Syrie : trois ans après, le monde n'oublie pas
ACTUALITÉS ET FICHE PAYS
Le point sur la Syrie
>> La lettre adressée à François Hollande << et à >> Laurent Fabius <<
>> #AvecLesSyriens : veillée mondiale pour la Syrie 2014 <<
>> Appel de la FPF pour le peuple syrien (document original en pdf) <<
>> Infographie : la carte des réfugiés (www.lexpress.fr) <<
>> Dernières informations sur la Syrie (dossier sur .lemonde.fr) <<
>> "Brown Moses" : un blog de référence pour toutes les ONG sur la Syrie <<
Photo de la campagne #AvecLesSyriens : une petite fille lâche un ballon devant la tour Eiffel |
Où en est la Syrie au bout de trois ans de guerre ? Entre le 15 mars 2011, date marquant la première tentative d'organisation de la contestation, suite à l’arrestation de jeunes accusés d’avoir peint des graffitis anti-Bachar al-Assad, et le 15 mars 2014, le conflit a fait plus de 146 000 morts. Il a entraîné des destructions massives et des mouvements de population d'une ampleur telle qu'aujourd'hui, plus du tiers des Syriens ont dû fuir les combats. Sur les 2,5 millions qui se sont réfugiés à l'étranger, près d'un million se trouveraient aujourd'hui au Liban (ce qui représente le quart de la population libanaise, un afflux d'autant plus ingérable pour ce pays qu'il s'y mêle de nombreux miliciens anti-Bachar al-Assad). Entre 500 000 et 660 000 autres se trouveraient actuellement en Jordanie, 600 000 en Turquie. En Syrie même, 6,5 millions de Syriens sont déplacés à l'intérieur des frontières de leur propre pays. Et les nouvelles quotidiennes des affrontements, les noms de Yabroud, ville stratégique reprise par les troupes fidèles à Bachar al-Assad, de Zara, dans la province de Homs, qui a subi le même sort, ou de Yarmouk, dont la population se retrouve depuis des mois assiégée et affamée, ne laissent pas espérer une issue prochaine à ce conflit. Les négociations internationales s'avèrent stériles et certains craignent que cette guerre ne sombre dans l'oubli : telle est la crainte exprimée notamment par le nonce en Syrie, samedi 15 mars, dans un entretien publié par l’agence catholique Misna.
Mobilisation dans la rue... mais surtout sur les réseaux sociaux
Veillée dans le camp Zaatari, le plus grand camp de réfugiés syriens, en Jordanie - photo de la campagne #AvecLesSyriens |
Pour lutter contre ce risque d'oubli, un mouvement de soutien à la population syrienne, réunissant 116 organisations humanitaires et de défense des droits humains, s'est organisé du 13 au 15 mars 2014, trois ans jour pour jour après le déclenchement des hostilités. En France, où le lancement de la campagne avait été précédé de l'envoi d'une lettre ouverte au président François Hollande et au chef de la diplomatie Laurent Fabius, des centaines de personnes se sont rassemblées sur l'esplanade du Trocadéro, à Paris, samedi en fin d'après-midi. Le message #AvecLesSyriens s'est affiché en lettres lumineuses sur la Tour Eiffel à partir de 19 heures. Au sein de la petite foule, beaucoup de drapeaux syriens brandis, ou des ballons blancs lumineux reprenant en guise de mot d'ordre le hashtag #AvecLesSyriens. Le même soir, des veillées s'organisaient aussi un peu partout dans le monde, du camp Zaatari (en Jordanie) à Londres, de Paris à Washington, de Moscou au Soudan, de l'Australie à la Corée du Sud...
Il ne s'agissait pas, à proprement parler, de faire descendre des foules dans les rues ; plutôt de montrer l'écho que le drame syrien a aujourd'hui dans le monde entier, par des mobilisations ponctuelles relayées sur un site internet, www.with-syria.org, et sur les réseaux sociaux, avec le mot-clé #WithSyria (#AvecLesSyriens pour la campagne française). Et à travers ces veillées, il s'agissait de mobiliser les populations pour montrer aux politiques que la situation de la Syrie est un scandale international qui ne permet pas l'inaction. Des messages ont d'ailleurs été envoyés aux différents gouvernements, les appelant à agir pour « mettre un terme aux affrontements sanglants », « s'assurer que toutes les personnes dans le besoin aient accès à l'aide humanitaire» et «s'engager à mener des pourparlers de paix de manière inclusive ».
De nombreuses personnalités associées à la campagne
Veillée à Melbourne © Twitter |
Combinant manifestations symboliques et projections de messages lumineux sur des monuments publics, cette campagne a porté un message de solidarité dans une quarantaine de pays.
Parmi les organisations qui s'y sont associées, de nombreuses ONG laïques, mais aussi des mouvements d'inspiration confessionnelle : l'ACAT (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture), l'ACO (Action chrétienne en Orient), le Défap - service protestant de mission, Pax Christi, le CCFD - Terre solidaire, Christian Aid...
Elle a été relayée par de nombreuses personnalités politiques comme Madeleine Albright, Jan Egeland ou Lamberto Dini, des intellectuels comme Bertrand Badie ou Pascal Boniface, des figures du monde de l'entreprise comme Richard Branson, Tom Hulme ou Laurence Parisot, des grands noms du monde du spectacle comme Peter Gabriel, Dustin Hoffman, Agnès Jaoui, Christian Vadim... Sans compter bien sûr l'artiste Banksy, figure du « street art », à l'origine du logo de la campagne, l'acteur Idris Elba et le groupe Elbow, qui ont fait la bande-son du clip...
Le message de la campagne projeté sur la tour Eiffel © Ammar Abd Rabbo,Twitter |
De cette mobilisation sans précédent pour la Syrie, il reste des chiffres : près de 155 millions de tweets pour un mouvement qui a su conquérir une forte visibilité sur les réseaux sociaux, suscitant des messages de soutien de nombreuses personnalités publiques qui n'étaient pas impliquées dès l'origine de la campagne : David Cameron, Nick Clegg, William Hague, Javier Solana, Dominique de Villepin... De multiples photos, également : photos de petites filles lâchant un ballon rouge sur les lieux emblématiques de capitales comme Paris, Moscou, ou Londres (à l'instar de la petite héroïne imaginée par Banksy) ; photos, diffusées notamment sur Twitter, de rassemblements et de monuments reflétant des messages de solidarité. Accompagnées de cette promesse des organisations mobilisées pour la Syrie : continuer à plaider la cause des populations frappées par la guerre auprès des gouvernements. Comme le note Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty International-France, les appels issus de la société civile ne restent pas sans écho auprès des institutions internationales : « Au moins certains de nos appels ont été pris en compte, quoique tardivement, par le Conseil de sécurité, dans la résolution 2139 du 22 février 2014. »
Franck Lefebvre-Billiez
Retrouvez les témoignages de Mgr Stenger, président de Pax Christi France, et de Tareq Oubrou, imam de Bordeaux, après leur visite en Jordanie et au Liban en octobre :Témoignages recueillis lors de la conférence de presse organisée au siège du Défap, en octobre :Mgr Stenger : "Les chrétiens syriens sont tués avant tout parce qu'ils sont Syriens" (1:53) Tareq Oubrou :"Ne pas tomber dans le piège" de l'instrumentalisation politique (1:49) Tareq Oubrou :"Faire pression sur les politiques" (1:36) Tareq Oubrou : "Les musulmans d'Europe doivent soutenir les minorités chrétiennes" (0:46) |