Répondre à l’urgence humanitaire en RCA
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Paris, le 11 janvier 2014
Déclaration du Conseil du Défap - service protestant de mission, sur la situation en République centrafricaine
Répondre à l’urgence humanitaire en RCA
Le Conseil du Service protestant de mission - Défap (1), réuni à Paris les 10 et 11 janvier 2014, salue les initiatives de fraternité interreligieuse conduites par l’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga, le pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou, président de l’Alliance des évangéliques en Centrafrique, et l’imam Omar Kobine Layama, président de la Conférence islamique de RCA. Depuis un an, ils mènent ensemble des actions auprès des autorités publiques, dénoncent le recours à la force, multiplient les occasions de dialogue entre les religions, lancent des appels au calme pour la population. Ces hommes sont l’honneur du témoignage religieux en RCA, ils indiquent un chemin de réconciliation, ils doivent être soutenus.
Le conflit en RCA est-il un affrontement entre chrétiens et musulmans ? La réponse du pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou est un « non » catégorique. Il ajoute : « Ceux-là même qui utilisent le nom de la religion pour se livrer bataille ne sont pas pratiquants. » (2)
Le Conseil du Défap est conscient de l’isolement de la France au sein de l’Union européenne en ce qui concerne son intervention, au sein de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine), pour tenter de rétablir l’ordre. Cette intervention est perçue par certains comme la poursuite d’une politique néocoloniale. Elle se justifiait pourtant : la faillite de l’État centrafricain, les tensions interethniques, ont provoqué une profonde déstabilisation en République centrafricaine qui menace de s’étendre à toute l’Afrique centrale. S’y ajoute un risque d’affrontement entre un islam traditionnel et tolérant et un islam plus radical.
C’est pourquoi il nous semble urgent de répondre aux appels pressants que nos frères et sœurs de RCA nous adressent quotidiennement.
Le Conseil du Défap demande à la Conférence des Églises européennes de mobiliser ses Églises membres :
- pour qu’elles interpellent leurs gouvernements respectifs sur la gravité de la situation en Afrique centrale ;
- pour susciter une forte mobilisation parmi leurs membres et mettre en œuvre une aide humanitaire d’urgence à travers la plate-forme ACT Alliance (3), pour secourir les 1,8 million de personnes déplacées en RCA ou réfugiées dans les pays voisins.
Le Conseil du Défap demande aux autorités françaises de prendre l’initiative d’une action humanitaire d’urgence auprès des populations victimes de ce conflit. L’option prise par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) est d’attendre un relatif retour au calme avant de déployer du personnel humanitaire, mais les conditions dans lesquelles survivent les déplacés dans la zone de l’aéroport, à proximité des forces françaises, et dans la cinquantaine de camps provisoires de l’agglomération de Bangui sont proprement inacceptables. Nous demandons donc au gouvernement français de faire acheminer, sans plus attendre, des tentes, des latrines et une aide alimentaire d’urgence pour que ces personnes déplacées par milliers puissent être secourues.
Le Conseil du Défap s’adresse enfin aux chrétiens de France, pour qu’ils ne se laissent pas influencer par certaines interprétations simplistes sur le conflit en Centrafrique et qu’ils ne renoncent sous aucun prétexte à l’idéal qui est le leur : celui d’une humanité réconciliée sous le regard de Dieu. En acceptant de mourir par la violence des hommes, le Christ a abattu le mur de haine entre les peuples et les cultures (4). Nous voulons continuer à être parmi les acteurs de cette réconciliation, malgré tous les obstacles et toutes les provocations de ceux qui préfèrent la division à l’unité. Le Conseil du Défap appelle les chrétiens de France à la générosité et à la prière en faveur du peuple centrafricain.
Contacts presse :
Au Défap : Franck Lefebvre-Billiez, 01 42 34 55 55, defap.franck@gmail.com
A la Fédération protestante de France : Aude Millet-Lopez, 01 44 53 47 12, aude.millet-lopez@protestants.org
2) Hebdomadaire Réforme n°3543, 9 janvier 2014, p. 2-3
3) ACT Alliance est un collectif de plus de 130 ONG qui travaillent ensemble dans les domaines de l’assistance humanitaire, du plaidoyer et du développement à travers plus de 140 pays. Son secrétariat général est situé à Genève au siège du Conseil Œcuménique des Églises.
4) Lettre de Paul aux Éphésiens, chapitre 2, verset 14.