12e Assemblée générale de la Conférence des Eglises du Pacifique (PCC)
Gilles Vidal, co-directeur du Centre Maurice-Leenhardt de recherche en Missiologie, membre du comité de rédaction de la revue Perspectives Missionnaires et maître de conférences en histoire du christianisme à l’époque contemporaine à l’Institut protestant de théologie (IPT) s’est rendu sur place pour représenter la Cevaa. Retrouvez son témoignage et le message de la Cevaa délivré lors de ce rassemblement.
La Conférence des Eglises du Pacifique (PCC)
« Equivalent régional du Conseil œcuménique des Eglises, cette instance a été fondée en 1961 à Malua, aux Samoas occidentales et s'est dotée d’une constitution lors de sa 2e assemblée sur l’île de Lifou en Nouvelle-Calédonie en 1966. Cinquante-sept ans plus tard, le Territoire reçoit donc à nouveau cette assemblée désormais composée de 28 Eglises et 11 conseils nationaux d’Eglises protestantes (l’Eglise catholique a depuis 1976 un statut d’observateur). Pour cette 12e édition, 220 délégués provenant de tout le Pacifique, sont arrivés le 16 par charter spécial affrété depuis les îles Fidji, après plusieurs heures de retard du à un cyclone. L’Eglise protestante de Kanaky-Nouvelle-Calédonie (EPKNC), malgré sa taille modeste comparée aux puissantes Eglises méthodistes et congrégationalistes de Fidji, Tonga ou Samoa, a relevé le défi d’organiser cette consultation d’une importance capitale quand on sait le poids social de la religion dans le Pacifique. En effet, même si la sécularisation n’épargne pas les grands centres urbains de la région, la vie religieuse imprègne largement la vie civile et il n’est pas rare dans certaines îles que certaines réunions publiques commencent par une prière. Cette influence explique que l’EPKNC a pu bénéficier du soutien du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de l’Université de Nouvelle-Calédonie qui a mis son vaste campus de Nouville à disposition du congrès. Le thème théologique général proposé par l’EPKNC porte sur la transformation nécessaire de l’être humain, de son cœur, la nécessité d’une recherche toujours plus grande d’authenticité vis-à-vis de Dieu en vue de participer à la transformation du monde. Pour exprimer cette idée, l’EPKNC a eu recours à une expression provenant du ajië, une langue parlée sur la Grande Terre de la Nouvelle-Calédonie : le Do Kamo ou « le vrai homme », celui qui revendique d’être authentiquement humain, concept repris en son temps par le missionnaire et éthnologue Maurice Leenhardt. Pour le président du conseil exécutif de l’EPKNC, le pasteur Var Kaemo, « l’amour du Christ des îles doit habiter le Do Kamo », il est celui qui peut libérer « de tous les déterminismes ». Ainsi cette assemblée est placée sous le signe de la libération dans au moins trois domaines : politique avec la question de l’autodétermination des peuples, en Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, mais aussi des populations aborigènes australiennes ainsi que le conflit en Papouasie occidentale entre l’Indonésie et la Papouasie Nouvelle-Guinée. Deux autres sujets devraient aussi marquer la session : le changement climatique et ses conséquences sur les populations insulaires et la question de l’inclusivité.
(de gauche à droite)
Pasteur James Shri Bhagwan, secrétaire général du PCC, pasteur Billy WETEWEA (traducteur),
pasteur Var KAEMO président de l’EPKNC, pasteur Wakira WAKAINE, ancien président de l’EPKNC – Crédit : Gilles VIDAL
Coordination et partage
L’une des particularités de cette assemblée consiste dans la synergie désirée par les différentes instances qui forment la PCC : les dirigeants des Eglises et conseils d’Eglises, les femmes, les jeunes, les instituts du théologie. Chacune de ses instances a réglé son calendrier pour tenir son assemblée générale au même moment en travaillant sur le même thème. Ainsi, à peine arrivés sur le Territoire, les délégués se sont répartis en quatre pré-assemblées sur trois sites différents : les dirigeants d’Eglise à Lifou aux Iles Loyauté, les groupes de femmes en Grande Terre, à Canala, les jeunes au lycée agricole protestant de Do Neva à Houaïlou et les instituts de théologie à Nouméa. Les résultats de leurs travaux seront ensuite partagés et repris pendant les derniers jours de l’assemblée en séances plénières.
Les délégués officiels des Eglises - Crédit : Gilles VIDAL
Lors de la cérémonie d’ouverture, le 19 novembre, les délégués du Pacifique représentés par le président de la PCC, le pasteur Tevita Havea, originaire de Tonga, ont été accueillis selon la tradition de la coutume kanak par le Sénat coutumier de la Nouvelle-Calédonie, en présence du président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, M. Roch Wamytan. »
Retrouvez ici le message de la Cevaa délivré lors de la 12e Assemblée générale de la PCC
Invités par l’EPKNC, les pasteurs Christian Krieger et Daniel Thévenet de la Fédération protestante de France et le professeur Gilles Vidal de l’Institut protestant de théologie, représentant la Cevaa, ont participé aux travaux de cette Assemblée.