Centrafrique : trois jours de deuil national après les tueries de Bangui
Eléments des forces spéciales tchadiennes circulant dans un véhicule de la Misca © Twitter/Peter Bouckaert/HRW
Eléments des forces spéciales tchadiennes circulant dans un véhicule de la Misca © Twitter/Peter Bouckaert/HRW |
A Bangui, le calme reste précaire ; les violences qui ont éclaté en fin de semaine dernière, à deux jours d'intervalle, dans des circonstances à chaque fois confuses, ont poussé les autorités à décréter trois jours de deuil national. Le premier épisode meurtrier a eu lieu le jeudi 27 mars avec l'explosion de grenades dans une concession du quartier Fatima, en pleine veillée mortuaire. Le deuxième a eu lieu samedi, lors de l'arrivée dans le nord de la capitale d'une colonne de soldats tchadiens de la Misca, venus escorter des civils tchadiens désireux de quitter Bangui pour fuir les violences. Les bilans sont incertains (d'une dizaine à plus d'une trentaine de morts, et des dizaines de blessés) ; et les membres tchadiens de la Misca apparaissent désormais plus suspects que jamais aux yeux de la population.
Selon le commandement de la Misca, les troupes tchadiennes ont dû riposter après avoir été attaquées par des anti-balakas à deux reprises. Une version toutefois démentie par la population, qui pointe la responsabilité des soldats tchadiens. Signe de cette défiance, une organisation de la société civile, la Plateforme pour la participation politique de la Femme à la consolidation de la paix en République Centrafricaine (G23), évoquant un « acte d’agression », appelle la Misca à surveiller de près les agissements de ses membres. Le groupe G23 appelle aussi à une plus grande responsabilité la communauté internationale, accusée d'avoir « dépossédé l’Armée nationale (centrafricaine) sous de fallacieux prétextes au moment où une attaque se préparait ».
« Que les institutions internationales prennent leurs responsabilités »
A Paris ce mardi, où elle devait rencontrer le président François Hollande et le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, avant d'assister à Bruxelles à un « mini-sommet » sur la Centrafrique, Catherine Samba-Panza a réagi officiellement à ces tueries. « Nous avons demandé que des enquêtes soient ouvertes pour nous permettre d'identifier exactement ce qui s'est passé et dès que nous aurons ces éléments-là, nous verrons qui ont été les auteurs de ces troubles, et pourquoi », a fait savoir la présidente centrafricaine de transition. Elle a aussi assuré vouloir « ouvrir une écoute en direction des anti-balakas pour savoir ce qu'on peut faire ensemble pour que ce pays qui a tant souffert et est en état de délabrement total puisse être relevé avec le concours de tous les fils et filles de ce pays, y compris les anti-balakas ».
Plus direct, le ministre centrafricain de la Défense, Thomas Théophile Tchimangoua, réclame une enquête internationale. Réagissant sur RFI, il a accusé ce lundi : « Si un pays voisin ou un pays ami veut jeter le discrédit, le désordre, que les institutions internationales prennent leurs responsabilités. Et si ce pays fait partie de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale), il est temps qu’on leur dise que nous ne sommes pas des provocateurs et qu’on ne vienne pas nous provoquer (…) Il faudrait qu’on lève l’équivoque. C’est ce que je demande à la communauté internationale. Ces sont les Nations unies qui pourraient mener cette enquête. »