Un appel des Églises du Soudan du Sud
Texte d'origine de la déclaration, en anglais
11 janvier 2014
"Que mon peuple vive en paix et en harmonie"
Déclaration de l'Église du Soudan du Sud sur la crise politique et sur les violences
"Éternel, aie pitié de nous ! Nous espérons en toi. Sois notre aide chaque matin, Et notre délivrance au temps de la détresse !" (Esaïe 33:2) .
"Éloigne-toi du mal, et fais le bien ; Recherche et poursuis la paix." (Psaume 34:14)
Préambule :
Nous, l'Église du Soudan du Sud, en tant que serviteurs de Dieu et du peuple, et poussés par l'impératif évangélique de la paix et de la justice dans le cadre du Conseil des Églises du Soudan du Sud, affirmons par la présente notre foi ferme en Dieu, notre Père aimant et dans le Soudan du Sud, notre pays bien-aimé.
Rappelant les messages de nos précédents lettres pastorales :
-1999, Notre engagement d'union pour la paix,
-2002, Que mon peuple choisisse,
-2010, Choisir la vie : Une vision pour le Soudan pacifique.
Nous croyons sincèrement que l'être humain est créé à l'image de Dieu et doté de ce fait d'une dignité inaliénable. La vie humaine est sacrée et personne ne peut avoir le droit de la ravir (Exode : 20:13).
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Nous croyons que nous sommes une même nation et un même peuple. Nous sommes tous unis par le même destin, le même espoir et la même foi, indépendamment de nos origines. Cette nation est un don précieux de Dieu pour nous tous dans notre diversité. Nous devrions tous nous sentir appelés, individuellement et collectivement, pour la garder jalousement et nous engager à la protéger de toute entreprise visant sa destruction.
Mais nous sommes profondément attristés par la récente flambée de violence dans notre jeune et bien-aimé pays. Nous sommes choqués de voir des frères et sœurs s'entre-tuer. Ceux qui, ensemble, ont su lutter pour un objectif commun et ont donné leur vie pour obtenir le libre exercice de leurs droits démocratiques lors des élections nationales en 2010 ; qui ont été unis de cœur et d'esprit lors du référendum historique en 2011 ; et qui ont célébré avec joie l'indépendance chèrement conquise le 9 juillet 2011 ; ceux-là se sont désormais retournés les uns contre les autres en meurtres et représailles. C'est une abomination ! Nous exprimons donc nos condoléances et notre soutien aux familles et à la Nations du Soudan du Sud pour les vies perdues dans cette crise.
Nous sommes profondément peinés de voir ceux de notre peuple fuir leurs maisons par crainte de leurs propres compatriotes et s'entasser dans des camps de l'ONU, ou se disperser en pleine nature, ou être contraints de chercher refuge dans les pays voisins.
Nous avons le cœur brisé de voir que ce qui était un problème purement politique au sein du parti au pouvoir, le SPLM, se transforme rapidement en un problème ethnique, et ce avec une rapidité et une ampleur effrayantes.
Nous nous engageons à travailler pour la paix dans notre pays et envoyons ce message pastoral,
Message au Sud-Soudanais :
1. Nous avons commis des actions coupables envers nous-mêmes et envers nos communautés ; nous devons nous en repentir devant Dieu, et nous en repentir les uns devant les autres ; nous devons apporter cette guérison à nous-mêmes et à nos communautés. Nous avons subi un traumatisme et nous avons besoin de guérison.
2. Abstenons-nous de répandre des rumeurs au sein du peuple et des communautés du Soudan du Sud.
Message aux belligérants ( SPLM / A)
À la lumière de ce qui précède, nous appelons :
1. À la cessation rapide et inconditionnelle de toutes les hostilités partout dans le pays : nous croyons que le dialogue est le meilleur et le seul moyen légitime de régler les griefs et les questions en suspens entre les parties. La violence n'est pas une solution !
2. Le SPLM à honorer la confiance et le privilège que Dieu et le peuple souverain du Soudan du Sud lui ont donné pour diriger la nation ; à s'efforcer sincèrement et de bonne foi de résoudre tous les différends politiques, et ce de manière pacifique.
3. Toutes les parties prenantes du conflit et tous les dirigeants à cesser immédiatement de mobiliser et d'encourager leurs partisans et/ou leurs communautés à s'engager davantage dans la violence et la destruction ; et nous exhortons chaque partie à respecter la vie des civils dans lers zones de combat.
4. Toute personne qui a violé la constitution de la République du Soudan du Sud à être traduite en justice, et le gouvernement à s'assurer que force reste à la loi.
5. Le gouvernement et les parties prenantes du conflit à ouvrir de toute urgence des corridors humanitaires afin que les secours et l'aide puissent parvenir à ceux qui en ont besoin.
6. Nous exhortons les dirigeants des parties en conflit à parler un langage de paix en tout temps. Nous croyons qu'il ne s'agit pas seulement de faire la paix ; la paix doit aussi se retrouver dans les mots et s'exprimer par des actes.
Message à l'Autorité intergouvernementale sur le développement (IGAD), à l'Union africaine, aux Nations Unies et aux partenaires internationaux :
7. Nous apprécions la manière dont l'IGAD, les acteurs régionaux et la communauté internationale encouragent les parties à négocier, et nous les appelons à intensifier leurs efforts en vue d'une solution rapide au conflit.
Message aux Communautés œcuméniques :
Nous reconnaissons et apprécions l'accompagnement de nos partenaires œcuméniques tout au long de la guerre civile. Nous demandons maintenant à nos partenaires œcuméniques de poursuivre leur rôle de soutien en :
1. Promouvant des espaces et des plates-formes grâce auxquels le Soudan du Sud pourra engager un dialogue pour la paix et la réconciliation.
2. Mobilisant les réseaux d'ACT Alliance et de CARITAS pour apporter une aide humanitaire et des secours au Soudan du Sud.
3. Plaidant auprès de leurs gouvernements respectifs et des organismes intergouvernementaux pour qu'ils soutiennt les efforts de paix.
NOTRE ENGAGEMENT
Nous, l'Église du Soudan du Sud, nous engageons solennellement à :
1. Continuer à prier sans cesse jusqu'à ce que les parties belligérantes cessent le feu et mettent fin aux hostilités.
2. Soutenir nos prières par l'action en mettant en œuvre un processus de paix entre communautés. Nous allons mobiliser nos membres pour qu'ils participent à des délégations de paix, composées selon un principe de mixité ethnique, dans les villages et les communautés du pays. Établir la paix est d'abord et avant tout de la responsabilité et du devoir du peuple du Soudan du Sud.
3. Lutter contre les mauvais aspects de l'ethnicité. Dieu nous a créés en tant que membres de diverses communautés ethniques, mais les dirigeants politiques utilisent leurs identités ethniques respectives pour semer la haine et diviser le peuple sur des bases ethniques. Cette dérive doit être combattue par tous les moyens.
4. Bâtir sur cette journée de prière en jetant les bases d'une conférence, au cours de laquelle toutes les parties prenantes du conflit pourront réfléchir ensemble, et qui nous permettra de parvenir à un consensus national sur le Soudan du Sud que nous voulons. La souveraineté appartient au peuple et non à tel ou tel dirigeant, ou tel parti politique. Entendre la voix du peuple est d'une importance cruciale pour déterminer le destin politique de notre pays bien-aimé.
5. Participer activement à la construction de la nation, ce qui inclura la mise en place d'une constitution basée sur la volonté populaire, laquelle posera les bases qui permettront à notre peuple tout entier d'obtenir les fruits de la paix.
6. Travailler main dans la main avec nos partenaires œcuméniques et avec les amis du Soudan du Sud, afin que nous puissions contribuer, selon l'esprit du Pan-Africanisme, à des relations de bon voisinage et à trouver des solutions africaines aux problèmes africains.
Conclusion :
Dieu, dans ta grâce, pardonne-nous nos péchés et bénis-nous avec une paix durable en cette nouvelle année 2014 et au-delà. Nous te prions au nom de Jésus-Christ, et invoquons notre hymne national : Oh mon Dieu, bénis le Soudan du Sud... Amen.