Centrafrique : Catherine Samba-Panza au « mini-sommet » de Bruxelles
Carte de RCA
Un jeune Centrafricain tué par des tirs de soldats tchadiens © Twitter/Peter Bouckaert, HRW |
Un an presque jour pour jour après la chute de François Bozizé, les violences sont toujours quotidiennes en Centrafrique, en dépit de la présence des troupes africaines de la Misca. Elles comptent aujourd'hui quelque 4000 hommes. Le contingent français de la force Sangaris est lui de 2000 hommes, mais il manque toujours cruellement d'un appui européen, alors que l'UE a désormais davantage les yeux tournés vers l'Ukraine. Et les violences du week-end dernier, qui ont provoqué entre dix et plus de vingt morts selon les sources, montrent assez les difficultés des relations entre la population de Bangui et certains contingents de la Misca (lire : Centrafrique : visite de solidarité à Bangui).
Ces affrontements ne marquent pas seulement la difficulté croissante à partager un même territoire ; ils déchirent aussi les familles (lire : "Centrafrique : des familles déchirées par les violences communautaires"). En dépit des appels à la paix de responsables religieux tant chrétiens que musulmans (lire cette interview du Révérend Nicolas Guerekoyame-Gbangou, Président de l’Alliance des Évangéliques en Centrafrique : « Jamais les Églises n'ont été associées à la formation des anti-balakas »), les dégâts commis ont été tels que beaucoup de civils, principalement musulmans, craignant pour leur vie, réclament désormais de pouvoir quitter leurs villages pour être regroupés ailleurs, hors du pays ou dans des régions moins exposées, alimentant un peu plus les craintes d'une possible division de la Centrafrique. C'est ce que soulignent les récents reportages d'IRIN, service d'information du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations-unies.
Un soutien des Nations-unies toujours hypothétique
C'est dans ce contexte de crise prolongée que la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza a quitté lundi Bangui pour se rendre à Paris. Au cours d'un séjour de 48 heures en France, elle doit s'entretenir avec le président François Hollande. Elle est ensuite attendue à Bruxelles pour participer à un mini-sommet sur la Centrafrique, organisé en marge du sommet Union européenne – Union africaine des 2 et 4 avril.
Outre la présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza, doivent participer à ce mini-sommet François Hollande et divers chefs d'Etat de la région : le Tchad sera représenté par Idriss Déby, le Cameroun par Paul Biya, le Congo par Denis Sassou Nguesso. Mohamed Ould Abdel, chef de l'Etat mauritanien, sera également présent en tant que président de l'Union Africaine ainsi que Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'UA. La rencontre aura lieu en présence de Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, et de représentants européens : Herman Van Rompu et José Manuel Barroso.
La demande de la France d'un soutien européen pour aider à rétablir la situation sécuritaire en Centrafrique sera au cœur des discussions, alors que l'envoi d'un millier d'hommes est toujours bloqué. Le départ de cette force européenne, qui aurait dû intervenir à la mi-mars, butte toujours sur l'impossibilité de trouver une centaine de soldats européens destinés, selon le commandant de l'opération Eufor-RCA, le général français Philippe Pontiès, « à la mise en place d'une structure logistique (...) couvrant des fonctions à la fois de soutien médical, de transport, de manutention et d'aide au déploiement". Quant à un soutien de la part des Nations-unies, il reste hypothétique, même si Ban Ki-moon pousse le Conseil de sécurité à se prononcer rapidement sur le déploiement de 12 000 Casques bleus. Mais la situation sécuritaire n'est qu'un aspect de la crise centrafricaine, alors que le déploiement de forces internationales pour éviter les violences contribue parfois à accroître la coupure de fait du pays en deux, en déplaçant les civils musulmans menacés pour les regrouper dans des régions moins exposées... Et que la désorganisation qui prévaut dans tout le pays, et qui a déjà vidé les marchés de la plupart des denrées de base, menace de se traduire par une chute dramatique des récoltes pour 2014, plongeant le pays dans la disette.