Accompagner les personnes âgées au Togo
Personne âgée au Togo - © A-S Macor pour Cevaa
En 2014, les personnes âgées de plus de 65 ans représentaient 18,5% de la population totale de l'Union Européenne, soit environ 94 millions de personnes. À peu près à la même période, sur le continent africain, elles représentaient environ 3,1 % de la population totale de la zone CIPRES (la Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale), qui s'étend depuis la République Démocratique du Congo, au sud, jusqu'au Tchad au nord-est, et au Sénégal au nord-ouest.
Mais sur le continent africain, comme dans une majorité des régions du monde, l'allongement de l'espérance de vie et l'augmentation du nombre de personnes âgées commencent à modifier la structure de la population. «En 2050, signalait dès le début des années 2000 la Deuxième Assemblée Mondiale sur le Vieillissement, pour la première fois dans l'histoire, il y aura dans le monde plus de personnes de plus de 60 ans que d'enfants.» Face à ces changements, dans de nombreux pays africains, les politiques publiques de prise en charge des personnes âgées révèlent des lacunes criantes et les solidarités traditionnelles sont dépassées. D'ores et déjà, selon l'Association Internationale de la Sécurité Sociale (AISS), il y a environ 40 millions de personnes âgées d'au moins 60 ans (âge de la retraite dans de nombreux pays) sur le continent et seulement 5% des actifs contribuent effectivement à un régime de retraite obligatoire en Afrique subsaharienne.
Remettre les personnes âgées au cœur de la paroisse
C'est la situation que connaît le Togo, où les défis liés à l'âge ne sont majoritairement pas pris en compte : pas de structures spécialisées, peu ou pas de formations en gérontologie, peu de ressources pour la direction des personnes âgées qui fait pourtant, officiellement, partie de l'organigramme du ministère de l'Action Sociale... et des situations souvent très difficiles pour les seniors. En octobre 2017, une étude présentée par ce même ministère, réalisée sur un échantillon représentatif de 332 personnes âgées dans deux régions administratives du Togo, maritime et savane, évoquait dans 81,6% des cas une situation caractérisée par une précarité économique empêchant les personnes concernées de satisfaire leurs besoins vitaux.
Face à ces défis, l'EEPT (l'Église évangélique presbytérienne du Togo) a décidé de lancer son propre programme d'accompagnement des personnes âgées. Avec plusieurs buts : améliorer les ressources des personnes âgées démunies, mais aussi favoriser leur intégration au sein de l'Église. Ce projet RAPA (Relation d'Aide et Accompagnement des Personnes Agées), dépendant de l'aumônerie auprès des personnes âgées de l'EEPT, a reçu le soutien financier de la Cevaa. Lancé depuis une dizaine d'années, il vise à créer une dynamique de partage avec les personnes isolées, sensibiliser la communauté à la problématique liée à l'âge, organiser des rencontres et des fêtes pour remettre les personnes âgées au cœur de la paroisse.
Dans ce cadre, les personnes âgées sont regroupées en associations dans les paroisses, avec un groupe référent pour encadrer les plus faibles et les moins valides ; des séances de suivi médical sont organisées, ainsi que des visites à domicile aux personnes âgées malades et dépendantes. Diverses activités cultuelles et culturelles sont proposées, ainsi que la possibilité pour celles qui peuvent travailler d'améliorer leurs ressources par des petits projets générateurs de revenus (jardinage, artisanat...), afin d'avoir une indépendance financière et d'éviter l'isolement et l'inactivité. Dans un proche avenir, les promoteurs du projet espèrent y associer les jeunes de l'Église, en les sensibilisant et en les formant sur les thématiques du vieillissement afin de favoriser un climat de compréhension entre générations. Et à plus long terme, construire un centre spécifiquement dédié à l'accompagnement des personnes âgées.