Retour sur le synode d'Avignon : « Beaucoup de chemin a été parcouru depuis Lyon »
Fiche d'Église : l'Église protestante unie de France
Laurent Schlumberger lors du synode national d'Avignon © Frédéric Genty, EPUdF |
Avignon a accueilli du 29 mai au 1er juin 2014, le 2ème synode de l'Église protestante unie de France, sous le thème : "Responsables et solidaires". Un an après celui de Lyon, qui avait vu la naissance officielle de l'EPUdF – aboutissement d'un travail de rapprochement engagé en 2007 – ce deuxième synode national était déjà un événement.
Dans son message d'ouverture, le pasteur Laurent Schlumberger, président du Conseil national, a évoqué ce premier anniversaire : « Beaucoup de chemin a été parcouru depuis. Et il faut le dire, tant avec lucidité qu'avec reconnaissance, ce chemin, considéré sous l'angle de la mise en œuvre de l'union luthéro-réformée, a été somme toute facile. »
« Cette sorte d'évidence, a-t-il encore souligné, a été vécue bien au-delà des instances nationales. » Et d'évoquer entre autres les « très nombreuses réactions à la mise en place de l'Église protestante unie de France, venues de communautés, oeuvres et mouvements, d'Églises-soeurs en France et à l'étranger, des organisations oecuméniques et de la société civile. Ce furent toujours des réactions positives, marquées d'une curiosité de bon aloi, parfois émues et montrant que cette union avait valeur d'appel dans d'autres contextes, y compris non religieux. Oui, tout cela nous conforte dans l'idée que cette union, maintenant réalisée, était mûre et que nous y avons été conduits. »
A propos du résultat des élections européennes
"On n'est pas Église toute seule" : © Frédéric Genty, EPUdF |
Mais le contexte politique n'a pas été oublié, avec les résultats des dernières élections européennes. La forte hausse du vote d'extrême-droite doit conduire à une vigilance sans faille à l'égard des phénomènes qui peuvent prospérer dans ce contexte : rejets, stigmatisations, logique de boucs émissaires... Cette vigilance relève d'abord de la responsabilité des élus et de l'autorité judiciaire... mais aussi l'affaire de chaque citoyenne et citoyen qui ne saurait renoncer à sa propre responsabilité à faire vivre la liberté, l'égalité et surtout la fraternité, trop oubliée.
Dans son message inaugural, Laurent Schlumberger a mis en parallèle la défiance révélée par ce vote aux européennes, « défiance à l'égard des autres et de l'avenir », et la confiance qui est au coeur de « nos convictions évangéliques les plus centrales ». Car « nous croyons que "Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son fils, son unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais qu'il ait la vie et qu'il l'ait en abondance" (Jn 3,16). Dieu tel que Jésus-Christ le fait connaître n'est pas un Dieu qui se défie du monde ou qui appelle à s'en retirer. Il ne l'a ni condamné, ni rejeté, ni détruit. Il l'aime, il le rejoint, il y plonge, il y manifeste une confiance inconditionnelle et première (...) Cette confiance-là est profondément libératrice. Elle appelle à l'engagement. Car puisque ma propre existence est digne d'une telle confiance de la part de Dieu, alors même que je n'y suis pour rien, pourquoi en irait-il autrement de toute autre existence ? »
Evolutions à long terme du christianisme dans le monde
Le pasteur Schlumberger voit venir une plus grande porosité entre confessions chrétiennes. Il a fait allusion aux personnes qui rejoignent l'Église protestante unie. « Elles sont motivées par bien d'autres aspirations, à commencer par l'aspiration à une communauté vivante, où elles seront accueillies, reconnues, nommées, nourries. » Et dans ce nouveau paysage, ce ne sera pas tant l'exactitude de la doctrine ou de la morale qui sera un critère de « vérité évangélique », mais bien d'avantage la « capacité de communion » dit-il.
Retrouvez dans l'encadré le texte intégral, à télécharger, de ce message d'ouverture. Et, ci-dessous, une interview en vidéo de Laurent Schlumberger, réalisée lors du synode d'Avignon, et diffusée sur le site de l'Église protestante unie de France : Laurent Schlumberger y évoque la référence au synode de Barmen, qui s'était tenu 80 ans jour pour jour avant le synode d'Avignon, et dont il a tenu à rappeler : « La déclaration de Barmen est toujours l'un des textes de référence de la Communion des Eglises protestantes en Europe, la Communion de Leuenberg, dont notre Église est membre, et dont la Concorde a directement inspiré la création de l'Église protestante unie. »