Espoir Adadzi : apporter mon dynamisme au témoignage des Églises de Suisse
Le pasteur Espoir Adadzi (DR) |
Qu'est ce qui vous a poussé à partir comme envoyé de la Cevaa ?
Espoir Adadzi : J'ai toujours aimé la vision de partage et de témoignage portée par la Cevaa. Si j'ai l'opportunité de partager avec d'autres Églises ce que le Seigneur a mis en moi comme capacités, je n'ai pas à hésiter.
Mes premiers contacts avec la Cevaa datent de 2002. J'en ai été boursier, lors de mes études de théologie à l'Université Protestante d'Afrique de l'Ouest (UPAO), de 2005 à 2009 ; et c'est au cours de cette période que j'ai été repéré pour devenir théologien au service de la CETA (Communauté des Églises de toute l'Afrique). Au cours de mes voyages, j'ai de nouveau eu souvent l'occasion de rencontrer des membres de la Cevaa ; et lorsque je suis devenu responsable Jeunesse au sein de mon Église, l'EEPT, j'ai encore été amené à travailler avec la Cevaa.
J'ai exercé en tant que catéchiste à l'EEPT pendant plus de 15 ans. J'ai séjourné aussi pendant quatre ans au Bénin. Avant de partir comme envoyé de la Cevaa, j'avais en fait déjà tout un "background" spirituel et théologique qui m'y préparait, une expérience d'ouverture à d'autres Églises, et notamment dans le domaine de la jeunesse.
Quelle va être votre mission auprès des Églises de Suisse ?
Je suis envoyé principalement auprès de l'Église Protestante de Genève, et, via DM-échange et mission, je suis amené à travailler aussi auprès de toutes les Églises de Suisse romande. Je suis arrivé le 6 décembre 2017, où j'ai été chaleureusement accueilli par une délégation qui a pris en charge tous mes besoins immédiats, et a installé à mon intention un comité de pilotage dont le responsable, pasteur retraité, joue un peu pour moi un rôle de coaching. Je me sens très entouré par ce groupe qui m'aide à m'acclimater, prendre mes marques, qui m'explique la vie à Genève et me conduit auprès des diverses communautés.
Pour aller plus loin : |
Quelles sont ces communautés ?
Ils s'agit de communautés issues de l'immigration. Elles sont très nombreuses et diverses : entre ceux qui viennent d'Amérique latine, d'Inde, etc... , il y a plus de 90 communautés différentes. Je vais être amené à aller à leur rencontre pour voir comment nouer des liens entre elles en respectant leur diversité et leurs spécificités. Un autre aspect de ma mission consistera à élaborer des stratégies à destination de la jeunesse. J'aurai également à faire un travail d'accompagnement spirituel en maison de retraite.
Plus largement, je vais être amené à partager mon expérience de pasteur d'une Église du Sud auprès de mes collègues du Nord, à donner mon point de vue pour améliorer les stratégies. Je dois être, en quelque sorte, un agent de conception : projeter des hypothèses à partir de mon expérience de pasteur de l'EEPT, et tenter de voir ce qui peut être utile pour insuffler un nouveau dynamisme dans la vie d'une Église de Suisse. Je conçois mon action auprès des Églises de Suisse comme une réponse aux bienfaits de la mission.
Une réponse du Sud au Nord ?
Oui, il fut un temps où des envoyés venus des Églises du Nord bravaient de nombreux risques pour porter la mission dans le Sud : ils savaient, littéralement, qu'ils devaient partir avec leur cercueil au vu des dangers, des maladies qui les guettaient en route, et ils acceptaient néanmoins de le faire. Aujourd'hui que nos Églises du Sud sont bien vivantes, nous nous sentons redevables vis-à-vis de ceux qui nous ont nourris. Il y a dans nos Églises beaucoup de créativité, une vitalité des mouvements de jeunesse, dont il est possible de s'inspirer pour enrichir la vie d'Églises dans le Nord.
J'ai participé, par exemple, à deux journée de réflexions théologiques en petit groupe où mes interventions ont retenu l'attention de mes collègues pasteurs de Suisse. Il m'a été demandé de travailler à l'élaboration de programmes théologiques. Je leur ai aussi parlé de la prise en charge des enfants au sein de mon Église, l'EEPT. Nous avons eu l'occasion d'aborder des thèmes qui peuvent être plus polémiques, comme les questions de genre. Et j'ai eu l'occasion de comprendre à quel point, d'un pays à l'autre, la différence de contexte sur le plan administratif, ou les questions liées à la laïcité, peuvent impacter le témoignage d'une Église.
Propos recueillis par Franck Lefebvre-Billiez,
17 janvier 2018