Accueil des réfugiés : le modèle italien
Banderole déployée pour accueillir les réfugiés arrivant en Italie via les corridors humanitaires © DR |
De Syrie, via Beyrouth, et jusqu'à l'aéroport de Rome : ils étaient une trentaine de réfugiés à débarquer, fin janvier, à l'aéroport de Fiumicino, aussitôt accueillis par une délégation officielle comprenant le Président de la Communauté de Sant'Egidio, Marco Impagliazzo, celui de la Fédération des Églises protestantes d'Italie, Luca Maria Negro, ainsi que par le ministre adjoint des Affaires étrangères, Mario Giro, et des représentants du ministère de l'Intérieur italien. Parmi ces familles ballotées entre le Proche-Orient et l'Europe, beaucoup d'enfants - 13 en tout - brandissant des ballons, des drapeaux, aux cris de "Vive l'Italie!" Ils arrivaient d'Homs, de Damas ou d'Alep, avaient connu successivement la guerre et le dénuement des camps de réfugiés au Liban ; et surtout, nombre de ces enfants avaient besoin de traitements médicaux importants dont ils étaient privés jusqu'à leur arrivée en Europe. Deux d'entre eux devaient d'ailleurs être hospitalisés pratiquement aussitôt après leur descente d'avion.
Ces familles syriennes constituaient le premier groupe du millier de réfugiés qui doivent être accueillis dans le cadre de l'accord sur les «couloirs humanitaires» renouvelé le 7 novembre dernier avec le gouvernement italien, et portant sur la période 2018/19. Un premier accord signé en 2016 a déjà permis à un millier de personnes de parvenir jusqu'en Europe grâce à une route sûre et légalement reconnue, sans se retrouver entre les mains des trafiquants d'êtres humains. Ce programme œcuménique a été créé à l'initiative de la Communauté de Sant’Egidio, dont les juristes spécialistes du droit des étrangers ont su utiliser les textes européens pour imaginer ces «couloirs humanitaires», destinés prioritairement aux réfugiés les plus vulnérables ; il a été mis en place en Italie en association avec la Fédération des Églises évangéliques italiennes et avec l'Église vaudoise, membre de la Cevaa.
Un programme repris en France
Pour aller plus loin : |
Cette action de solidarité en faveur des réfugiés syriens, qui représente un coût annuel d’environ 1 million d’euros, est financée entièrement par ses promoteurs ; parmi eux, l'Église vaudoise est la première pourvoyeuse de fonds. Elle affecte notamment aux «couloirs humanitaires» une partie de ce qu'elle reçoit via le «huit pour mille», cette portion de l’impôt sur le revenu que les Italiens peuvent destiner à la confession de leur choix. C'est ainsi que l’Église vaudoise, qui ne compte que 30.000 fidèles, reçoit les contributions de plus de 600.000 Italiens.
Ces familles syriennes fuyant la guerre sont accueillies par petits groupes et aussitôt réparties entre diverses communautés pour faciliter leur intégration. Un programme qui fonctionne de manière exemplaire, selon ses promoteurs : en ce qui concerne le premier millier de réfugiés déjà présents, le président de Sant'Egidio souligne la qualité de leur accueil dans la société italienne. «Ils sont répartis sur tout le territoire national entre familles, paroisses, associations. Leur intégration se fait bien, notamment pour les enfants qui sont inscrits à l'école et apprennent l'italien».
Ce programme œcuménique a déjà servi de modèle pour d'autres pays d’Europe. Un accord du même type a ainsi été signé en France en mars 2017. La Fédération protestante de France, la Conférence des évêques de France, l’Entraide protestante, le Secours Catholique et la Communauté de Sant'Egidio s'y sont associés. C'est ainsi que pendant qu'arrivaient en Italie, fin janvier, une trentaine de réfugiés syriens, quarante autres en provenance de Beyrouth étaient aussi accueillis en France.