La pertinence des œuvres confessionnelles de santé en Afrique aujourd'hui
Séminaire "Église et santé" au Togo
Dr Mathilde Guidimti, membre de la Coordination Projets et échange de personnes de la Cevaa - DR |
Nées de la volonté des premiers missionnaires comme un appui social à l’évangélisation et un outil de prise en charge de la santé des envoyés, les œuvres confessionnelles de santé s’adressent aux plus démunis et sont représentées dans les zones les plus reculées. Ainsi on note une grande implication des Églises dans leur création : soigner est une exigence évangélique, qui répond au mot d’ordre de Christ. Elles évoluent dans un environnement particulier, avec une charge de morbidité de 24% (pour une définition de la charge de morbidité, voir cet article sur le site de l'Organisation Mondiale de la Santé).
Parler de la pertinence de ces œuvres confessionnelles, c’est évoquer la justesse et la continuité de l’offre de santé.
De manière générale, les partenaires de santé reconnaissent que ces formations sanitaires ont une bonne implantation (de l'ordre de 40%) dans la cartographie sanitaire des États africains. Elles sont des partenaires fiables de l’État car elles participent à la mise en œuvre des politiques sanitaires. Elles sont aussi un appui à la réalisation des objectifs du millénaire (OMD) en ce qui concerne la santé (le point sur ces objectifs du millénaire : voir cet article sur le site de l'Onu).
Points forts et faiblesses
Pour aller plus loin :- Les objectifs du millénaire : voir cet article sur le site de l'Onu - L’initiative de Bamako : voir cet article - Les qualités de l'offre de soins confessionnelle en Afrique subsaharienne : voir cet article sur le site de l'Institut de Recherche pour le Développement |
Leurs points forts se situent au niveau de :
- l’expertise, le savoir être et le savoir-faire de leur personnel
- leur notoriété et leur crédibilité par les prestations de qualité qu’elles offrent
- l’accompagnement (présence des aumôniers)
Les Églises par leur témoignage chrétien à travers leurs œuvres médicales montrent un visage d’amour, de compassion et de solidarité.
Mais cela ne va pas sans difficultés. Ces dernières sont de trois ordres :
- ressources humaines : personnel peu qualifié avec un salaire peu attractif donc peu stable, pas de profil de carrière, pas de formation continue ni de programme d’investissement
- matériel : faiblesse du plateau technique
- gestion : pas toujours fiable, on note des déficits dus au non recouvrement des coûts, à l’intrusion des responsables, à quoi il faut ajouter l’absence de subventions
Ces œuvres font face à un défi : celui de la pérennité et de la continuité d’une offre de soins de qualité, avec la diversité des paquets de soins, un plateau technique adéquat où la médecine évolue rapidement.
Quelques pistes...
Les Églises doivent donc travailler à sensibiliser leurs communautés pour qu’elles puissent soutenir et accompagner leurs œuvres médicales. Leur efficacité et leur notoriété seront renforcées si elles sont encouragées dans une démarche de qualité.
Pour minimiser leurs faiblesses, les œuvres médicales confessionnelles doivent par ailleurs s’organiser en réseau dans la recherche de la complémentarité, les échanges de compétences, la formation continue ; elles doivent s’engager dans un partenariat avec l’État et les divers partenaires de santé.
Les œuvres médicales confessionnelles s’impliquent largement dans la recherche de santé de leur population. Elles sont devenues, par leur témoignage chrétien, des partenaires privilégiés de santé publique. Leur raison d’être demeure ; elle est même renforcée car l’Église est un agent de développement économique. La contribution de l’Église en matière de santé est une contribution communautaire vivement encouragée par l’initiative de Bamako (1) - pour plus d'informations sur l'historique de cette réforme, voir cet article. Leur organisation en une entité fonctionnelle performante et autonome procurera une grande visibilité aux Églises dans leur mission.
Dr Mathilde Guidimti
(1) La réforme de la gestion des systèmes de santé connue sous le nom d'initiative de Bamako est née en 1987, lors du 37e comité régional de l'OMS. Pour répondre à des situations économiques difficiles, mettant en péril les systèmes de santé de leurs pays, les ministres de la Santé africains réunis à Bamako, au Mali, ont adopté un certain nombre de principes censés répondre aux défis d'une situation de pénurie. Cette réforme prévoit ainsi un certain niveau de recouvrement des coûts (fixation de tarifs des prestations) et une participation communautaire, avec la création de comités de gestion. Elle s'est traduite dans divers pays par la mise en place d'un certain nombre d'activités de soins (paquet minimum de soins) visant notamment à l'amélioration des soins de la mère et de l'enfant et le contrôle des endémies.