accent sur les jeunes, qu'il invite à prendre pleinement leur place au sein de leur Eglise.