Alessandra Trotta, nouvelle modératrice de la Table vaudoise
Alessandra Trotta, nouvelle modératrice de la Table vaudoise © OPCEMI
Eugenio Bernardini cède la place à Alessandra Trotta. En cette fin de mois d'août 2019, le Synode des Églises méthodistes et vaudoises a renouvelé les dirigeants de ses organes représentatifs : Alessandra Trotta a été choisie comme nouvelle modératrice de la Table vaudoise (la Tavola valdese), qui représente officiellement les deux communautés dans les relations avec l'État italien et les organisations œcuméniques. Pour la première fois, le poste est ainsi occupé par un membre de la composante méthodiste. Ont en outre été élus membres de la table vaudoise : Erika Tomassone (vice-modératrice), Laura Turchi, Italo Pons, Greetje van der Veer, Dorothea Müller et Ignazio Di Lecce. Le pasteur Mirella Manocchio a été confirmé en tant que président de l'Œuvre des Églises évangéliques méthodistes d'Italie et le professeur Fulvio Ferrario en tant que doyen de la Faculté de théologie vaudoise.
Alessandra Trotta, la nouvelle modératrice, âgée de cinquante et un ans, n'est pas une pasteure, mais une laïque. Elle a été diplômée en droit à Palerme ; elle a exercé en tant qu'avocate jusqu'en 2001 ; elle est devenue diacre de l'Église méthodiste en 2003. Elle a dirigé le Centre diaconal «La Noce» de 2002 à 2010. Présidente de l'Œuvre des Églises évangéliques méthodistes d'Italie (OPCEMI) de 2009 à 2016, elle a ensuite exercé le ministère diaconal au service des Églises méthodistes et vaudoises du XIIIe District (Campanie). Membre du Conseil vaudois (la Table vaudoise) depuis 2018, parmi les autres fonctions ecclésiastiques, elle a été surintendante du XVIe District (Sicile), présidente de séance du Synode, membre du Conseil exécutif du Conseil méthodiste européen (CME), responsable du Bureau des affaires juridiques du Comité vaudois et coordinatrice du groupe de travail sur la protection des mineurs.
Une Église à l'engagement reconnu au sein de la société italienne
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Dans sa première intervention publique en tant que nouvelle modératrice de la Table vaudoise, Alessandra Trotta a abordé les principaux thèmes sociaux et théologiques du moment : engagement social, œcuménisme, protection des droits de l'homme, démocratie et justice. Trois mots clés ont structuré son discours : «nous», «renverser» et «unité». «Un nous universel, qui ne s'oppose pas à un vous qui identifie les ennemis dont il faudrait se défendre, et qui n'est pas sectaire, élitiste ou exclusif», a souligné Alessandra Trotta, indiquant que la foi est un moyen de surmonter l'opposition entre les droits individuels et sociaux, entre le bien-être personnel et le bien commun. Le mot «inversion», centre de l'éthique chrétienne, faisait référence à l'inversion du statut, selon la devise choisie par la Commission synodale pour la diaconie (CDD) à l'occasion de sa campagne de sensibilisation: «En premier, le dernier». Le troisième mot, «unité», faisait référence à un ensemble fondé non sur l'autorité d'un seul membre, mais sur une participation égalitaire sans hiérarchie. «L'Église est appelée à vaincre la tendance à la fragmentation, à la division et à l'exclusion, a insisté la modératrice. Nous avons besoin d'une collaboration basée sur la confiance mutuelle, pour marcher ensemble et non chacun de notre côté. L'unité dont nous parlons n'est pas l'uniformité, mais la pluralité et la reconnaissance de l'autre.»
Un discours en phase avec une Église vaudoise engagée sur de multiples thèmes qui divisent la société italienne actuelle, au premier rang desquels l'accueil des migrants. Cet engagement est d'ailleurs aujourd'hui largement reconnu parmi les communautés d'autres dénominations et également parmi les non-croyants. Avec comme conséquence le fait que près de 500 000 contribuables italiens (soit 20 fois plus que les membres de l'Église) décident chaque année d'orienter une partie de leurs impôts (dans le cadre du dispositif typiquement italien connu sous le nom de «8 pour mille») pour qu'ils aillent à l'Église vaudoise. Des ressources que la communauté protestante réinvestit entièrement (pas un seul euro ne va financer le fonctionnement interne de l'Église) dans des projets de solidarité, à vocation sociale et culturelle, sur le territoire italien comme à l'étranger. En 2018, l'Église vaudoise a financé 1 135 projets, pour un budget d'environ 32 millions d'euros.